TEMOIGNAGE DE VIE DE DENIS – JOUR DE LA PENTECÔTE

En fin de messe de la solennité de la Pentecôte, Denis  Tummino nous a partagé son parcours de vie et son retour à Dieu et à l’Eglise après de nombreuses années d’éloignement .

—————————————

En cette journée de Pentecôte, c’est avec une grande humilité que je me présente devant Dieu et devant vous, avec l’espoir de recevoir l’Esprit Saint ainsi que le pardon pour m’être détourné pendant un temps de l’Amour de Dieu.
J’ai été baptisé quelques mois après ma naissance, il y a environ 70 ans.
Je suis allé au catéchisme, fais mes communions privée, solennelle et confirmation. Je me suis mariée à l’église, notre fille est baptisée, notre petite fille, également.
J’ai suivi le chemin de l’église jusqu’à ce que je me détourne de la religion en ne pratiquant plus durant de nombreuses années. Il m’arrivait au cours de voyages, d’entrer dans des lieux de cultes ou je faisais une prière mais sans plus.
Je n’ai pas connu mon père, il est difficile pour moi de dire papa car ce dernier est décédé alors que je n’avais que deux ans.
En 1995, J’ai été victime d’un accident et suis resté dans le coma durant deux semaines. Au cours de ce coma, j’ai connu ce que les scientifiques nomment une expérience de mort imminente. Durant ce voyage intemporel, j’ai rencontré mon père qui m’a clairement dit que mon heure n’était pas arrivée
et que je devais encore parcourir un chemin sur terre. D’une façon bienveillante, il m’a reconduit à cette frontière séparant le monde réel du monde intemporel.
Après réflexion de plusieurs mois, je ne savais pas de quel chemin mon papa m’avait parlé.
J’ai opté pour entrer dans une association philosophique  servant au bien de l’humanité. C’est tout du moins comme cela que cette association se qualifie et se dénomme.
Cette association est présente dans tous les pays du monde, elle est universelle. Cette association possède ses lois, ses règles de conduite, se dit discrète mais non secrète et pas tout le monde peut y adhérer ou plus exactement y entrer.
On entre dans cette association après avoir subi, ce que j’appelle aujourd’hui des examens de passage. Cette association a pour nom : la Franc-maçonnerie.
Après avoir subi ces fameux examens de passage, la personne qui est jugée digne d’y entrer, cette personne dénommée profane, est initiée afin d’accéder au premier degré. Il y a trente trois degrés.

Au début, dans cette association, des titres sont donnés selon les degrés, en commençant humblement par : Apprenti, Compagnon et Maitre Lors de la cérémonie d’initiation, le maitre des lieux, appelé vénérable maitre, sacralise le lieu appelé temple et donne la lumière au profane en le sacrant
apprenti franc-maçon. Premier degré de cet ordre.
Mais qui est-il ce vénérable maitre, cet humain, pour sacraliser un lieu, pour donner la lumière et pour consacrer une personne ? La lumière ne nous a-t-elle pas été donnée le jour de notre baptême ?
Faisant croire à une certaine bienveillance, la franc-maçonnerie demande aux nouveaux initiés, lors de l’initiation, de prêter serment sur l’ouvrage de leur choix : bible, torah, coran etc. Afin d’éviter tout malentendu, il est demandé de
croire à une divinité dénommée d’un commun accord : Le grand architecte de l’univers.
En tant que franc-maçon, j’étais de plus en plus convaincu que nous devenions les meilleurs, les maitres du monde, les élus.
Cela m’a conduit à une démesure de l’égo. On se flatte mutuellement et notre ego enfle. On a l’impression que rien ne peut nous arriver, que l’on détient la vérité. Mais de quelle vérité parle-t-on ? Je suis entré en franc-maçonnerie le 17 janvier 1997 et en suis sorti en 2022.
J’ai occupé pratiquement tous les postes.
On apprend, sans aucune vérification, sans se poser de question, que l’on détient, soit disant, le secret des bâtisseurs des cathédrales. On nous dit que la Franc-Maçonnerie est à l’origine de la construction du temple de Salomon et que l’Arche d’Alliance est gardée dans un lieu sacré et secret que seuls les grands initiés en connaissent l’emplacement.
Puis, après quelques années passées dans cet ordre, dans cette association et dans les degrés subalternes, (apprenti, compagnon, maitre) seul un petit nombre, l’élite de l’élite, des élus parmi les élus entrent dans ce que la Franc-maçonnerie appelle : les hauts grades.
Là, les nouveaux titres se veulent de plus en plus élogieux, comme par exemple parmi la trentaine de titres, je nommerai :
Maitre secret, Grand élu, Prince de Jérusalem, Grand pontife, Grand inquisiteur commandeur ou encore Grand inspecteur général.
Au fur et à mesure de mon ascension dans cet ordre, au fur et à mesure des franchissements de degrés, au fur et à mesure de mon ascension dans les hauts grades, je me suis rendu compte que j’étais dirigé, que j’étais instrumentalisé mais que cette direction, cette instrumentalisation était de l’auto-
instrumentalisation.
Encore et toujours la flatterie, l’égo démesuré.
Au fur et à mesure des années et des franchissements de grades, on a l’impression de gravir une pyramide où, à chaque marche, il y a de moins en moins d’élus.
Une sorte d’écrémage ou comme écrivait Rabelais, on ne  retient que la substantifique moelle pour finir au sommet, seul et unique.
Peu à peu, alors que j’avais atteint un de ces titres dans les hauts grades, je me suis mis à douter du chemin pris en 1997.
Je me suis rendu compte que je ne vivais plus que pour la FM.
Que ma famille, mes connaissances s’éloignaient de moi. Mais est-ce elles qui s’éloignaient de moi ou moi qui m’éloignait d’elles ? J’étais entré dans un monde factice, un monde de mascarade dont mes parents, mes proches, mes amis étaient exclus.
Je me suis interrogé et j’ai pris conscience que mon égo avait pris une démesure innommable. Cette démesure m’a conduit dans les péchés que quelques personnes ici présentes en cette église et mon confesseur, le père Thierry Galant, connaissent.
Je me suis rendu compte que, plus je montais les marches de cette pyramide, plus je me prenais pour Dieu. La flatterie de l’égo poussait à son paroxysme.
J’avais perdu ma personnalité.
J’ai pris conscience que je ne servais pas Dieu mais Lucifer. Cet ange porteur de lumière. Cet ange déchu pour s’être rebellé contre Dieu. Peu à peu l’ange déchu a glissé vers Satan.
Je servais donc le diable.
Au bout de 25 ans d’errance, je me suis rendu compte que j’avais fait fausse route. Je n’avais pas fait le bon choix. Je ne suivais pas le bon chemin pour servir le bien mais le mauvais chemin pour servir le mal, pour servir l’esprit malin. Pour servir le diable.
Poussé par une force inconnue, je suis alors entré dans une église et je me suis mis à prier, j’ai appelé mon papa à l’aide. J’espérai que ce dernier réapparaisse comme dans mon coma et me donne la solution. Mais rien de cela n’est arrivé.
Seules des larmes se sont mises à couler sur mes joues.

Mes prières ont été entendues et m’ont conduit à la rencontre du père Thierry Galant. J’ai trouvé en ce prêtre une oreille attentive, un homme sans jugement, un homme d’écoute.
Il m’a conseillé de rencontrer Monseigneur l’Evêque, ce que je fis. Là encore, une oreille attentive à ma quête. Là encore, la bienveillance.
Je regrette profondément ces vingt cinq années d’errance, de mensonges, de parjure. J’ai abandonné Dieu durant ces années mais lui ne m’a jamais abandonné.
Alors que j’étais perdu, alors que je me trouvais hors du chemin, il a entendu mes prières, il m’a tendu la main et m’a reconduit au sein du troupeau.
Cette reconduite ne s’est pas faite sans difficulté. Le chemin était semé d’embuches, d’épreuves plus éprouvantes les unes que les autres. Le malin, Satan, ne voulait pas laisser partir le serviteur que j’étais devenu, son serviteur.
J’ai souffert de maux physiques divers et variés, visibles par radio, scanner et autres procédés que la science médicale n’a pu expliquer et encore moins apaiser.
J’ai prié la Vierge Marie, je l’ai appelé à l’aide. Les maux physiques disparaissaient sans laisser de trace mais d’autres faisaient leur apparition. Peu à peu, le combat engagé contre le diable est devenu moins éprouvant. Mais ce dernier ne lâche pas prise facilement. Ce combat est de moins en moins violent
aujourd’hui, mais il n’est pas terminé.
J’ai compris que l’appartenance à la franc-maçonnerie est incompatible avec la foi chrétienne. On ne peut servir Dieu et Satan à la fois. On ne peut faire l’apologie de l’un sans détruire l’autre.
J’ai retrouvé la foi. J’ai retrouvé le chemin de l’église. J’ai retrouvé ma famille.
J’ai retrouvé mes proches mais mon chemin de pardon n’est pas terminé. Sera- t-il terminé un jour ? Seul Dieu me le fera savoir.

Mon épouse, Odile, ici présente, ne m’a jamais lâché la main. Odile est là, à mes côtés depuis une cinquantaine d’années. Elle n’a jamais faibli. C’est un roc qu’aucune tempête n’a pu ébranler. L’amour qu’elle me porte m’a permis de
retrouver le droit chemin, le chemin de la lumière, de la vraie lumière.
Nous parcourons de nouveau, Odile et moi, ce chemin d’amour main dans la main.

 

HOMELIE DE LA PENTECÔTE

  • Messe avec premières communions de Marine, Léa, Mathias –
  • baptême de Méline
  • Profession de foi de Florine

—————–

Je pense que tout le monde ici a déjà joué au ping-pong…
Et si vous n’avez pas joué déjà au ping pong je vais vous expliquer.

Parce que aujourd’hui, fête de la Pentecôte, c’est le jour de l’invention du ping-pong divin.

Dieu a dit :  » qu’est ce qu’il me faut pour un nouveau jeu ?
Allez…. une table –  une balle –  deux raquettes –  et deux joueurs.
Je n’aime pas les choses compliquées. »

Ainsi a été créé le ping-pong surnaturel.
Assez jeune, je m’y suis essayé, et voici ce que j’ai découvert…

La table, c’est notre vie… disons, l’histoire de notre vie.
La balle ? elle ne pèse rien.
On la voit à peine.
Et c’est elle qui fait tout.
Elle fait les allers-retours, sans se fatiguer.
Elle touche près du bord de la table, elle rebondit en plein centre, elle part en l’air et file à la vitesse de l’éclair.
Vous avez deviné…
La balle, c’est la grâce de Dieu qui ne cesse de rebondir sur tous les événements de notre vie.
Et je vous dis… Depuis que je le connais, hé bien… Dieu ne s’est jamais essoufflé…! C’est un pro…
Je suis sûr même qu’il arrivera à battre les chinois qui sont vainqueurs du monde depuis 20 ans  !
En tout cas, la balle, c’est elle qui fait le plus de chemin. et pourtant elle ne pèse rien.
Le but ce n’est pas de l’attraper, mais de la renvoyer.
C’est ça une relation d’amour…
Quelqu’un nous appelle, nous attire – Dieu nous appelle – et on renvoie cet appel par une réponse.
Jamais on doit laisser tomber l’appel.
C’est le jeu de notre vie.
Il surprend souvent, l’appel de Dieu.
Il touche l’histoire de notre vie, la table… selon des angles multiples, à des vitesses toujours différentes.
La grâce peut-être liftée, venir d’un coup franc, d’un smash, ou amortie, coupée, etc…
Mais il faut lui répondre.
En moins d’une seconde.
Pas le temps de réfléchir.
Comme on peut. D’instinct.
Nous serions mauvais joueur si nous ne répondions pas à un appel d’amour.
Dieu appelle,
Qu’est ce qu’il dit ?
« je t’aime » ;  » tu fais ma joie… « .
 » Je veux ton bonheur  »
 » Regarde ma lumière, accueille-la dans ton coeur ».
Dieu a mille façons de nous dire « je te chéris ».
Et nous, on doit lui renvoyer son appel.
Par un désir, par une prière.
Et ça lui montre que l’on veut jouer avec lui.
Qu’on veut jouer le jeu de l’amour avec lui.
C’est ça la Révolution par le ping-pong.
Alors, évidemment, on ne doit pas renvoyer notre réponse n’importe comment.
Il y a un minimum.
On renvoie la balle sur la table…

Et les raquettes ?
Les raquettes se sont nos vertus, nos dons, c’est évident…
C’est toujours à peu près pareil : vertu de patience, de force, d’intelligence, vertu de compassion, d’humilité, de tempérance, de pureté, de prudence…
À chaque fois que l’on répond à Dieu, c’est par un petit coup de vertu qui peut aller chercher la balle très bas, ou la frapper avec force.
Et plus elle est précise, plus elle s’appelle ‘charité’!

Et puis… il y a les joueurs.
Et voilà la fête presque complète…
Parce que le joueur principal, ne croyez pas que ce soit vous ou moi.
Nous, nous sommes la table, la raquette,
La balle, c’est la grâce de Dieu.
Mais les joueurs, en fait, le joueur principal…. c’est le Saint-Esprit.
On entre dans le jeu du Saint-Esprit.
Le Saint-Esprit c’est l’intuition qui mène tout.
Quand vous jouez au ping-pong, vous ne mesurez pas à quelle vitesse file la balle.
200km heure.
Vous estimez instinctivement.
Et ce qui se fait par instinct, ça vient du Saint-Esprit, surtout quand il s’agit de renvoyer un appel amoureux.
Dieu lance son appel, et au plus profond de notre âme, le Saint-Esprit l’accueille et l’illumine.
Il l’illumine par un réflexe.
C’est pour ça qu’il est si difficile d’attraper le Saint-Esprit.
Parce que sa spécialité c’est de nous donner des réflexes.
Des réflexes d’amour.
Le Saint-Esprit nous place à la bonne distance de notre vie, de la table de ping-pong,
Il est la présence de Dieu qui harmonise nos mouvements, qui fait battre notre coeur, nous fait fléchir le genou, rebondir sur nos pieds, et anticiper le retour de la balle.
C’est lui, ce feu divin, intérieur, qui fait monter en nous le désir d’union avec le cœur de Dieu et qui pose sur nos lèvres les mots de la prière.
C’est la flamme qui oriente notre âme vers le Ciel.
Le Saint Esprit, c’est le sourire de Dieu qui rend le jeu aimable et joyeux.

J’ai oublié une chose.
C’est le filet.
Le filet, c’est l’obstacle à franchir.
C’est le petit démon qui veut attraper la balle pour la stopper dans son élan..
Même quand la relation avec Dieu semble facile, et peut-être même surtout à ce moment-là, on ne se méfie pas toujours du filet qui veut arrêter la balle.
Il reste comme aux aguets pour nous faire perdre le point, au milieu de la table.

Mais alors, qu’est-ce que dit la balle à chaque fois qu’elle vient sur ma raquette :
Que dit la grâce de Dieu à chaque fois qu’il l’envoie, c’est-à-dire en fait à chaque instant de mes journées, tout au long de ma vie.
Dieu me dit :
‘Tu comptes pour moi…’
Il dit aussi :
 » écoute mon fils, ma fille, tends l’oreille de ton cœur;
Réagis .
Il suffit de découvrir ma tendresse, ma tendresse divine.
Évidemment, au début, la voie du salut est toujours découverte avec maladresse, avec des hésitations, parfois des doutes…
Mais qu’importe ! Plus on avance dans la foi, plus le cœur se dilate, les réflexes deviennent plus justes et c’est avec une douceur d’amour qu’on court dans la voie des commandements de Dieu ». (RB Prol 48-49) …

Et plus on entre dans l’intimité de Dieu, plus il y a des réponses précises et simples.
Ce sont les dons du Saint-Esprit.
Réflexes de sagesse, d’intelligence, de science, des réflexes de piété, de crainte et de force, de conseil…

Et ces réflexes ont toujours la même direction.
Ils ont la direction de Jésus-Christ.
Le Saint-Esprit nous murmure, toujours et toujours…
 » Regarde Jésus-Christ. »
 » Écoute Jésus-Christ. »
 » Recherche une union d’amour avec Jésus-Christ. »
 » Où est-ce que tu vas trouver Jésus-Christ ? »
Le Saint-Esprit pose la question et y répond…
 » Tu le trouveras dans l’Église.
Tu le trouveras – et ça tu peux en être certain – dans la communion.
Et tu le trouveras dans tous les autres sacrements. »
Jésus-Christ est venu pour habiter notre cœur, pour guérir nos blessures profondes.
Il est venu nous montrer le chemin, la vérité et la vie.
Et le Saint-Esprit, il adore répéter cela.
Il adore nous dire que Jésus-Christ est adorable.
Il est adorable et il est abordable.

Marine, Léa, Mathias, Florine, même si la balle de jeu tombe quelquefois, dites-vous bien que si le Saint-Esprit met dans votre cœur le nom de Jésus-Christ, s’il met sur vos lèvres quelques mots de la prière, et surtout à chaque fois que vous viendrez recevoir le Corps de Jésus-Christ notre Sauveur, pendant la messe, dites-vous bien que vous aurez gagné votre partie de ping-pong.
Et que la grâce, toute légère, est en train de faire danser votre cœur au rythme du cœur de Dieu.

Si un jour, vous ne savez plus dans quel monde vous vous trouvez…
Si vous ne comprenez pas pourquoi les événements se développent si de travers (ça peut venir de quantité de causes, autour de vous ou même en vous) vous pourrez bien chercher des solutions, mais votre génie intime peut vous souffler un chemin de solution qui sera le vrai chemin :
Le Saint Esprit comme vraie solution.
Et c’est l’amitié avec Jéswus, reçu sous la forme d’un petit morceau de pain et de quelques gouttes de vin, – c’est rien, c’est le poids d’une balle de ping-pong… ! –
Et bien cette amitié réjouira votre cœur dans une lumière de vérité, de pureté, de grandeur aussi.
C’est cette lumière qui réjouit le nôtre ce matin.

Mais…. je ne me suis pas adresser à Méline…!
Pourquoi ? vous le devinez..
Parce que de sa hauteur, Méline ne voit que le dessous de la table de ping-pong.
Elle est encore trop petite, la petite dernière.
Hé bien, Dieu n’oublie personne.
Et il a un jeu qui est adapté pour les tout-petits.
Il n’y a pas de raquette mais il y a une petite balle.
Et la petite balle, pour Méline, c’est un grand sacrement.
La trajectoire de cette petite balle c’est un sentier, un tout petit sentier qui va toucher le cœur de Méline de la lumière de Dieu.
Dieu va murmurer à Méline aujourd’hui :
 » toi aussi tu comptes pour moi.
Et je veux venir demeurer dans ton cœur. »
C’est étonnant, parce que nous, quand on veut faire passer un message on le crie très fort, et puis ensuite l’écho va le porter très loin.
Dieu ne fait pas comme cela.
Dieu murmure, presque incognito, aux tout petits :
 » Aujourd’hui, je vais te faire visiter, Méline, le Royaume des cieux. »
Il le murmure et puis, ensuite, il le répètera tous les jours de la vie de Méline.
Jusqu’à ce qu’elle puisse jouer avec le Saint-Esprit son match de ping-pong…

7° DIMANCHE – B – 2024

Monde et laïcité

Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique… »
 » la lumière est venue dans le monde » [Jn 3,19] et les ténèbres ne l’ont pas reconnue…
 » je ne suis pas venu pour juger le monde mais pour le sauver »
 » Père saint… le monde les a pris en haine parce qu’il n’appartiennent pas au monde »
 » tu m’as envoyé dans le monde.. les ai envoyés dans le monde »
 » je ne te prie pas pour le monde »…
Dans l’évangile selon saint Jean nous pourrions rebondir ainsi 78 fois sur le mot  » monde  »
Le monde qui est aimé
Le monde créé
Le monde sous le pouvoir du Mauvais, (du Prince de ce monde). Le monde haineux
Le monde terrain de mission.
Et Saint Jean est génial.
Parce qu’il reste réfractaire aux analyses de texte.
Les savants, vont essayer de décortiquer son Évangile en cherchant le sens des mots.
Mais ils n’arrivent à rien de concluant.
Et le mot ‘monde’ leur résiste tellement il a de nuances.
L’Évangile, tout particulièrement l’Évangile selon saint Jean, il faut le vivre pour le pénétrer.
Saint Jean est génial.
Parce qu’il a compris, par grâce, 2000 ans avant l’heure, la dégénérescence de notre esprit humain.
La dégénérescence de la philosophie politique.
Il y a un mot très à la mode depuis 100 ans, en politique.
C’est le mot  » laïque »
Et ben… tout simplement le mot ‘laïque’ correspond au mot ‘monde’ de l’Évangile selon saint Jean.
Attention ! le mot ‘laïque’ dans son sens actuel.
Parce que au départ le mot laïque était beaucoup plus noble et plus défini.
Il était clair.
Au commencement, le mot laïque donnait une distinction dans un monde religieux. Le monde était religieux.
Dans un monde religieux il y a des actes qui ne sont pas proprement religieux.

Être laboureur, crémière, garde champêtre ou postier, élever ses enfants, jouer au rugby ou étudier la position des astres…
Participer à la politique de son village ou de sa nation n’est pas proprement religieux.
Et donc, toutes ces activités étaient attribuées à des laïcs.
Ceux qui rendent à César ce qui est à César….
Ces hommes et ces femmes n’en étaient pas moins de grande vie intérieure et attachés au Christ.
Et puis d’autres, religieux, religieuses, se dégageaient dans la mesure du possible des affaires du monde, des affaires laïques pour ne se consacrer qu’à la recherche de la vie avec Dieu.
Tous rendaient à Dieu ce qui est à Dieu.
Cela c’était le premier et vrai sens, le sens strict, du mot laïque.
Et maintenant la politique s’est réappropriée le mot ‘laïque’ pour qu’il devienne synonyme de ‘opposé à religieux’.
Espace neutre, mais d’une neutralité vindicative, qui devient combattante. Combattante contre…
Et bien c’est exactement le sens du mot « monde » tel que Jésus l’a utilisé, et tel que Saint Jean l’a fort bien repris dans son Évangile.
« Je suis la Lumière du monde », dit Jésus.
« Je suis la lumière de la laïcité », aurait pu dire Jésus…
Le paradoxe, c’est que le monde et la laïcité sombrent dans l’incohérence si l’un et l’autre n’accueillent pas la lumière du Christ.
Et lorsqu’ils pataugent dans l’incohérence, inévitablement ils deviennent haineux vis-à-vis de tout ce qui ne leur appartient pas.
Le monde et la laïcité veulent se préserver une neutralité qui n’est légitime que dans un régime religieux de foi.
Et pas de n’importe quelle foi, mais de la foi en Jésus-Christ, Sauveur du monde et Sauveur de la laïcité.
Il est nécessaire d’avoir une hiérarchie des vérités.
Personne ne veut condamner la laïcité, mais elle doit être sauvée par la grâce du Dieu incarné, du Verbe fait chair, et donc par l’Église catholique.
Le monde en soi, la laïcité en soi, ne sont ni mauvais ni bons, s’ils acceptent la lumière du Christ.
S’ils ne l’acceptent pas, ils tombent, par le fait même, dans l’obscurité, dans l’obscurantisme, marionnette du démon.
Le Christ n’appartient pas au monde tout comme l’Eglise n’appartient pas au monde, mais il met en évidence par sa vérité tout comme l’église met en évidence par sa vérité, la bonté ou la malice de ce monde.

 » je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine  »
Mais, bien sûr ! puisque le monde, qui veut garder mordicus sa neutralité, ne veut pas entendre la Parole de vie.
Ne voulant reconnaître qu’il ne se suffit pas, il devient méchant.
Il devient persécuteur.
Il n’aime pas la joie de la cohérence, de l’Esprit de vie, de l’esprit de paix, et à plus forte raison de l’Esprit Saint.
Pour garder sa neutralité, il prend une position d’opposition, d’idéologie, qui est justement contraire à sa neutralité.
Contradiction dans les termes.
On ne s’en sort pas.
Le monde, la laïcité, n’ont de sens que s’ils accueillent dans leur cœur l’énergie créatrice du Christ et la parole de vérité de l’Église… catholique.
Par conséquent, on ne peut parler de laïcité que dans une société chrétienne qui garantit la vérité de la laïcité.
Prenons une image.
Si vous avez un chien, et que vous ne clôturez pas votre terrain, le chien s’enfuira et vous ne le retrouverez plus.
Si vous clôturez votre terrain, un beau terrain de 1 ha, ( et la clôture ce sont les vérités de l’Église, la lumière du Christ ), le chien sera tout heureux de courir et de japper et de renifler le tronc des arbres chaque matin.
Mais si vous enlevez la clôture des vérités de l’Église, et de la présence du Christ, si vous ne voulez pas perdre votre chien, vous êtes obligé de l’attacher à sa niche. Et là il deviendra méchant.
C’est ce qui arrive dans notre monde actuel, qui devient méchant.
Alors l’esprit du monde, ce fameux esprit du monde qui conduit à notre perte, on le comprend mieux maintenant…
C’est l’esprit qui ne demeure pas dans le Christ.
« Demeurez dans mon amour »
La seule façon de se libérer de cet esprit du monde c’est de demeurer dans l’amour, et de proclamer que Jésus est Seigneur, du profond de notre cœur. Alors, Dieu demeure en nous et féconde le monde, féconde notre esprit qui est dans le monde..
Tout se tient…
Quand nous prions, que nous accueillons la grâce de Dieu, l’esprit du monde, à ce moment-là, revit de l’Esprit de Dieu, l’Église resplendit de l’Esprit du Christ, et nous sommes en communion les uns avec les autres.
Le monde retrouve sa cohérence, son sens, et sa joie.
Il retrouve ses solutions.

ASCENSION 2024

Le jeu de Dieu ( le plan divin )
En fait le grand problème dans une relation, c’est de se mettre sur la même longueur d’onde.
Et c’est le problème de notre grand Dieu vis-à-vis des hommes.
Il nous a fait à son image, mais nous ne nous mettons pas sur la bonne longueur d’onde.
Et donc on ne capte pas.
En tout cas c’est pas très net.
On a un tuner hyper sophistiqué et on ne sait pas régler les boutons…
Alors qu’est-ce qui se passe ?
Et bien, Dieu essaie par tous les moyens, – ou plutôt non, pas par tous les moyens, mais par un chemin très simple et très précis – de rejoindre l’homme. En fait, Dieu n’a qu’un souci, c’est de rejoindre l’homme pour que l’homme le rejoigne.
Tout le reste, pour Dieu, coule de source, c’est limpide, c’est tout simple, ça baigne, dans la lumière…
Mais la seule chose qui coince c’est l’homme.
C’est de brancher ce pauvre être qui lui embête la vie, à son bonheur..
‘ qui lui embête la vie’ façon de parler…
Parce que Dieu, génial et tout-puissant, s’amuse, par sagesse, à mener son jeu jusqu’à la victoire qu’il a assurée …
Il aimerait bien laisser l’homme gagner, pour notre joie et pour sa joie à lui.
Il nous donne toutes les cartes, il nous explique les règles du jeu, et nous, comme les petits enfants nous jetons les cartes dans tous les sens après les avoir barbouillées avec des crayons de couleur qui n’ont rien à voir avec le jeu.!
Bon alors, je vais essayer de vous réexpliquer la règle du jeu, mais ça ne sert à rien si on ne joue pas le jeu…
Petit un :
Dieu infini, pure perfection.
Amour, feu, vérité totale parce que source de vérité et d’amour. Plénitude.
Petit deux :
Il crée l’homme.
Capable de participer à cette plénitude.
Le cœur de l’homme, son âme, formés à la forme de la joie d’amour de Dieu. Avec un corps, qui, lui, participe à la joie de l’âme.

C’était improbable, mais Dieu l’a fait.
Petit trois :
C’était trop simple pour l’homme… trop beau. Trop top, comme dirait les jeunes…
Alors l’homme a inversé les choses.
L’homme a tout déformé.
Il s’est déformé…
La forme c’était d’être tendu vers son bonheur, vers l’union à Dieu.
L’homme s’est refermé, non plus tendu vers Dieu, mais tendu sur lui-même.
La maladie de l’humanité… :
Être tendue sur elle même.
Le corps ne veux plus prendre sa place.
Mais il veut prendre la première place.
Quant à son esprit, un peu vexé de s’être trompé, il veut tout simplement prendre la place de Dieu.
Rien de moins.
Résultats : le délire.
On est tout simplement dans un monde de délire.
Petit 4 de notre jeu :
Ça n’amuse pas spécialement Dieu, mais ça ne l’inquiète pas.
Il a la solution.
Dieu sait que l’homme est un animal très progressif.
Par conséquent Dieu va prendre son temps pour préparer cette solution.
Puisque l’homme a voulu mettre son corps comme premier influenceur, Dieu va prendre ce chemin pour récupérer l’homme.
Dieu a bien essayé de donner quelques règles pour l’esprit, des règles morales. Ça c’est Moïse.
Mais ça n’a pas marché.
L’esprit s’entrave dans ses règles et dans sa logique.
Alors Dieu prend le chemin du corps. Du corps et du cœur.
De l’affectif.
De l’amour.
Puisque l’homme ne comprend rien.
Ne comprends plus rien…
Dieu va lancer son hameçon dans l’affectif. Dans l’attirance de la chair.
Dieu va prendre son temps.

1500 ans à peu près.
Et il va s’incarner.
Il va prendre chair.
Pour rejoindre l’homme dans sa chair. C’est Jésus.
Comme ça l’homme n’a plus de raison de dire qu’il n’y comprend plus rien. Dieu lui prouve dans sa chair qu’il est un Dieu d’amour.
Qu’il aime.
Dieu se fait proche, très proche.
Il va prendre cher…
Règle six :
Jésus va utiliser tous les moyens visibles pour provoquer l’homme à se retourner sur lui-même.
C’est-à-dire mettre son corps au service de l’Esprit.
Ça ne marchera pas, en tout cas pour le grand nombre, mais ça sera proposé à tout le monde.
Donc Jésus va se faire homme, va parler comme un homme, va produire des signes sensibles et assumer tout le sensible des hommes pour les rejoindre dans la totalité de la nature humaine.
Ça c’était déjà génial.
Règle septième :
On se rappelle que le but de Dieu n’est pas de faire jouir l’homme dans son corps, mais de rétablir la primauté de l’âme qui lui donnera bonheur.
C’est par son âme que l’homme doit jouir…
Donc règle septième :
Une fois le corps interpellé, Jésus doit effacer le poids du corps.
C’est le moment charnière où Jésus, homme en chair et en os, devient Jésus ressuscité.
Sa chair est spiritualisée par la grâce de la vie éternelle.
Donc l’homme doit comprendre qu’il ne tend pas vers sa chair matérielle, mais vers sa chair éternelle.
Résurrection de Jésus.
Ouverture du chemin de l’homme vers sa résurrection.
Sans la résurrection de Jésus, sa mission n’a aucun sens.
Petit huit :
L’homme veut toujours s’accrocher à sa perception sensible.
Et cela pose comme un voile devant la beauté de son âme.
Au lieu d’élever notre âme notre perception sensible trouble notre esprit.

Donc…
Pour que Jésus ne soit pas récupéré par la faim sensible de l’homme, il doit se faire distant.
Il doit réduire la voile sensible.
Et c’est l’Ascension.
 » heureux, Thomas, ceux qui croiront sans voir… »
L’Ascension libère l’homme de sa gourmandise sensible.
Ça nous fait mal, ça nous frustre, mais c’est parce que nous sommes tordus.
Le but de notre chemin spirituel n’est pas d’accumuler des signes sensibles mais au contraire de les diminuer.
Jusqu’où les diminuer ?
C’est simple, saint Paul nous le dit aujourd’hui, par sa lettre aux Éphésiens : « les dons que le Christ a faits,
ce sont les Apôtres,
et aussi les prophètes, les évangélisateurs,
les pasteurs et ceux qui enseignent. »
C’est l’Église.
Notre belle et pure Eglise…
Les seuls signes qui nous restent de Jésus nécessaires, ce sont les apôtres de notre temps, ce sont e les vérités de tous les temps exprimées par l’Église.
Ce sont les sacrements, canaux abondants de la grâce.
Et c’est la charité des fidèles qui donnent vie à l’Eglise.
Par son unité et par sa charité, la communauté témoigne de sa bonne santé, de son équilibre, de la présence surnaturelle de Dieu qui lui donne toute sa force devant les poisons et devant les maladies.
Donc, le sensible qui reste après Jésus disparu à l’ascension, c’est le signe de l’Église en toutes ces dimensions.
Règle neuvième du Grand Jeu de Dieu :
( on arrive presqu’à la conclusion du jeu)
Jésus, après avoir accroché l’homme par sa chair, son corps, va maintenant le suspendre avec l’Esprit Saint.
L’Église, c’est l’Esprit Saint, qui forme le corps mystique du Christ.
Jésus, en appelant l’Esprit Saint sur ses apôtres fait basculer le mauvais plan de l’homme dans la lumière de Dieu.
Le premier principe du jeu de Dieu tout au départ, reprend sa place.
Ce n’est plus par son esprit humain que l’homme va dominer, mais par l’Esprit Saint, principe intérieur que ne doit plus encombrer le corps.
Le corps est toujours là, mais quels que soient ses états, par l’Esprit Saint, l’homme retrouve le désir de Dieu, premier, source, nourriture et rassasiement.

Dernier article de la règle du jeu…
Dixième…
Dieu, enfin, à ouvert la porte de l’Esprit Saint, de la grâce intime, infuse, en nous. En fin, pour ceux qui n’ont pas jeté les cartes en l’air, Dieu nous envahira, corps et âme, de son fleuve de joie et de beauté et d’amour quand il reviendra en gloire, – donc, cette fois-ci sans aucun intermédiaire – en abattant son jeu : Béatitude, intimité infinie, union béatifique, chant éternel de l’Église en extase. Mais cela c’est la dernière carte.
On l’attend.
Maranatha, viens Seigneur Jésus.
…. quand tu voudras.
Quand le Père, ton Père et notre Père, a prévu la fin du jeu.

Sixième Dimanche de Pâques – B – 2024

  •  Amour…
    Amour…!
    Que de beauté en ce nom…
    Que de morts, aussi, en ce nom.
    Il y a l’amour qui regarde le Ciel, les sommets.
    Il y a l’amour retourné sur soi.
    Comment les appeler pour les distinguer ?
    Parce que justement, le monde préfère les confondre.
    Bon… je vais les appeler :
    L’amour-étoilé, pour le premier. La beauté.
    Et l’amour-couleuvre pour le second, qui ne vole pas très haut.
    Mais comment les distinguer ?
    ‘tu aimeras de tout ton cœur, de tout ton esprit, de toute ta force.’
    Sur l’intensité, on ne trouve pas de différence.
    L’amour étoilé peut être riche et enflammé. Mais il n’est pas rare qu’il soit pauvre et terne.
    L’amour couleuvre peut être ardent et dévorant, mais aussi dépressif. Impossible de distinguer l’un de l’autre par l’intensité.
    « Tu aimeras ton prochain comme toi même… »
    L’amour-étoilé n’a pas spécialement l’avantage sur l’amour-couleuvre ici non plus.
    Parce que, dans l’amour égoïste, l’autre est aimé comme soi-même. Simplement on veut qu’il devienne comme nous-même en le dévorant.
    La grande différence entre l’amour-étoilé et l’amour-couleuvre, c’est que dans le premier on prononce le nom de Jésus, pour s’aimer et pour aimer son prochain.
    On ne cesse d’invoquer Jésus et les autres amours se purifient de cette invocation.
    « Tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur… »
    Mais quel est ton Dieu ?
    Si ce n’est pas Jésus, il sera de ta fabrication, n’en doute pas.
    « Tu aimeras ton prochain comme toi même… »
    Si tu ne t’aimes pas de l’amour de Jésus, sous le regard de Jésus, tu aimeras ton prochain selon ton désir… vicié. Inévitablement.
    L’amour-étoilé, il est dans l’obscurité L’amour-couleuvre aussi, mais pas la même obscurité… L’amour-étoilé passe par la mort.
    L’amour-couleuvre aussi.

Mais pas la même mort.
Une mort dans une lumière excessive, en regardant, dans l’espérance, le Ciel. Ou bien une mort dans le néant de la chair qui brûle.
L’amour-étoilé demande des efforts, d’ascèse. D’ascèse pour offrir, s’offrir et s’oublier.
L’amour-couleuvre peut être héroïque aussi, mais d’un effort de malice et de profit, la plupart du temps camouflé, effort de résistance, fermé sur lui-même.
L’amour-étoilé se laisse attiré. Il se reçoit d’un autre. L’amour-couleuvre attire à lui. Il enserre et ligote.
L’amour-étoilé prends le chemin du don.
On pourrait dire du sacrifice, mais le mot ‘don’ est plus doux, plus amoureux. Mais c’est la même chose.
Quel don.
Mais le don le plus précieux. Le Don est à la mesure de l’amour qu’on porte à quelqu’un.
Par exemple : Le don de notre temps.
Pour l’homme, c’est peut-être le plus manifeste.
« Je te donne du temps. »
C’est la signature de l’amour, pour l’homme.
Pas pour les anges. Pas pour Dieu.
Dieu, lui, donne de l’éternité. c’est bien plus noble.
Mais pour l’homme, l’expression la plus immédiate de l’amour, c’est de donner de son temps.
Parce que le temps est précieux et le temps est mesuré.
Quand on aime quelqu’un ou quelque chose on lui donne du temps.
Gratuit.
On lui donne d’être près de lui. On pense à lui. On travaille pour lui.
On lui donne de la fidélité et parfois on lui donne le temps de sa vie, de toute sa vie.
Mais de toute façon, c’est du temps.
Notre Pape François disait que ‘le temps prime sur l’espace.’
Comment offre-t-on le sacrifice de notre temps ?… ça, c’est plus secondaire. On ne doit pas négliger la qualité, mais c’est Dieu qui donne la qualité.
Un temps rempli de silence, pour quelqu’un, c’est la plus belle qualité.
C’est la prière.
C’est l’oubli de soi.
C’est la joie d’un cœur qui bat paisiblement dans l’amour.
Mais cela c’est par grâce.
L’amour de charité commence par donner du temps et se mettre en écoute.
Le premier cadeau c’est celui du temps, qu’il soit dans l’effort, qu’il soit dans

la difficulté ou dans la lumière… pour l’homme.
Donc, notre premier amour, c’est celui qui aura pris le plus de temps en notre vie.
Une autre expression de l’amour, qui est première pour Dieu, mais qui est deuxième pour l’homme, c’est une partage de connaissance.
Permettre de se faire connaître.
« Je t’aime, donc je me donne, donc tu dois me connaître… Je me laisse connaître. »
« tout ce que mon Père m’a fait connaître, je vous l’ai fait connaître », c’est le Christ qui le dit. « C’est pour ça que je vous appelle ‘mes amis’. » [Jn 15, 15] Voilà le second signe de l’amour. Pour l’homme.
Pour Dieu c’est le premier, l’union parfaite.
Et au Ciel, ce sera pour nous la plénitude de l’amour.
 » Nous connaîtrons comme nous sommes connus.  » [ 1 Cor 13, 12]
Le deuxième cadeau pour l’homme, c’est une communion dans un mouvement de connaissance de l’âme.
Je te dis tout, parce que je veux me dire à toi.
Et cela, c’est le signe de mon amour pour toi.
Au contraire, si je ne te dis pas tout, c’est que je crains que tu ne m’aimes pas vraiment.
Dieu est venu nous dire tout, par Jésus-Christ. Il s’est livré.
C’est l’amour-étoilé en plénitude.
Et si je te dis tout de moi, je ne retiens rien de moi.
Cela est facile pour celui qui comprend et qui répond à l’amour par l’amour. Lorsqu’il y a réciprocité, amitié.
Un amour-couleuvre dissimule. Et il n’y a rien de plus triste qu’un apour-étoilé qui se donne sans prudence à un amour-couleuvre qui ne comprend pas, qui se détourne, se retourne sur lui-même et résiste.
Ou parfois devient amour-vipère.
À ce moment-là l’amour… don de soi, prends la couleur de la croix.
’Je me donne à toi, je donne mon temps, ma vie, mais tu ne comprends pas’ : cela s’appelle la Croix.
Jésus qui pleure devant Jérusalem : « ah ! si tu avais compris ! »
Tu ne comprends pas l’appel que je te fais et la réponse que tu devrais me faire.
La croix c’est une amitié offerte qui est rejetée.
La Croix n’est pas n’importe quelle souffrance; c’est l’amitié rejetée. Soit cette amitié abîmée par le premier péché originel.
Soit une amitié trahie, par nos péchés personnels.

Mais un amour qui enflamme le cœur, qui fait frémir nos entrailles, qui reste vigilant le jour et la nuit, peut-il se suffire de donner du temps ?
Peut-il suffire de communier dans une connaissance intime ?
Vous êtes dans un bateau… Et si on vous dit : ‘plus vous allégerez votre bateau, plus sûrement vous arriverez au pays ruisselant de trésors et de joie. Est-ce que vous ne feriez pas passer par-dessus bord tout ce qui s’y trouve, dans ce bateau ?
Hé bien, pour grandir en amour, c’est la même condition.
Simplifiez ! Donnez tout ! Donnez tout ce que vous avez, donnez tout ce que vous aimez, tout ce que vous êtes !
Et puisque tout en nous est abîmé par le péché originel, nous avons besoin de tout donner au Seigneur pour qu’il rende limpide ce qui est trouble.
Notre liberté… offerte par l’obéissance, pour être rendue claire et pure. Notre sensibilité exultante ou douloureuse… offerte à la tendresse de Dieu pour que le Seigneur la rende paisible et harmonieuse avec notre âme.
Nos pensées, nos désirs… offerts, mis en lumière pour vivre de la lumière du jour.
L’amour de soi… offrez ! Pour devenir oubli de soi dans le cœur de Dieu.
Le temps… je l’offre !
Mes blessures… je les offre !
Mes prisons… Je les offre !
Et pourquoi cela est possible, et qu’avec nul autre que Dieu nous pouvons tenter cette aventure de l’amour ?
Parce que tout simplement, Dieu nous chérit et nous le rend au centuple.
Le temps, il nous le rend en éternité
Les blessures, en pardon et en guérison, au centuple.
Les persécutions et les souffrances pour son nom, il nous les rendra en joie éternelle.
Tous nos sacrifices, Dieu nous les rendra en centuple d’intimité d’amour.
Alors pourquoi ne pas aller jusqu’au sacrifice ultime. Celui de notre existence.
Dieu donne l’existence, je lui donne alors mon existence. Et Dieu répond .
Il oublie nos fautes passées. Il oublie le péché.
Et Dieu donne son existence.
Comme le dit Sainte Élisabeth de la Trinité :
« C’est là, tout au fond dans le ciel de mon âme que j’aime le trouver puisqu’il ne me quitte jamais. Dieu en moi, moi en lui. »
« Quand une âme renonce ainsi à toutes choses, qu’elle arrive à être vide et désappropriée – et c’est tout ce que pour sa part elle peut faire – il est

impossible que Dieu de son côté ne se communique pas à elle, au moins en secret et silencieusement.
Cela est plus impossible qu’il ne l’est aux rayons du soleil de ne pas donner sur un endroit bien découvert.
Dieu communique son être surnaturel [Jean de la Croix Vive flamme III, 46 ]
« Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. »
Pauvre maigre couleuvre qui ne revient qu’à l’amour de soi et se condamne à manger la poussière.