HOMELIE DU 30° DIMANCHE ORDINAIRE B

Jéricho : la ville la plus ancienne du monde…
Jésus remonte l’Histoire
Il va traverser d’abord les vestiges de la première Jéricho, première conquète du peuple de Dieu avec Josué – conquise d’ailleurs à moindres frais : quelques coups de trompettes pour une ville qui, semble-t-il, était inhabitée…
Et puis, Jésus va arriver une demie-heure plus tard, à 2 km environ plus au sud, à la nouvelle ville, embellie par Hérode pour en faire une ville de plaisance, pour ne pas dire une ville de plaisirs.
Jéricho, c’est aussi, à deux pas de là, l’endroit que Jean Baptiste avait choisi pour appeler à la conversion.
Que Jésus choisira pour son baptême, pour se laisser suivre par ses premiers disciples, pour initier sa mission de salut et la première Église qui est la nôtre.
Nous savons aussi que la scène de l’Évangile d’aujourd’hui, elle se passe quand même à quelques jours de la Passion et de la mort de Jésus (une quinzaine de jours)…
Jésus entrera dans Jérusalem avec la poussière de cette longue Histoire sous ses pieds.

Deuxième tableau :
Bartimée…
Vraiment un pauvre que ce fils de Timée…
On trouve difficilement plus indigent.
Dans un autre évangile, celui de Matthieu il est dit qu’ils étaient 2 aveugles ensemble, compagnons d’infortune.
Il n’y avait pas de structure d’aide sociale pour les plus démunis, à l’époque. On mendiait, maigre comme un clou, on faisait appel au sentiment de pitié, assis par terre.
comme en Inde encore de nos jours, ou en Éthiopie !

Jésus passe et il sème un chemin de grâce divine et de guérison.
Bartimée et son compagnon : guéris tous les deux ! Mais sauvés aussi dans leur âme. Ils ont reconnu et cru en Jésus.
Quelques instants plus tard, Jésus convertira Zachée et ira manger chez lui, avec certainement les deux aveugles qui désormais voyaient .

Puis Jésus partira le soir même ou le lendemain, pour Jérusalem…
‘ Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !.’

Je ne peux m’empêcher d’associer dans cette dernière étape de voyage de Jésus le tracé du chemin de la grâce divine en nous et dans l’histoire du monde même…
Dieu ne laisse rien au hasard.

Jésus, Dieu, descendu au plus bas de notre humanité.
(je vous le rappelle, Jéricho est la ville la plus basse du monde : moins 300 mètres au dessous du niveau de mer)
C’est de là que notre Sauveur divin commencera sa dernière étape de restauration des âmes humaines.
Comme trente ans auparavant, il est descendu dans une étable pour ouvrir le temps l’accomplissement de salut du monde.
Et ce sera son chemin choisi pour accéder aux jours de sa Passion.
Jésus descend dans le Jéricho de nos âmes…
Et qu’est ce qu’il fait en nos âmes ?
Il rencontre ce qui cloche, ces zones aveugles et qui attendent paralysées dans la poussière.
C’est en ce qu’il y a de plus nul au fond de nous que Jésus va apporter la lumière et la vue.
Et toute cette zone pas très tranquille de nos incapacités, de nos erreurs ou nos fautes délibérées, – nous voudrions les faire taire.
Nous voudrions que personne ne les sache.
Jésus, un jour, passe.
Et il nous suggère que c’est possible que nous nous en libérions.
Au fond de nous, l’appel de sa grâce se fait entendre  : » c’est peut être ta chance. Le jour de ton miracle… Lui, il t’aime, et si tu tentais l’audace de lui demander de te changer. De transformer ton âme.
(Commençons par la zone blessée et mendiante qui te fait mal et dont tu n’arrives pas à te débarrasser.)

Bartimée abandonne son manteau – ça veut dire qu’il laisse tout.
Un manteau pour un mendiant, c’est extrêmement précieux. Et il va suivre Jésus.
Il marche, il voit, il a surtout compris que Jésus l’aime.
Mais attention, suivre Jésus, c’est repartir vers Jérusalem.
Ça ne s’arrête pas à ouvrir les yeux. C’est souvent l’erreur des convertis de croire que le premier miracle suffit.
Le chemin de Jéricho à Jérusalem, c’est un long sentier de désert où seules quelques chèvres et les petits ânes au regard doux se réjouissent de l’herbe rare.

Notre âme doit monter péniblement, avec quelques portions de grâces, le long de ce chemin de purifications.

Voilà, chers frères et sœurs, le tracé d’une vie intérieure… :
La vie intérieure doit commencer au plus bas de nous-même. Là où on touche notre pauvreté, un obstacle d’aveuglement.
Là où on ne comprend rien, où on ne voit plus rien.
Et on pressent le passage de Jésus .
Et parfois – c’est alors la bonne fois – on se donne la chance d’appeler Jésus.
Pas de l’appeler du bout de notre intelligence, ou avec la mollesse d’une volonté fatiguée, mais de l’appeler du cri du cœur.
« Seigneur, Fils de David, aie pitié de moi ! »
Notre indigence reconnue, on crie en vérité vers notre délivrance qui est Jésus.
Si notre foi manque de ressources, c’est très simple, il s’agit d’admettre notre aveuglement. Nous ne nourrirons jamais la foi dans le confort, dans nos certitudes, et nos recherches d’informations.
La foi grandit en nous laissant mordre par les ténèbres des profondeurs de notre âme. Et ensuite en les acceptant devant Jésus.

Et ensuite ?
Nous sommes invité à prendre le long sentier qui passe à travers les dunes désertiques de cailloux, arides et purifiantes, vers Jérusalem.
Une journée de marche où ça monte tout le temps. Vide autour de soi. Vide dans le cœur. Jambes douloureuses.
Jésus n’a pas parlé pendant ce trajet – en tout cas aucune parole n’a été retenue par les apôtres. Ça aussi c’est significatif –
Quand on monte vers la Croix et vers la résurrection de notre âme, on n’a pas envie de parler.
Une journée : le temps d’une vie.

Et ensuite ?…
Hé bien, vous demandez à Jésus avec confiance d’être près de vous.
En continue. « Seigneur, Jésus, Fils de David: aie pitié de moi … »
Que demandes-tu ? Maître, que je vois !
Et la vie se résume à bien poser cette demande. Et pour cela il faut le redire au moins 20000 fois, pour bien la dire.
Et à accueillir la réponse : ‘va, ta foi t’a sauvé’

29° DIMANCHE ORDINAIRE 2024

C’est le mot « siéger » qui passe mal…
Au Ciel, quand nous serons en la vie éternelle, il n’y aura pas de strapontin !
Il y a plusieurs demeures, mais pas de chaises, et le trône de Dieu, ce n’est pas celui des icônes. C’est le Ciel, dit le psaume.
Et le Ciel, c’est la vie éternelle et sa Toute-Puissance de miséricorde.
Alors….  avec le verbe ‘siéger’, il y a un sous-entendu de domination, un partage de pouvoir.
En tout cas, Jésus l’entend comme ça, puisqu’il parle ensuite du ‘pouvoir des grands’.
Dans la question des frères Zébédée, il y a bien l’espoir d’être près de Jésus pour toujours.
Mais cette question est quand même une grosse maladresse.
Mais elle va permettre à Jésus de faire le point sur l’ambition qui court au travers de l’histoire de l’Église, au travers de l’histoire des peuples et des cœurs.
Le désir du pouvoir, du gouvernement, d’être influenceur sur terre et au Ciel même.
C’est un désir à la fois légitime et bon, et à la fois vicieux.
Pourquoi ?
Parce que l’influence qu’on peut diffuser et parfois imposer, tient à la fécondité de notre vie.
Or, la fécondité sous toutes ses formes est le désir le plus profond et général de chaque créature.
La moindre petite violette ne pense qu’à répandre des multitudes d’autres petites violettes semblables à elle.
L’escargot, le hérisson aussi. Ils ne cherchent pas à faire des violettes… mais des petits escargots et des petits hérissons.
Et l’homme et la femme, des fils et des filles.
Et pour se distinguer du hérisson, des fils et des filles qui leur ressemblent, spirituellement, c’est mieux.
Des semblables d’esprit pour les aimer d’amour ou d’amitié féconde.
Et ceux qui sont moins capables spirituellement, choisissent alors une fécondité politique, jusqu’à parfois, utiliser la manipulation ou la contrainte.
Quand on a le pouvoir, on a l’impression d’influencer et d’exercer une fécondité, même dans le mal.
Toujours l’histoire de ‘siéger’…
Croit-on que l’Église depuis la réaction de Jésus est purifiée de cette tentation de domination ?
Pourtant Jésus le dit bien : ‘les derniers seront premiers’ dans l’amour et donc dans la fécondité de lumière.
« Celui qui voudra être grand –  mais grand de quoi, au Ciel ? – de perfection et de lumière, grand de participation à la divinité…
Il sera l’esclave de tous, sur terre. Au service. »
Il sera le plus intime du Christ.
Et il sera donc le plus uni au Christ, victime sacrifiée.
On associe dans nos têtes ‘gouvernement’ à ‘supériorité’
Celui qui ne gouverne rien, c’est l’insignifiant, celui qu’on oublie rapidement.
Et de là cette course à avoir son domaine, aussi petit soit-il, où l’on peut régner et soumettre les autres à son influence.

Mais comment résoudre cette déviation qui court depuis Adam et Ève ?
Si on change celui qui a le pouvoir, d’autres le prennent à sa place et reproduisent l’erreur.
Alors ?… Hé bien, donnons le pouvoir à plusieurs et même à tous, au peuple en politique, aux médias en tous les domaines, aux laïcs dans Église !…
Mais le problème n’est pas là, puisque le pouvoir cherche à dominer, qu’il soit d’un seul, du prolétariat, de la manipulation pour les médias, de l’Esprit du monde qui frappe la barque de l’Église de sa médiocrité…
Mais comment faire pour s’en sortir ?
D’où qu’on se tourne, aussitôt qu’il y a pouvoir, et recherche de gouvernement, il y a satisfaction d’être influent  ?
Qu’on soit seul ou des multitudes à le partager.
C’est l’une des questions que notre Pape essaie de nous faire comprendre.

Jésus est Fils de Dieu. Il a donc la réponse à notre question.
En fait à la question de Jacques et Jean…

Qu’elle est-elle, cette réponse ?
Elle est très simple.
« Pouvez vous me suivre ? »
Me suivre où ?
Jusqu’à la croix, jusqu’au sacrifice de vous-même.
Jusqu’à devenir esclaves et vous soumettre à tous les pouvoirs.

Ça veut dire quoi, cette réponse de Jésus ?
Ça veut dire que Jésus détourne la question.
Votre fécondité, elle ne se trouvera pas dans un pouvoir, elle se trouvera dans votre sanctification.
Et voilà la réponse  !
Avant de vous poser la question du gouvernement, posez vous la question de votre sanctification, de votre intimité à Jésus Christ, Messie, Dieu, mort en esclave crucifié.
Votre fécondité vous la trouverez dans votre sacrifice par amour à Jésus.
Et si par surplus, qui doit être gratuit et non recherché, elle vous est donnée dans une mission de gouvernement, ce gouvernement sera un service pour une fécondité de sainteté. Pour conduire les autres à la sainteté.
Le gouvernement n’a qu’une raison légitime  :
Celle d’être un instrument pour conduire à la sainteté.

Mais tout devient lumineux alors …! et harmonieux.
1 – Ça veut dire tout d’abord qu’on ne se décide pas supérieur tout seul, ni même en groupe.
On reçoit d’un autre une mission qui vient d’un discernement.
Non pas parce qu’on est capable d’organiser des défilés ou de rentabiliser une entreprise, mais parce qu’on est capable de discerner les chemins de sanctification pour chacun de nos frères.
Et c’est pour cela que l’Église est si mauvaise dans la conduite de ses entreprises et de ses rentabilités… Parce que son objectif premier est la sanctification qui se moque des chiffres de bilan.
Et il est assez rare en fait que coïncide un esprit avisé de chef d’entreprise et un esprit d’intimité avec Jésus, dans un même homme…
Mais ce qui compte avant tout en valeur de fécondité c’est l’esprit d’intimité avec Jésus.
La réussite du monde n’est pas essentielle, et bien souvent périlleuse, au contraire.

Deuxième conséquence  :
Le discernement pour la sanctification ne vient pas du grand nombre.
Ainsi donc, le gouvernement ne peut pas être du grand nombre. Il sera assumé par un seul missionné.
Aidé de conseillers pour affiné son discernement, mais un seul décideur qui doit davantage être à l’écoute des consciences de ceux qu’il gouverne que des besoins matériels de son territoire.
Parce que ses décisions seront avant tout pour faire avancer sur un chemin de conversion et de sanctification les âmes de ceux et celles qu’il gouverne.
Même si ces derniers ne sont pas à la place qu’eux-mêmes désireraient.
Demander à quelqu’un de porter la croix de Jésus n’est jamais enthousiasmant au départ pour l’heureux élu….
Inviter à une conversion de jugement est toujours mal digéré au départ….

Vous voyez, frères et sœurs, comme l’exercice du gouvernement dans l’Église est complètement divergent de celui du monde.
Dans le monde, c’est celui qui est capable et qualifié (en vrai ou en faux d’ailleurs –  tous les coups sont permis) qui prend la place.

Dernière conséquence de la conception de Jésus.  :
Il existe dans l’Église, institués par Jésus Christ, des apôtres et des successeurs des apôtres auxquels Jésus a confié les clefs du Royaume des Cieux.
Autrement dit du jugement de la grâce et des chemins de sanctification, dans l’Esprit Saint.
C’est donc à eux, au Pape, successeur de saint Pierre, aux évêques, successeurs des apôtres, et aux prêtres, collaborateurs des évêques, qu’il revient le discernement final et donc qu’il revient par la même l’instrument et le service du gouvernement qui aide à la sanctification.
Il n’est pas interdit à d’autres d’avoir une place, un siège…, et parfois d’émettre des jugements très saints dans l’Église, mais ce sera par mode habituel de conseils, qui éclaireront de façon très précieuse les décisions du magistère institué qui lui, sera à l’écoute attentive des voies de l’Esprit-Saint.

La collégialité, c’est l’expression de tous pour le discernement d’un seul.
Mais bien sûr, cela demande l’intention fondamentale de tous pour la sanctification, par la croix souvent, de toute l’Eglise, et cela demande une exigence d’obéissance qui, de fait, est rare dans le peuple de Dieu.
L’obéissance du disciple missionné au gouvernement, c’est son écoute de l’Esprit Saint.
L’obéissance de tous dans l’Eglise, c’est notre désir de sanctification reçue de l’Esprit Saint.
« Le Christ s’est fait obéissant jusqu’à la mort »
Pouvez vous boire à la coupe que Jésus a bue ?

29° DIMANCHE – B – 2024

C’est le mot « siéger » qui passe mal…
Au Ciel, quand nous serons en la vie éternelle, il n’y aura pas de strapontin !
Il y a plusieurs demeures, mais pas de chaises, et le trône de Dieu, ce n’est pas celui des icônes. C’est le Ciel, dit le psaume.
Et le Ciel, c’est la vie éternelle et sa Toute-Puissance de miséricorde.
Alors…. avec le verbe ‘siéger’, il y a un sous-entendu de domination, un partage de pouvoir.
En tout cas, Jésus l’entend comme ça, puisqu’il parle ensuite du ‘pouvoir des grands’.
Dans la question des frères Zébédée, il y a bien l’espoir d’être près de Jésus pour toujours.
Mais cette question est quand même une grosse maladresse.
Mais elle va permettre à Jésus de faire le point sur l’ambition qui court au travers de l’histoire de l’Église, au travers de l’histoire des peuples et des cœurs.
Le désir du pouvoir, du gouvernement, d’être influenceur sur terre et au Ciel même.
C’est un désir à la fois légitime et bon, et à la fois vicieux.
Pourquoi ?
Parce que l’influence qu’on peut diffuser et parfois imposer, tient à la fécondité de notre vie.
Or, la fécondité sous toutes ses formes est le désir le plus profond et général de chaque créature.
La moindre petite violette ne pense qu’à répandre des multitudes d’autres petites violettes semblables à elle.
L’escargot, le hérisson aussi. Ils ne cherchent pas à faire des violettes… mais des petits escargots et des petits hérissons.
Et l’homme et la femme, des fils et des filles.
Et pour se distinguer du hérisson, des fils et des filles qui leur ressemblent, spirituellement, c’est mieux.
Des semblables d’esprit pour les aimer d’amour ou d’amitié féconde.
Et ceux qui sont moins capables spirituellement, choisissent alors une fécondité politique, jusqu’à parfois, utiliser la manipulation ou la contrainte.
Quand on a le pouvoir, on a l’impression d’influencer et d’exercer une fécondité, même dans le mal.
Toujours l’histoire de ‘siéger’…
Croit-on que l’Église depuis la réaction de Jésus est purifiée de cette tentation

de domination ?
Pourtant Jésus le dit bien : ‘les derniers seront premiers’ dans l’amour et donc dans la fécondité de lumière.
« Celui qui voudra être grand – mais grand de quoi, au Ciel ? – de perfection et de lumière, grand de participation à la divinité…
Il sera l’esclave de tous, sur terre. Au service. »
Il sera le plus intime du Christ.
Et il sera donc le plus uni au Christ, victime sacrifiée.
On associe dans nos têtes ‘gouvernement’ à ‘supériorité’
Celui qui ne gouverne rien, c’est l’insignifiant, celui qu’on oublie rapidement.
Et de là cette course à avoir son domaine, aussi petit soit-il, où l’on peut régner et soumettre les autres à son influence.
Mais comment résoudre cette déviation qui court depuis Adam et Ève ?
Si on chenge celui qui a le pouvoir, d’autres le prennent à sa place et reprosuisent l’erreur.
Alors ?… Hé bien, donnons le pouvoir à plusieurs et même à tous, au peuple en politique, aux médias en tous les domaines, aux laïcs dans Église !…
Mais le problème n’est pas là, puisque le pouvoir qu’il soit d’un seul, du prolétariat, de la manipulation pour les médias, de l’Esprit du monde qui frappe la barque de l’Église de sa médiocrité, cherche à dominer…
Mais comment faire pour s’en sortir ?
D’où qu’on se tourne, aussitôt qu’il y a pouvoir, et recherche de gouvernement, il y a satisfaction d’être influent ?
Qu’on soit seul ou des multitudes à le partager.
C’est l’une des questions que notre Pape essaie de nous faire comprendre.
Jésus est Fils de Dieu. Il a donc la réponse à notre question. En fait à la question de Jacques et Jean…
Qu’elle est-elle, cette réponse ? Elle est très simple.
« Pouvez vous me suivre ? »
Me suivre où ?
Jusqu’à la croix, jusqu’au sacrifice de vous-même.
Jusqu’à devenir esclaves et vous soumettre à tous les pouvoirs.
Ça veut dire quoi, cette réponse de Jésus ?
Ça veut dire que Jésus détourne la question.
Votre fécondité, elle ne se trouvera pas dans un pouvoir, elle se trouvera dans votre sanctification.

Et voilà la réponse !
Avant de vous poser la question du gouvernement, posez vous la question de votre sanctification, de votre intimité à Jésus Christ, Messie, Dieu, mort en esclave crucifié.
Votre fécondité vous la trouverez dans votre sacrifice par amour à Jésus.
Et si par surplus, qui doit être gratuit et non recherché, elle vous est donnée dans une mission de gouvernement, ce gouvernement sera un service pour une fécondité de sainteté. Pour conduire les autres à la sainteté.
Le gouvernement n’a qu’une raison légitime :
Celle d’être un instrument pour conduire à la sainteté.
Mais tout devient lumineux alors …! et harmonieux.
1 – Ça veut dire tout d’abord qu’on ne se décide pas supérieur tout seul, ni même en groupe.
On reçoit d’un autre une mission qui vient d’un discernement.
Non pas parce qu’on est capable d’organiser des défilés ou de rentabiliser une entreprise, mais parce qu’on est capable de discerner les chemins de sanctification pour chacun de nos frères.
Et c’est pour cela que l’Église est si mauvaise dans la conduite de ses entreprises et de ses rentabilités… Parce que son objectif premier est la sanctification qui se moque des chiffres de bilan.
Et il est assez rare en fait que coïncide un esprit avisé de chef d’entreprise et un esprit d’intimité avec Jésus, dans un même homme…
Mais ce qui compte avant tout en valeur de fécondité c’est l’esprit d’intimité avec Jésus.
La réussite du monde n’est pas essentielle, et bien souvent périlleuse, au contraire.
Deuxième conséquence :
Le discernement pour la sanctification ne vient pas du grand nombre.
Ainsi donc, le gouvernement ne peut pas être du grand nombre. Il sera assumé par un seul missionné.
Aidé de conseillers pour affiné son discernement, mais un seul décideur qui doit davantage être à l’écoute des consciences de ceux qu’il gouverne que des besoins matériels de son territoire.
Parce que ses décisions seront avant tout pour faire avancer sur un chemin de conversion et de sanctification les âmes de ceux et celles qu’il gouverne.
Même si ces derniers ne sont pas à la place qu’eux-mêmes désireraient. Demander à quelqu’un de porter la croix de Jésus n’est jamais enthousiasmant au départ pour l’heureux élu….

Inviter à une conversion de jugement est toujours mal digéré au départ….
Vous voyez, frères et sœurs, comme l’exercice du gouvernement dans l’Église est complètement divergent de celui du monde.
Dans le monde, c’est celui qui est capable et qualifié (en vrai ou en faux d’ailleurs – tous les coups sont permis) qui prend la place.
Dernière conséquence de la conception de Jésus. :
Il existe dans l’Église, institués par Jésus Christ, des apôtres et des successeurs des apôtres auxquels Jésus a confié les clefs du Royaume des Cieux. Autrement dit du jugement de la grâce et des chemins de sanctification, dans l’Esprit Saint.
C’est donc à eux, au Pape, successeur de saint Pierre, aux évêques, successeurs des apôtres, et aux prêtres, collaborateurs des évêques, qu’il revient le discernement final et donc qu’il revient par la même l’instrument et le service du gouvernement qui aide à la sanctification.
Il n’est pas interdit à d’autres d’avoir une place, un siège…, et parfois d’émettre des jugements très saints dans l’Église, mais ce sera par mode habituel de conseils, qui éclaireront de façon très précieuse les décisions du magistère institué qui lui, sera à l’écoute attentive des voies de l’Esprit-Saint.
La collégialité, c’est l’expression de tous pour le discernement d’un seul.
Mais bien sûr, cela demande l’intention fondamentale de tous pour la sanctification, par la croix souvent, de toute l’Eglise, et cela demande une exigence d’obéissance qui, de fait, est rare dans le peuple de Dieu.
L’obéissance du disciple missionné au gouvernement, c’est son écoute de l’Esprit Saint.
L’obéissance de tous dans l’Eglise, c’est notre désir de sanctification reçue de l’Esprit Saint.
« Le Christ s’est fait obéissant jusqu’à la mort »
Pouvez vous boire à la coupe que Jésus a bue ?

27° DIMANCHE – B – 2024

Mariage

Alors c’est clair…
Soit on prend le problème à la surface des flots avec ses vagues et avec son écume.
À ce moment-là c’est dans le genre :
 » Juliette, tes yeux me fascinent…
Et si on prenait un verre ensemble… »
Effectivement, ça commence à peu près comme ça.
Et ça continue par :
 » tu sais… tes yeux ne me suffisent pas…  »
Mais l’écume on s’en lasse.
Deuxième formule:
 » Roberte, ma solitude, toi seule, tu peux la nourrir de ta présence…! Effectivement, le programme est annoncé.
Ça vient d’un peu plus profond.
Il y a aussi la formule métaphysique…
« Je suis ton essence, et tu es mon existence.
Tu es ma finalité, et je suis ta fidélité. »
Bon c’est pas mal, dans le style intello. Ça a son charme…
 » et si on prenait un verre ensemble… »
De toute façon il faut passer par là, par ce fameux verre…
Il y a aussi le poète…
Si elle est sensible aux métaphores, bien sûr.
 » Tu es celle qui éveille mon oreille aux musiques de la Création…
J’aimerais être ton violon ou plutôt dans les temps qui courent, ton hautbois, ( si on est un peu plus rock, j’aimerais être ta batterie. Ta cithare, si on est un peu plus slow … )
Et si on prenait un verre… ensemble…  »
Ah…! il y a le Cantique des cantiques.
Là, on plonge dans la mystique…!
 » Mon bien-aimé regarde par le treillis, je vais pour lui ouvrir, les CSS ruisselant de myrrhe, mais il s’est enfui.
je tournerai dans la ville, par les rues et les places : je chercherai celui que mon âme désire.

Et là… on oublie de prendre un verre…
 » ta chevelure, ma belle… : un troupeau de chèvres qui dévale du Galaad.
Ta joue à travers ton voile, comme une moitié de grenade.
… unique est ma colombe, ma parfaite, unique pour sa mère.
Tes dents : un troupeau de brebis tondues qui remontent du bain.
Ta poitrine : deux faons, jumeaux d’une gazelle ; qui pâturent parmi les lis » etc… Délicate mystique, un peu essoufflante…
Et puis vient Jésus-Christ…
Jésus-Christ nous dit que l’amour prend chair par la fidélité.
Que l’amour ce n’est pas : » je te prends pour moi », mais :
 » je me donne à toi. »
Et pas : ‘comme ça’, au carrefour de deux routes, mais dans la longueur du temps. Jésus-Christ va nous dire : le couple est aussi beau que l’Église et le Christ dans leur union spirituelle et éternelle.
Et que ce n’est plus  » tu es belle, ma reine » ou  » tu es fort, mon roi »
Mais :  » je veux te rendre lumineuse de la grâce de Dieu, en me sacrifiant pour toi » , parce que s’il n’y a pas sacrifice, mutuel, la relation reste incomplète. Branlante et insatisfaisante.
La première raison de l’amour d’une femme pour un homme ou d’un homme pour une femme, c’est de reproduire dans une relation d’amitié, avec leurs corps et avec leurs âmes, le souffle de vie du Christ ressuscité sur chacun de nous. Lorsque lui dit à elle :
 » je t’aime. » dans sa profondeur, quel que soit le mode d’expression, il lui transmet le souffle de vie qui va l’ouvrir à sa résurrection.
Et lorsqu’elle lui dit :
 » je t’aime  » elle fait passer en son cœur à lui le regard de Dieu qui de toute éternité lui donne vie et comble sa solitude.
Et plus ce « je t’aime », de l’un et de l’autre, est délicat de respect, c’est-à-dire respectueux du mystère de l’autre, de sa liberté, et plus ce  » je t’aime » s’inscrit dans la fidélité – même difficile, toujours difficile -, plus alors ils connaissent la voix du Père qui donne vie et la douceur de l’Esprit Saint.
L’Église est étincelante et tellement riche dans sa conception de l’amour, de la sexualité, de la fidélité du couple, de la complémentarité de l’homme et de la femme inscrite dans la conception éternelle de Dieu…!
Qu’on est loin des plans de misères dans lesquels le monde réduit la chair de l’homme et de la femme…
Quand on découvre que l’Education Nationale donne des livres explicitement porno à lire à nos enfants, on mesure la dégénérescence de notre société et on devine, bien évidemment, la patte du démon contre la beauté de la Création.
2

(je pourrais préciser cela aux parents qui le désirent)
Le porno, c’est l’intelligence du diable qui pousse l’homme plus bas que l’animal. Exigeant de l’autre un acte d’adoration de la chair qui se veut toute puissante. La chair, indigente capacité de plaisir, veut se venger de la supériorité de l’esprit, en l’abrutissant.
Le porno c’est le viol de l’esprit, pour vider l’homme de sa relation d’amour féconde.
On rage de dépendre de Dieu, alors on massacre le plus beau don de Dieu qui est l’esprit, et on massacre par la même le mystère sacré de la chair.
Comment l’homme et la femme en arrivent-ils à une telle décadence ?
C’est très simple.
Nous avons tous au fond de nous la nostalgie de la première harmonie de l’humanité.
L’union pure d’Adam et Ève d’avant le péché originel.
Notre nature a goûté à cette indicible harmonie d’un jour très lointain, et elle s’en rappelle au fond du secret de nos cœurs.
Mais le péché originel, cette tentative de vouloir être Dieu, a rendu inaccessible la beauté de l’œuvre.
Vous avez un tableau.
Un fou le détruit avec un couteau. Il le lacère.
Jamais vous ne retrouverez l’œuvre originale.
Pour nous, c’est foutu.
Mais Dieu propose une restauration encore plus géniale et belle.
Alors, vous voyez…
Si on entend notre nature, le réflexe c’est de vouloir reproduire le désir initial. De recoller comme on peut le vase brisé.
Et on va s’y mettre avec des moyens cassés.
On va vouloir faire jouir la chair sur le mode infini de l’esprit.
Mauvaise porte.
Catastrophe et misère.
Qui ouvrent sur le dégoût ou la maladie mentale, ou corporelle.
Dieu propose une autre issue.
Mais qu’on doit accepter de Dieu…
Jésus Christ nous dit :
‘vise la communion, par la prière et l’Esprit-Saint, quitte à sacrifier la chair, et tu trouveras une autre joie, qui comblera ta personnalité, corps et âme, au centuple, au-delà de tes frustrations.’
On ne vise plus l’harmonie du paradis sur terre.
Même s’il reste un désir inconscient de le revivre.
3

On vise la guérison pour la grâce divine au Ciel.
C’est dur !
Oui c’est dur, ce n’est pas pour les mous !
C’est dur de changer de cap, parce que l’appel de la chair est très proche, trop immédiat, lourd.
Mais cet appel a définitivement perdu le chemin.
Il doit être ‘retourné’ vers l’appel de la grâce. Pour revivre en pureté.
Dans un chemin de foi, d’esprit, d’Eglise, d’obéissance, et d’union à Dieu par Jésus Christ, chemin obligé.
Tous les adorateurs de la chair regardent piteusement et lamentablement en arrière, sans en avoir conscience.
Et se retrouvent vides d’eux-mêmes. Pire que bête.
Les adorateurs en esprit et en vérité, après avoir admis la frustration d’une gloire à jamais perdue et périmée, goûtent au ravissement du Ciel.
Allez dire cela aux jeunes couples…
Bien sûr, ce n’est pas compris immédiatement…
Ni d’ailleurs par les chrétiens lessivés par l’esprit du monde.
 » et si on allait boire un verre ensemble…! « 

26° DIMANCHE – B – 2024

Paradis et enfer – efforts de créativité

Remplaçons les choses :
Le Royaume des Cieux…
On peut dire : vie éternelle, amour, mais qui n’est pas de cette terre, union à Dieu, Église unifiée et exultante.
On peut dire aussi que le Royaume de Dieu c’est une communion où chacun se reconnaît dans le meilleur de lui-même, ressuscité d’une vie pure.
Jésus nous annonce un voisin du Royaume des Cieux, qu’il appelle la géhenne.
La géhenne, c’était le dépotoir de Jérusalem qui empestait; lieu malsain où se traînaient les lépreux, lieu de solitude amère, refus de communion.
Et là, ce qui est ressuscité est douloureux.
Parce que, sans amour, notre corps est douloureux, notre âme ne s’y retrouve pas.
Je reprends… Le Royaume des Cieux :
C’est l’exultation, la fécondité de l’Esprit.
Mais ce n’est pas une accumulation, c’est une harmonie toujours plus juste avec le cœur de Dieu.
Quand on est dans cette harmonie de l’Esprit, ça veut dire qu’on reçoit notre joie, qui sonne juste.
Le Royaume des Cieux c’est de recevoir des fleuves de joie,
En notre âme et en notre corps.
Or, recevoir une grâce c’est la rendre à Dieu, c’est la vivre, c’est tout redonner pour être comblé.
 » mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur.
Il m’élève à plus grand que moi-même. Il me comble de ce que je ne pourrais même pas atteindre par moi-même.
Et la géhenne ? Je me ferme sur moi-même. Dans un mal-être. Alors je crie parce que ma nature manque à sa finalité.
Je ne me reconnais pas et je ne reconnais pas les autres.
Et bien sûr, je ne reconnais pas Dieu. Je ne veux pas le reconnaître. Je n’arrive pas à reconnaître le Christ ressuscité.
C’est à moi que je devrais me faire des reproches. Mais c’est trop douloureux de me faire ces reproches, alors je les retourne sur les autres et je critique. J’accuse Dieu. Ça semble me soulager.

Je reprends mon propos… Le Royaume des Cieux :
C’est l’Esprit qui s’exprime.
Et vous savez, frères et sœurs, quand l’Esprit passe facilement, il coule de source, et il crée. L’amour est diffusif.
Ça veut dire que l’amour se répand, il est créatif.
Le Royaume des Cieux c’est une symphonie qui s’étend dans l’éternité.
Et tous ces accords s’envolent sans jamais se finir.
Rejoins éternellement par d’autres harmonies qui viennent les enrichir.
Qui se répondent et se correspondent dans une joie qui, en fait, n’est qu’une étincelle de la joie de Dieu.
Quant à la géhenne, je n’ai plus envie d’en parler. Il n’y a rien à dire.
Elle n’a aucun poids.
Aucune consistance. C’est un manque.
Son cri est inaudible.
Qu’elle reste où elle est, c’est-à-dire nulle part. Je laisse tomber.
Mais le Royaume des Cieux, il a un commencement.
Et ce commencement n’est pas après notre mort.
Il est aujourd’hui.
Aujourd’hui, mon cœur vibre, mon cœur peut vibrer d’une paix et d’un bonheur dont je pressens qu’il n’y aura pas de fin.
Et cet état de bien-être, rien ne peut y mettre obstacle, parce que Jésus-Christ est venu lever tous les obstacles.
Le Royaume des Cieux commence aujourd’hui, dans la joie de mon cœur d’aujourd’hui.
Et tout ce qui n’est pas touché par cette grâce ne vaut rien.
Ce qui m’est le plus intime sans la grâce ne vaut rien.
Pas même mon œil, ni ma main, ni mon pied.
Parce que, ce qui se détourne de l’Esprit d’amour de Jésus-Christ est stérile.
Alors il y a quelques conséquences immédiates.
Deux chemins.
Un chemin de fécondité, de surabondance dans l’Esprit.
Un chemin tout pauvre, tout léger, qui ne pèse rien, parce qu’il est vibration de lumière et d’harmonie.
Il y a un autre chemin qui n’en est pas un, qui tourne sur lui-même, mais qui atterrit plutôt dans des sables mouvants dans lesquels on ne peut plus lever les pieds.

Royaume des Cieux : créativité de l’amour. Tout devient possible.
Sables mouvants : immobilité et sclérose. On n’avance pas. Tout devient impossibilité.
Applications pratiques :
Par exemple dans une paroisse… Je choisis l’exemple au hasard…
Ce pourrait être dans une société, dans une famille, dans une période de l’histoire. Si on regarde la capacité de créativité on peut soupçonner la présence de l’Esprit.
Quand notre principal objectif est de se caler, de trouver un confort. De ne p^lus bouger…
De ne prendre aucun risque et de se suffire…
– on n’en demande pas plus et on n’offre pas plus –
Quand l’ambition disparaît pour préférer sa sécurité ou, comme Josué devant Eldad et Medad, pour se préserver un certain pouvoir… le Royaume des Cieux rétrécit, comme peau de chagrin.
Il y a un péché plus grand que celui de faire des péchés… C’est de plafonner.
De manquer d’ambition. – le rat dans son fromage –
Et surtout qu’on ne me coupe pas la main…!
On prie une heure, et puis ça nous suffit ! C’est ce mot ‘suffisance’ qui est détestable.
On ne désire surtout pas ajouter un quart d’heure d’intimité avec notre Dieu.
L’installation et la négligence sont les deux péchés les plus dangereux au monde. Cela correspond à être riche… ou à vouloir l’être.
Cette installation, on peut la constater aussi bien sur la croisette à Cannes que dans un monastère de carmélites… que dans notre paroisse….
Bien sûr, il y a des périodes dans notre vie pendant lesquelles se modifie notre désir.
Il y a des épisodes, disons, où notre faim est une faim de loup.
Nous brûlons de la vie éternelle.
Nous brûlons du désir de donner notre cœur à Dieu.
Désir de la rencontre. J’espère que c’est arrivé à certains d’entre vous.
Et puis il y a des épisodes, parfois blessés, parfois douloureux ou fatigués, troublés de tentations, où nous devons rassembler toutes nos faibles capacités pour un petit effort de fidélité aride.
Mais pour mon propos, ce n’est pas important.
Les variations ne sont pas importantes.

C’est l’orientation de notre amour qui est fondamentale.
L’orientation d’un chrétien pour sa vie spirituelle, doit être de sa jeunesse à ses vieux jours un désir de croissance dans l’amour.
Et non pas de repos dans l’amour.
Parce que quand on parle de repos dans l’amour, inévitablement nous glissons vers le repos dans l’amour dévié de soi-même.
Un chrétien qui n’est pas créatif, c’est un chrétien sans sel.
Sans feu, ni flamme.
Un chrétien qui cherche à se sauvegarder ou à garder ses intérêts, n’existe plus. J’appellerai cela ‘un chrétien de chasse gardée’. Il tourne sur son terrain et ses habitudes en montrant les dents à tout ce qui le dérange.
Alors vous allez me dire :
Mais nous sommes dans une période de burns out. la grande maladie du siècle c’est la démangeaison d’activité, la saturation des plaisirs, la boulimie d’informations, l’accumulation de projets – comment en vouloir toujours plus ? C’est très simple.
C’est excessivement simple…
La réponse c’est que l’ambition de la grâce, la croissance de la charité, réclame des efforts, mais de simplification, de dépouillement, des efforts héroïques de temps perdu, pour Dieu.
Et quand on me dit : ‘mon enfant ne peut pas venir au caté parce qu’il a telle ou telle activité… oh très noble !… du sport, de la danse, du judo… C’est un péché, grave.
Si ton piano, ton tennis, ou même tes devoirs d’école t’empêchent de prendre une heure pour Dieu dans la semaine, coupe-les ! Car jouer au tennis, creuser une piscine dans ton jardin, ou installer un nouveau grand écran chez toi ne guérira pas ton malaise dans un monde de perdition.
La grande originalité, la plus grande créativité dans notre monde actuel, quelles que soient les périodes de notre vie, c’est de donner le primat à la contemplation. C’est-à-dire d’orienter notre vie à donner toujours plus de silence amoureux de Dieu à notre cœur.
L’œuvre de l’homme de foi, de la femme de foi, c’est l’œuvre de son silence intérieur habité par les mélodies silencieuses de Dieu.
Effort de créer des espaces de silence.
Mais quand je dis ‘silence’, il n’y a aucun rapport entre silence et repos.
Le silence de notre vie spirituelle est l’activité la plus intense, la plus réelle de notre âme et la plus efficace.
Dans notre effort de silence du cœur, Dieu se fait source de fécondité.
Ah…! si tout le monde pouvait être source de silence de l’Esprit Créateur…!