PAQUES JOUR 2024

Saint-Paul parle aux Colossiens :
 » si vous êtes ressuscités avec le Christ… »
Et moi je parle au salernois :
Première lettre du Père Thierry, prêtre du diocèse de Fréjus Toulon, aux salernois
 » frères, et sœurs, si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez le… »
Bon… c’est pas très original parce que ça a déjà été dit…
Ça a déjà été dit mais ça n’a pas été fait.
Vous vous étonnez peut-être frères et sœurs que vous êtes ressuscités.
Et bien oui…
En fait il y a plusieurs résurrections sa.
Il y a d’abord la résurrection de Jésus.
Qui engage quoi ?
Qui engage sa mort.
Sa mort physique.
La mort dans sa nature humaine.
Mort de son corps.
De son corps humain bien sûr.
Et ce corps humain, disparu, retrouve, la nuit de Pâques, une nouvelle existence.
Une existence libérée des contingences terrestres.
Le corps de chair de Jésus retrouve vie en un corps spirituel.
Son corps.
Mais son corps, dans un autre mode de vie, spirituel, doué d’une capacité d’apparaître à ses disciples.
Pendant 40 jours.
Puis il rejoindra le cœur de Dieu, au Ciel.
Ce phénomène c’est la première résurrection, parfaite et éternelle.
Et c’est la locomotive de toutes les autres résurrections.
À partir de la résurrection de Jésus, il y a pour nous une ouverture au ciel.
Pas après notre mort, dès maintenant.
Ce n’est pas notre corps qui ressuscite maintenant, mais c’est notre possibilité de vivre la vie éternelle.
Avant Jésus, les hommes tendaient les mains vers cette vie éternelle.
Mais depuis Jésus, notre âme peut-être habitée par la vie éternelle de Jésus.
En fait par Jésus ressuscité, lui-même.
D’une certaine façon la vie de Jésus ressuscité, qui vient frôler notre âme dans la communion, à chaque communion pendant la messe, renouvelle la vie de notre âme. Jésus ressuscité vient réalimenter notre capacité de vie.
Pour cela, il faut qu’il y ait une mort.

Mais cette mort n’est pas celle de notre corps, c’est celle de notre âme touchée par le péché.
Si nous mourrons au péché, par la vertu, mais davantage aussi par le pardon, nous nous engageons dans une nouvelle vie qui est déjà la vie éternelle.
La vie de la grâce.
La vie d’intimité avec le Seigneur.
Et puis ensuite, il y aura une troisième résurrection.
La résurrection de l’Église, de l’Église totale.
C’est-à-dire la résurrection de nos corps.
Il y a maintenant des prémices de cette résurrection par la guérison que nous donnent les sacrements de l’Église.
À chaque fois que nous recevons un sacrement, nous cueillons une petite fleur de notre résurrection.
Nous cherchons à rééquilibrer notre vie par des tas de recettes.
Et on fait appel à la médecine, à l’écologie, à des prières de guérison, à des sciences ou des thérapies en tout genre, et encore jusque-là ce sont des petites béquilles légitimes quand elles ne virent pas en des pratiques de l’ombre, superstitieuses ou ésotériques.
Et l’on oublie que le moindre petit sacrement de l’Église catholique nous offre une force de guérison incomparable pour notre âme et pour notre corps.
À chaque fois que nous recevons un sacrement – le baptême, bien sûr, qui nous fait passer notre vie de l’état de cocon à l’état de papillon;
et le sacrement du pardon, de la réconciliation… merveilleux sacrement qui guérit notre âme de ses blessures et qui provoque, bien naturellement, ses effets sur l’équilibre de notre corps; à chaque fois que nous communions à l’Eucharistie, c’est une formidable dose de vie et d’équilibre qui réjouit notre âme, lui donne santé et force, qui rejaillit sur notre corps.
Mais tous les sacrements sont source de vie éternelle, de santé, de bien-être, de croissance…!
‘ si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, dit Jésus, et qu’il boive ! ‘
Mais il faudrait user et même abuser des sacrements pour rendre à notre cœur et à notre corps sa santé !
C’est incroyable comme nous allons chercher ailleurs, ce qui nous est offert avec tellement de simplicité pour guérir et pour correspondre à ce que nous devons être.
Et pourtant, cet équilibre est encore très loin de celui que nous vivrons au Ciel, à la résurrection de notre corps glorieux.
Ici-bas, sur cette terre, les efforts, les lourdeurs de la matière, les peines et les souffrances forment comme un brouillard qui cache l’horizon.
C’est lourd et on arrive difficilement à s’en dépêtrer.

Mais la petite espérance, la petite grâce d’espérance, perce ce brouillard comme un sonar qui envoie ses ondes au-delà des apparences.
Et la petite espérance, grâce précieuse, délicate et pure, nous fait découvrir le formidable désir d’une vie qui existe, éternellement harmonieuse, derrière le brouillard.
Ce n’est pas un rêve, frères et sœurs, c’est la nostalgie d’une symphonie que Dieu a inscrit au plus profond de nos cœurs, promise, et qui se réalisera par la résurrection de nos corps.
Pas de n’importe quel corps : de notre corps, libéré de la maladie et de la mort;
Notre corps qui lui-même jouira de la tendresse infinie que Dieu nous réserve, comme un père, vraiment Père.
L’Église tout entière vivra cette résurrection des corps.
Et là, je ne vois pas d’image meilleure que la splendeur de l’expression artistique pour évoquer le ciel.
La lumière sur le tableau ce sera le Christ qui va illuminer, de son corps ressuscité, chacune des touches de couleurs, parfaitement harmonieuses, de l’Église en gloire. C’est ce que nous fêtons aujourd’hui : cette lumière promise.
Le Ciel, ce sera une poésie délicieuse, et le Saint-Esprit nous fera plonger dans des profondeurs de sens et de mélodie que notre corps et notre âme ne cesseront de savourer, comme un festin éternel.
Et enfin, la symphonie de l’Église de tous les ressuscités, sans aucune fausse note, ce sera la découverte de la tendresse amoureuse du père qui nous prend dans ses bras. On ne goûtera vraiment à l’amour que lorsque, corps et âme, nous chanterons devant le trône éternel :
Saint, saint, saint !
Merci, Père bien-aimé de ta fécondité débordante et de toute la splendeur de la création, reflet du Père et du Fils, devenu homme et ressuscité, reflet aussi du Saint- Esprit qui ravive délicatement notre espérance en la résurrection finale et éternelle de l’Église.
‘saint, saint, saint, le Seigneur Dieu de l’univers !’

PAQUES NUIT 2024

Vous savez pourquoi Aurélie, Margaux, vous faites tressaillir de joie notre coeur ce soir ?
Je vais vous dire…
Au fond de chacun de nous, vous réveillez à la fois l’inquiétude et l’étonnement du mystère.
Par votre choix, votre désir, votre confiance à l’Eglise, mais plus encore par votre réponse à un appel qui vous dépasse, vous dites à chacun de nous ici, mais aussi au monde entier, – ce monde qui oublie la beauté, à ces hommes et femmes qui cherchent aussi, tous ses pauvres qui font le mal et qui font le bien –
Vous savez ce que vous leur dites ?
C’est qu’il y a un mystère, de joie.
Et vous nous invitez à goûter à une certaine beauté de l’homme qui se trouve dans l’innocence de son âme.
Comme il y a un émerveillement à la naissance d’un bébé, d’un nouvel être, tout fragile et pourtant tout aimé, il y a un émerveillement devant un nouveau baptisé, une nouvelle baptisée.
Vous savez ce que provoque un enfant, tout vivant, dans les bras de sa maman… He bien, notre coeur frémit de la même impression devant le mystère de votre baptême.
Comme il devait y avoir un étonnement devant la personne de Jésus, au regard lumineux de beauté, il y a un étonnement quand une âme, vos âmes à vous deux, vont s’ouvrir à la présence de Dieu, dans quelques minutes.
Vous avez votre monde… Votre famille, vos journées, avec vos combats, vos réussites et vos déplaisirs, vos amitiés, et vos craintes aussi…
Et là vous nous dites :
« Il y a une autre vie, il y a une autre pureté, il y a une autre beauté, une autre grâce, qui vient des profondeurs de nos âmes, et devant laquelle tout le régime commun du monde (le confort, son argent, ses problèmes,… ) ne pèse pas grand chose.
Jésus est là, et le monde change.
Mystère de la vie surnaturelle dans un cœur.
Aurélie et Margaux, ce soir vous nous changez la vie !
Heureusement, il y a le sacrement…
Sacrement du baptême.
Heureusement… pourquoi ?
Parce que, un sacrement, c’est un voile délicat pour tamiser l’éblouissement de la grâce divine.

S’il n’y avait pas le sacrement, on mourrait de découvrir votre naissance à la vie éternelle…
On mourrait de lumière en cette nuit de pâques !
Et vous aussi !
Alors Dieu filtre la puissance de sa grâce, son cadeau de vie, à travers les signes apparents du sacrement de votre baptême.
Et il vous demande depuis quelques temps, mais surtout à partir d’aujourd’hui, d’être deux étoiles nouvelles dans la nuit de notre monde qui résiste à Dieu. Margaux et Aurélie, non seulement Dieu vous donne la grâce de nous réjouir, mais il vous donne une mission avec votre baptême :
La mission de ne pas cacher sa lumière de vérité et son amour que vous puiserez dans des temps de prière régulière, dans la messe, et dans une vie de charité, humble et lumineuse.
Votre coeur maintenant doit être source de paix, de la paix du Christ, dans votre famille et dans toutes vos rencontres.
Aurélie, à partir d’aujourd’hui c’est un pas de danse avec Dieu que vous lui promettez, chaque jour.
Tous les jours Dieu attend que vous dansiez avec lui.
Prenez le temps de cette danse dans l’invisible de votre cœur. Et Dieu vous le rendra au centuple.
Margaux, vous commencez un chemin de bénédiction.
Permettez à Dieu qu’il l’épanouisse jusqu’à ce qu’il vous donne une paix profonde dans votre couple et dans votre cœur.
Et pour cela, il vous suffira de marcher humblement en présence de Dieu et en confiance de l’Église.
Et Dieu vous donnera le centuple de joie.
Mais ce soir, nous avons les extrêmes…! Baptêmes, ouvertures de lumière…
Et puis, premières communions
Maelya et Gaïanne.
La communion c’est l’accomplissement de notre vie chrétienne.
Ce n’est pas d’ouvrir la fenêtre pour regarder le ciel.
Maelya et Gaïanne , à chaque communion depuis ce jour ce sera le Ciel qui vient en vous.
Le Ciel présent dans votre cœur.
L’eau vive que Jésus a promise à la Samaritaine.
À chaque communion, quand vous recevrez Jésus sous l’apparence d’un petit morceau de pain, Jésus vous dira si vous l’écoutez bien :
 » c’est vrai que j’aime tous les hommes en général, mais parce que tu communies, je t’aime toi, en particulier, et depuis une éternité j’attendais de te le dire » J’attendais de te parler au plus profond de ton cœur.

Mais non seulement de te parler mais d’être présent, moi, le Dieu qui donne le bonheur.  »
Et c’est pour ça qu’une certaine nuit de Pâques, j’ai ressuscité.
Parce que je voulais être avec toi aujourd’hui. »
Bien sûr, Maelya et Gaïanne, il vous reste beaucoup à découvrir de la vie et du bonheur,
mais le meilleur chemin qui vous donnera la meilleure lumière, c’est qu’aussitôt que vous pourrez, vous courrez vers l’église pour communier.
Car à chaque communion Jésus vous donnera un amour plus grand, un cœur plus grand aussi.
Vous connaissez, Maelya et Gaïanne la fable de la cigale et de la fourmi…
 » La cigale ayant chanté tout l’été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue.
Elle alla crier famine chez la fourmi, sa voisine,
La priant de lui prêter quelques grains pour subsister jusqu’à la saison nouvelle… »
Alors, je passe, et je vais rapidement à la fin de la fable.
 » La fourmi lui répond :
‘ vous chantiez, j’en suis fort aise !
Et bien, dansez maintenant…’  »
La leçon de cette histoire,
Maelya et Gaïanne, c’est que, à chaque communion, vous serez une petite fourmi qui garde le grain de la vie éternelle.
À chaque communion, vous serez une petite fourmi qui grandit dans le cœur de Dieu.
Et Dieu vous donnera une force, une force qui sera une joie, de vaincre les vents froids de la vie.
Vous traverserez les hivers avec la flamme de Dieu en vous.
Et vous verrez les cigales, celles que l’on entend et que l’on voit sur les branches quand tout va bien, vous verrez les cigales chercher quelques grains pour subsister.
Et le plus beau dans votre vie, ce sera quand vous direz à une cigale de vos copines :
Tu chantais ?
Et bien maintenant, si tu veux vraiment vivre, viens découvrir mon trésor, là, à l’église d’à côté !
C’est Jésus, qui vient à chaque messe dans mon cœur.
Jésus, ce Dieu qui est venu sur terre pour apporter le soleil dans notre cœur. Ce Jésus qui a fait du bien, qui n’a mis aucune limite à son amour.
Ce Jésus qui a été plus fort que toutes les épreuves et qui est ressuscité. Ressuscité : celui qui a apporté une autre vie.

Je peux à chaque fois que je communie, le rencontrer et lui donner mon cœur. Parce que lui me donne son cœur.
Aurélie et Margaux, vous devenez des étoiles par votre baptême.
Maelya et Gaïanne, le soleil de bonheur vient vous visiter en cette nuit merveilleuse.
Ce Jésus, ce Jésus qui existe, il est Dieu, et il peut changer votre vie. Si vous lui donnez votre cœur.
Il peut changer notre vie à chacun de nous.

Vendredi saint 2024

Pourquoi ?
Pourquoi ce scandale que Dieu, le Père.. Le Père… a jeté son Fils, le Fils unique et Bien-aimé, en pâture à notre race humaine.
Pourquoi tant de souffrance ?
Il n’y a pas de réponse.
Parce que la réponse ce serait de vivre les souffrances de Jésus.
C’est ce que fait l’Église.
Parce que, avant d’être l’Église de la hiérarchie, l’Église des sacrements, l’Église de la Vérité, notre Église est crucifiée avec le Christ, par amour. Pourquoi Jésus méprisé, broyé par la souffrance, abandonné des hommes et de Dieu?
Je peux essayer un début de réponse.
Je ne devrais pas frères et sœurs, parce que celui qui pressent la réponse, c’est celui qui aime.
Et l’amour je ne peux pas vous le mettre dans le cœur.
Celui qui voit par amour connait la réponse.
La réponse, c’est que Dieu n’a pas voulu – ne pouvait pas d’ailleurs – sauver le monde par l’extérieur.
Comme on sauve quelqu’un qui se noie en lui envoyant une bouée.
Dieu devait sauver le monde par l’intérieur.
Et c’est là que la réponse devient difficile…
Parce que seul Jésus-Christ et descendu à l’intérieur de tout le mal humain. Et l’Église poursuit ce chemin de communion.
Vous voyez comme c’est le lourd.
Un seul enfant, qui en ce moment, se débat pour garder la vie qu’on veut lui arracher dans le ventre de sa maman, c’est déjà insupportable…
Jésus a vécu cette douleur, à l’infini des enfants qui se débattent.
L’Eglise a son cœur meurtri de la même douleur. Et pleure.
Un enfant à qui, en ce moment, on est en train de mentir, ou qui apprend le mensonge, c’est abominable.
Ce mensonge a giflé Jésus à l’infini.
Et l’Église souffre.
Chaque coup de fouet qui a écorché le Corps Sacré de Jésus est chacun de nos péchés qui a meurtri son Cœur sacré.
Et c’est trop…

Un seul de nos péchés peut avoir dans notre vie l’écho d’une douleur qui ne finit pas.

Quand un enfant est malade, sa mère est plus malade que lui de sa souffrance. Elle porte en son cœur le mal-être de son enfant.
Mieux vaudrait qu’elle n’ait pas d’amour pour ne pas souffrir autant.
Et pourtant, l’amour de sa mère permet à l’enfant de guérir.
Et bien, Jésus, Dieu fait homme, a voulu aimer de son amour infini l’homme malade pour qu’il puisse guérir de sa dégénérescence démoniaque.
Et l’Église pleure en nous, chrétiens, de la douleur de son amour pour tous ses enfants qui se perdent.

Jeudi saint 2024

Décidément, Simon Pierre n’a pas encore compris. Dans sa tête ça part dans tous les sens…
 » non tu ne me laveras pas les pieds »
 » si !  » répond Jésus..
 » bon alors lave-moi tout entier !… »
 » non !  » répond Jésus..
Pierre interprète le geste de Jésus comme un rite de purification.
Et Jésus lui dit ‘ c’est pas cela ‘
La purification elle se fait par l’esprit. par l’Esprit Saint.
Oui il en a besoin, mais c’est pas ce que Jésus veut signifier lorsqu’il lave les pieds de ses disciples.
Comment comprendre Jésus ?
Il est bizarre que l’Église donne comme geste exemplaire de Jésus, le jour de la première messe de Jésus – sa dernière aussi – en principal, le lavement des pieds.
Mais en fait, l’Église est géniale pour déployer le sens divin du message du Christ et de l’Évangile.
Pourquoi ?
Hé bien, parce que le lavement des pieds devient lumière lorsque nous participons à la messe.
Plus nous allons participer à la messe, avec tout notre cœur, tout notre être, plus nous allons comprendre le lavement des pieds des apôtres, la veille de la mort de Jésus. C’est peut-être pour cela que Simon-Pierre n’a pas compris au moment même le geste de son Sauveur.
Parce que Pierre n’avait pas encore célébré la messe…
À chaque messe, nous présentons au Seigneur, une petite offrande de pain et de vin. C’est déjà un sacrifice… – nous offrons quelque chose du fruit du travail des hommes, de notre travail.
Pauvre sacrifice…
Mais dans ce pauvre sacrifice, nous nous offrons nous-mêmes.
Dans toutes les religions, le mouvement fondamental est celui du sacrifice.
Et lorsque nous déposons le pain et le vin sur l’autel, nous ne valons pas plus que l’hindou qui brûle de l’encens devant ses dieux, où le musulman qui saigne le mouton. Parce que l’encens, le panier de fruits, le mouton, l’agneau, le pain ou le vin… tout cela n’est que pauvre offrande, sans valeur.
Et d’une certaine façon, tous ces sacrifices depuis l’origine de l’homme, portent la même signification :
L’homme donne une part de lui-même, et à travers ces signes se donne à Dieu, pour que Dieu lui soit favorable.
Très bien…

Le sacrifice est inscrit dans la nature de l’homme qui se place devant Dieu. Un homme qui ne sacrifie rien est une misère d’homme.
Il y aura un grand pas avec Abraham mais surtout avec Moïse, pour que ce sacrifice devienne le sacrifice à un Dieu qui est Sauveur.
Un Dieu qui nous parle.
Non seulement qui nous parle, mais qui vient agir dans notre histoire.
Et qui nous promet une histoire éternelle de bonheur.
Le mouton de la Pâque, pauvre bête, rôti au feu, parle à un Dieu qui aime l’homme et qui va tout faire pour récupérer l’homme qui s’est fait son malheur.
Mais je reviens à notre pain et à notre vin qui attendent là d’être posés sur l’autel. Nous allons nous mettre dans ses dons, nous allons mettre notre cœur devant Dieu.
 » priez frères et sœurs, pour que mon sacrifice qui est aussi le vôtre soit agréable et Dieu le Père tout-puissant »
C’est nous-mêmes qui nous sacrifions, comme nous allons sacrifier ce pain et ce vin. Mais entre notre sacrifice et le sacrifice du pain et du vin ça reste vraiment très pauvre.
Nous offrir à Dieu, nous, pauvres pécheurs, vraiment ce n’est pas faire un cadeau à Dieu…!
Alors qu’est-ce qui va se passer pour que la messe devienne le sommet de notre vie ? C’est au moment de la consécration qu’il va y avoir un changement fabuleux de la valeur de notre sacrifice.
Après Abraham, après Moïse, Jésus va changer le sens de ce sacrifice.
Le Dieu à qui nous l’offrons est toujours le Dieu de Moïse, le Dieu sauveur.
De ce côté-là, rien ne change.
Mais du côté du sacrifice, du pain et du vin, c’est Jésus qui va donner sa valeur en venant habiter ce pauvre petit morceau de pain qui ne pèse rien, cette goutte de vin, raisin pressé de la grappe que n’a pas mangée le sanglier.
Jésus non seulement vient habiter, mais se faire pain et vin.
Absorber la substance du pain et du vin pour se faire lui-même, dans tout son être, sacrifice à Dieu.
Au moment de la Consécration, c’est le Christ qui meurt devant son Père, qui se donne devant nous au Père, qui est son Père et qui est notre Père.
Je n’ai pas perdu le fil de mon propos. Qui était le lavement des pieds.
Par le lavement des pieds, Jésus entre dans le même mouvement annonciateur de la messe, de son sacrifice.
D’abord le sacrifice sur la Croix, et ensuite son sacrifice sur chacun de nos autels, à chaque messe, depuis deux millénaires.

Jésus prend la position d’esclave devant ses apôtres, pour bien leur donner le sens de sa mort sur la croix.
Jésus se met au pied de son Église, pour redonner devant Dieu du plus bas de l’homme, la valeur la plus précieuse de l’homme, devant son Créateur.
Je ne sais pas si vous comprenez bien, frères et sœurs, ce mouvement d’amour du Christ.
Jésus se fait… rien : à genoux devant ses apôtres, serviteur sans valeur qui dépoussière les pieds avec un peu d’eau.
Jésus se fait ‘rien’ : condamné à mort au milieu de deux vauriens.
Jésus se fait ‘rien’ : quelques grammes de pain sans levain et de vin
Mais dans ce rien de pain et de vin, sur cette croix, abandonné de toute consolation, il existe.
Il est le Fils. Il est le Fils bien-aimé, chéri du Père de toute éternité.
Et là où se trouve le Fils, se trouve le Verbe. Le Verbe éternel.
Et là où se trouve le Verbe, le Père donne la grâce.
Le Père pardonne tout.
Le Père pardonne à Pierre lorsque Jésus touche les pieds de Pierre.
Le Père pardonne et donne sa grâce lorsqu’un pauvre misérable regarde Jésus sur la croix.
Le Père nous aime et nous prend dans sa tendresse quand nous communions au Corps de son Fils qui se fait manger par nous.
D’un sacrifice misérable, Jésus en fait l’acte d’amour éternel.
Au moment de la consécration du pain et du vin, nous sommes en présence intime avec le moment où Jésus s’abaisse jusqu’à la mort pour nous.
Et bien sûr la communion à sa divinité et à son humanité sacrifiée, nous emporte dans l’intimité de Dieu !
Parce que Jésus n’a jamais cessé d’être dans la gloire éternelle, uni au Père.
A la messe, simplement, il emporte l’Eglise, c’est-à-dire tous les pauvres croyants qui font un acte de foi en lui,
Il emporte l’Église dans une étreinte d’union d’amour éternelle.
Que voulez-vous…
Rien au monde n’est plus beau, ni plus intense de vie, ni plus rempli de joie que ce que nous offre l’Église catholique à chaque messe.
Nous offrons la Victime sacrée qui rattrape tous nos manques d’amour, pour les ouvrir à la béatitude que nous promet notre Dieu de pardon.
Nous sommes enfants aimés du Père par Jésus-Christ, le même qui était au pied de ses apôtres.
Et demain sur la Croix.
Et aujourd’hui, comme dimanche, ressuscité sous l’apparence du pain et du vin.

RAMEAUX 2024

Frères et sœurs, ne sentez-vous pas dans cette fête des Rameaux une certaine ambivalence ?
Quelque chose reste ambigu.
Rien que la liturgie favorise ce sentiment d’instabilité.
Avant de rentrer dans l’église nous avons lu l’accueil festif que les foules font à Jésus.
Une fois rentrés, nous lisons l’évangile de la Passion…
On ne sait plus sur quel pied danser. Et c’est bien le cas.
Jésus vient à Jérusalem.
Il enseigne et il est épié.
Et puis, il retourne à Béthanie, pour être dans un environnement ami.
Ce n’est pas spécialement facile, parce que tout le monde ne le comprend pas. Ou plutôt, tout le monde ne l’accepte pas tel qu’il est.
Mais à Béthanie, il se repose des tensions.
Quand Jésus est quelque part, qu’est-ce qu’il se passe ?
Il se passe qu’il charge la réalité, les événements d’une saveur de vie.
Chaque parole, chaque geste, prend un goût de profondeur, une forte densité d’existence.
Ça peut paraître aux limites de la normale, – et ça l’est – mais on ne s’ennuie pas ! Une femme lui verse un parfum sur la tête…
Une autre, ou la même, lui essuie les pieds avec ses cheveux.
Il commande un repas, non pas par un coup de téléphone au resto, mais par une vision prophétique.
‘Vous allez rencontrer un tel, vous lui dites cela et il va vous répondre ça.
Il y aura un petit âne, etc, etc,..’
Jésus, c’est de la vie !
Alors d’où vient l’ambiguïté de cette fête des Rameaux ?
Elle vient que nous fonctionnons sur plusieurs étages.
Et que, souvent, – je n’ose pas dire toujours … – nous ne laissons pas circuler la vie entre nos différents étages.
On limite notre fonctionnement de tous les jours à un ou deux étages, presque étanches.
Je m’explique..
Nous avons en nous des possibilités d’amour, de relation, d’ouverture d’existence, presque à l’infini.

Et nous vivons sur un ou deux registres.
Pour les plus courts, ce sera sur une gamme étroite de désirs et de satisfactions. Pour d’autres, l’étage sera celui de leurs intérêts.
Matériels ou spirituels, dont ils tireront satisfaction.
Certains fonctionneront sur un amour pas toujours très pur.
Et en plus on ajoutera quelques péchés cachés qui réduisent encore notre vie.
Il y a quand même un étage supérieur : celui de la foi.
On fait partie de la religion…!
Bien que ce ne soit pas très bien vu maintenant, notre âme sait bien qu’il y a quelque chose de grand et de noble, de valeur, à faire partie de l’église catholique. Très bien…
Mais attention, si on ne ferme pas cette foi au 5° étage.
On peut s’élancer avec nos rameaux à la main, saluer celui dont on sait qu’il est Sauveur.. mais est-ce que nous lui ouvrons notre cœur ?
Est-ce que nous laissons la vie de Jésus irriguer nos journées ?
Si nous devons choisir entre Dieu et faire nos courses, ou faire un footing, est-ce que Jésus entre dans notre choix comme une source ou comme une option parmi d’autres ?
Est-ce que je dois aller faire mes courses ou aller à la messe, ou prendre une heure de prière ?
Réponse : je vais réfléchir. Mais à quoi ?
La réponse c’est que Jésus est notre vie, notre Dieu..!
Le seul qui nous donnera une jouissance éternelle…
Il n’y a même pas à réfléchir.
Sinon notre foi reste une part de nos intérêts, elle reste une option qui n’engage pas notre être.
Elle n’entre pas comme une surexistence vitale qui donne sens à tout ce qu’on fait et pense.
Donc, on peut bien acclamer Jésus, et le moment d’après critiquer l’Église ou son prochain.
Et par conséquent on vit dans l’ambiguïté. On en prend et on en laisse.
Sans s’en rendre compte, nous cultivons nous-même l’insécurité de notre cœur. Parce que notre cœur a besoin de se donner tout entier à celui qui est notre vie.

C’est dans sa nature.
Notre cœur a besoin d’un don entier.
Et quand on ne sait plus placer les priorités dans nos journées, un certain malaise de fond gêne notre âme. Normal.
Notre foi et faite pour transformer notre vie au cœur de nous-même.
Si on l’enferme à un étage, habituellement l’étage d’une croyance qui n’est pas enracinée dans un amour brûlant de Jésus et de l’Eglise, il y aura toujours quelque chose d’ambigu dans nos actes, quelque chose de pas tout à fait vrai.
Parce que ça n’ira pas jusqu’au bout.
On acclame Jésus, mais on se tait s’il faut affirmer notre foi devant des adversaires.
Ou bien, on retourne ce que Dieu nous propose à notre avantage.
Ça veut dire qu’on vit la foi dans son étage mais que notre cœur n’est pas irrigué de l’amour de Dieu.
Notre foi n’est pas un projet, ce n’est pas une morale, une discipline hygiénique pour vivre plus écolo… OU un confort de conscience.
C’est une source féconde qui irrigue chacun de nos instants d’un amour qui prend toute la place.
Comme notre vie, notre foi doit être branchée dans notre corps et notre âme. Et notre monde a besoin de flammes hautes et claires pour témoigner de Jésus.
Des flammes qui montent des sources de notre être et de notre personnalité capables d’éclairer et de réchauffer.
Il y en a heureusement qui se réveillent avec Jésus et dont le cœur bat toute la journée pour lui.
Ceux-là pourront traverser les ravins de la mort avec lui. Pour Lui.