Jésus est ressuscité.
C’est un fait.
Ça veut dire que la grâce est passée à travers toutes les absurdités accumulées du monde, depuis l’origine.
C’est un fait.
Qui donne une solution à tout le dysfonctionnement du monde.
C’est la seule merveille au monde.
Que la grâce soit passée à travers toute la souffrance et les dysfonctionnements du monde et l’absurde.
La grâce est passée.
Elle passe toujours.
Et elle est victoire.
Malgré tous les efforts des hommes nos frères, nous sommes toujours dans une situation de tour de Babel.
Depuis des millénaires les hommes se battent pour améliorer leur sort.
Pour développer leur confort et rendre leur vie plus facile.
Pour étendre leur puissance jusqu’aux étoiles.
(Ça peut les rassurer un peu…)
Et pour réduire leurs malheurs :
Réduire la souffrance.
La souffrance de la maladie.
La souffrance de l’affectif et de la solitude.
La souffrance des conflits.
La souffrance de l’incompréhension.
Et enfin les angoisses de la mort.
De toute mort d’ailleurs.
Or, l’homme se plante.
L’homme cultive le rêve qu’il fait des progrès.
La souffrance de la maladie ? Il n’y a jamais eu autant de malades.
La souffrance de l’affectif ?
Il n’y a jamais eu autant de blessures, de séparations, d’enfants meurtris par des parents qui manquent.
La souffrance des conflits ? :
Le rêve d’une paix universelle, c’est vraiment pour les naïfs.
La souffrance de l’incompréhension ?
Parlons-en… la prolifération des blogs, des ondes qui passent par les satellites, du gavage des informations, et des messages par Instagram, mettent en évidence la dèche, la misère de nos capacités de connaissance.
Quant à la mort, on ne veut plus l’affronter, on glisse dedans après s’être enivré de confusions.
Et ça, c’est depuis le début du monde.
Et puis est arrivé Jésus-Christ.
Qui a refusé toutes les illusions des hommes naïfs.
Des hommes naïfs bons et des hommes naïfs méchants.
Jésus-Christ a traversé la réalité du monde, pauvre de tous ses péchés.
Mais Jésus-Christ a traversé notre monde avec une lumière.
Une lumière différente, d’un autre monde.
Lumière du Royaume des Cieux.
Il n’a pas refusé la souffrance, il s’y est enfoncé.
Il n’a pas refusé le détachement affectif. Il l’a conseillé.
Il n’a pas refusé la pauvreté.
C’est à partir d’elle qu’il a ouvert de nouveaux fleuves de vie.
Quant aux conflits, il ne les a pas contournés.
Rappelez-vous : « je ne suis pas venu apporter la paix… mais le feu sur la terre »
Aucune domination ne l’a intéressé.
Aucun confort.
Aucune richesse.
Parce que Jésus-Christ à travers la pauvreté, la souffrance, et même à travers la mort a fait passer la grâce de Dieu.
Il n’y a que la grâce de Dieu qui nous suffit.
Tout le reste est trop empoisonné pour être récupérable.
Jésus-Christ a fait passer la grâce et le pardon.
Ou l’inverse, il a fait passer le pardon et la grâce.
Mais il reste un problème, une question…
Jésus-Christ est passé. Soit.
La grâce est passée. Soit.
Mais si elle ne passait pas, aujourd’hui, ce serait complètement vain pour nous.
On dirait : « un jour, un homme est ressuscité. Il est passé à travers toutes les contingences de notre bas-monde. Quel beau souvenir ! »
Et alors… ?
Et ben, alors, il y a une merveille
C’est que je peux parler en fait au présent.
Jésus-Christ n’est pas passé, Jésus-Christ passe.
Aujourd’hui, comme hier.
Sinon, ce serait le désespoir.
Jésus-Christ passe aujourd’hui dans chaque messe, en sa plus forte présence.
Jésus-Christ nous met aujourd’hui les pieds dans le fleuve de sa grâce de vie.
Et comment ?
C’est le coup génial de Jésus :
En vivant sa victoire à chaque messe.
À chaque messe, Jésus passe à travers toutes les souffrances.
Il vit toutes ses souffrances.
Il passe à travers sa mort.
Et il se donne à nous dans un fleuve de lumière.
Se donne à nous parce qu’il est présent, vivant, qu’il peut toucher notre cœur et le vivifier, le réparer, le faire s’évanouir de bonheur.
Et le coup génial, c’est d’avoir inscrit son sacrifice et sa Résurrection, liés indissolublement, dans ce rite de la messe où l’on a l’impression de manger du pain alors que nous mangeons la vie éternelle.
Ça, c’est le coup génial.
Divin.
Et quand nous mangeons cette hostie, vivante de la vie du Christ, nous traversons ou plutôt la grâce nous traverse, la grâce vient traverser nos souffrances, nos conflits, nos incompréhensions, nos limites.
Le seul bonheur qui a sauvé le monde nous pouvons le participer.
Et c’est cet anniversaire de l’institution de l’Eucharistie qui fait exploser la victoire dans notre vie.
Par l’Eucharistie, qui est rien pour ceux qui n’ont pas la foi, nous ouvrons une minuscule porte par laquelle peut passer un océan de vie éternelle.
Et le reste nous le laissons au monde qui continue de s’amuser de façon dramatique dans ses illusions.
On attendait la grâce.
Disons… certains attendaient la grâce. Les prophètes, quelques hommes et femmes de Dieu.
La grâce est passée.
Et la grâce passe aujourd’hui dans cette église.
Et elle passera par le monde jusqu’à la fin du monde.
Parce que Jésus a dit un jour :
« ceci est mon corps livré, ceci est mon sang versé. »