TEMOIGNAGE DE VIE DE DENIS – JOUR DE LA PENTECÔTE

En fin de messe de la solennité de la Pentecôte, Denis  Tummino nous a partagé son parcours de vie et son retour à Dieu et à l’Eglise après de nombreuses années d’éloignement .

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En cette journée de Pentecôte, c’est avec une grande humilité que je me présente devant Dieu et devant vous, avec l’espoir de recevoir l’Esprit Saint ainsi que le pardon pour m’être détourné pendant un temps de l’Amour de Dieu.
J’ai été baptisé quelques mois après ma naissance, il y a environ 70 ans.
Je suis allé au catéchisme, fais mes communions privée, solennelle et confirmation. Je me suis mariée à l’église, notre fille est baptisée, notre petite fille, également.
J’ai suivi le chemin de l’église jusqu’à ce que je me détourne de la religion en ne pratiquant plus durant de nombreuses années. Il m’arrivait au cours de voyages, d’entrer dans des lieux de cultes ou je faisais une prière mais sans plus.
Je n’ai pas connu mon père, il est difficile pour moi de dire papa car ce dernier est décédé alors que je n’avais que deux ans.
En 1995, J’ai été victime d’un accident et suis resté dans le coma durant deux semaines. Au cours de ce coma, j’ai connu ce que les scientifiques nomment une expérience de mort imminente. Durant ce voyage intemporel, j’ai rencontré mon père qui m’a clairement dit que mon heure n’était pas arrivée
et que je devais encore parcourir un chemin sur terre. D’une façon bienveillante, il m’a reconduit à cette frontière séparant le monde réel du monde intemporel.
Après réflexion de plusieurs mois, je ne savais pas de quel chemin mon papa m’avait parlé.
J’ai opté pour entrer dans une association philosophique  servant au bien de l’humanité. C’est tout du moins comme cela que cette association se qualifie et se dénomme.
Cette association est présente dans tous les pays du monde, elle est universelle. Cette association possède ses lois, ses règles de conduite, se dit discrète mais non secrète et pas tout le monde peut y adhérer ou plus exactement y entrer.
On entre dans cette association après avoir subi, ce que j’appelle aujourd’hui des examens de passage. Cette association a pour nom : la Franc-maçonnerie.
Après avoir subi ces fameux examens de passage, la personne qui est jugée digne d’y entrer, cette personne dénommée profane, est initiée afin d’accéder au premier degré. Il y a trente trois degrés.

Au début, dans cette association, des titres sont donnés selon les degrés, en commençant humblement par : Apprenti, Compagnon et Maitre Lors de la cérémonie d’initiation, le maitre des lieux, appelé vénérable maitre, sacralise le lieu appelé temple et donne la lumière au profane en le sacrant
apprenti franc-maçon. Premier degré de cet ordre.
Mais qui est-il ce vénérable maitre, cet humain, pour sacraliser un lieu, pour donner la lumière et pour consacrer une personne ? La lumière ne nous a-t-elle pas été donnée le jour de notre baptême ?
Faisant croire à une certaine bienveillance, la franc-maçonnerie demande aux nouveaux initiés, lors de l’initiation, de prêter serment sur l’ouvrage de leur choix : bible, torah, coran etc. Afin d’éviter tout malentendu, il est demandé de
croire à une divinité dénommée d’un commun accord : Le grand architecte de l’univers.
En tant que franc-maçon, j’étais de plus en plus convaincu que nous devenions les meilleurs, les maitres du monde, les élus.
Cela m’a conduit à une démesure de l’égo. On se flatte mutuellement et notre ego enfle. On a l’impression que rien ne peut nous arriver, que l’on détient la vérité. Mais de quelle vérité parle-t-on ? Je suis entré en franc-maçonnerie le 17 janvier 1997 et en suis sorti en 2022.
J’ai occupé pratiquement tous les postes.
On apprend, sans aucune vérification, sans se poser de question, que l’on détient, soit disant, le secret des bâtisseurs des cathédrales. On nous dit que la Franc-Maçonnerie est à l’origine de la construction du temple de Salomon et que l’Arche d’Alliance est gardée dans un lieu sacré et secret que seuls les grands initiés en connaissent l’emplacement.
Puis, après quelques années passées dans cet ordre, dans cette association et dans les degrés subalternes, (apprenti, compagnon, maitre) seul un petit nombre, l’élite de l’élite, des élus parmi les élus entrent dans ce que la Franc-maçonnerie appelle : les hauts grades.
Là, les nouveaux titres se veulent de plus en plus élogieux, comme par exemple parmi la trentaine de titres, je nommerai :
Maitre secret, Grand élu, Prince de Jérusalem, Grand pontife, Grand inquisiteur commandeur ou encore Grand inspecteur général.
Au fur et à mesure de mon ascension dans cet ordre, au fur et à mesure des franchissements de degrés, au fur et à mesure de mon ascension dans les hauts grades, je me suis rendu compte que j’étais dirigé, que j’étais instrumentalisé mais que cette direction, cette instrumentalisation était de l’auto-
instrumentalisation.
Encore et toujours la flatterie, l’égo démesuré.
Au fur et à mesure des années et des franchissements de grades, on a l’impression de gravir une pyramide où, à chaque marche, il y a de moins en moins d’élus.
Une sorte d’écrémage ou comme écrivait Rabelais, on ne  retient que la substantifique moelle pour finir au sommet, seul et unique.
Peu à peu, alors que j’avais atteint un de ces titres dans les hauts grades, je me suis mis à douter du chemin pris en 1997.
Je me suis rendu compte que je ne vivais plus que pour la FM.
Que ma famille, mes connaissances s’éloignaient de moi. Mais est-ce elles qui s’éloignaient de moi ou moi qui m’éloignait d’elles ? J’étais entré dans un monde factice, un monde de mascarade dont mes parents, mes proches, mes amis étaient exclus.
Je me suis interrogé et j’ai pris conscience que mon égo avait pris une démesure innommable. Cette démesure m’a conduit dans les péchés que quelques personnes ici présentes en cette église et mon confesseur, le père Thierry Galant, connaissent.
Je me suis rendu compte que, plus je montais les marches de cette pyramide, plus je me prenais pour Dieu. La flatterie de l’égo poussait à son paroxysme.
J’avais perdu ma personnalité.
J’ai pris conscience que je ne servais pas Dieu mais Lucifer. Cet ange porteur de lumière. Cet ange déchu pour s’être rebellé contre Dieu. Peu à peu l’ange déchu a glissé vers Satan.
Je servais donc le diable.
Au bout de 25 ans d’errance, je me suis rendu compte que j’avais fait fausse route. Je n’avais pas fait le bon choix. Je ne suivais pas le bon chemin pour servir le bien mais le mauvais chemin pour servir le mal, pour servir l’esprit malin. Pour servir le diable.
Poussé par une force inconnue, je suis alors entré dans une église et je me suis mis à prier, j’ai appelé mon papa à l’aide. J’espérai que ce dernier réapparaisse comme dans mon coma et me donne la solution. Mais rien de cela n’est arrivé.
Seules des larmes se sont mises à couler sur mes joues.

Mes prières ont été entendues et m’ont conduit à la rencontre du père Thierry Galant. J’ai trouvé en ce prêtre une oreille attentive, un homme sans jugement, un homme d’écoute.
Il m’a conseillé de rencontrer Monseigneur l’Evêque, ce que je fis. Là encore, une oreille attentive à ma quête. Là encore, la bienveillance.
Je regrette profondément ces vingt cinq années d’errance, de mensonges, de parjure. J’ai abandonné Dieu durant ces années mais lui ne m’a jamais abandonné.
Alors que j’étais perdu, alors que je me trouvais hors du chemin, il a entendu mes prières, il m’a tendu la main et m’a reconduit au sein du troupeau.
Cette reconduite ne s’est pas faite sans difficulté. Le chemin était semé d’embuches, d’épreuves plus éprouvantes les unes que les autres. Le malin, Satan, ne voulait pas laisser partir le serviteur que j’étais devenu, son serviteur.
J’ai souffert de maux physiques divers et variés, visibles par radio, scanner et autres procédés que la science médicale n’a pu expliquer et encore moins apaiser.
J’ai prié la Vierge Marie, je l’ai appelé à l’aide. Les maux physiques disparaissaient sans laisser de trace mais d’autres faisaient leur apparition. Peu à peu, le combat engagé contre le diable est devenu moins éprouvant. Mais ce dernier ne lâche pas prise facilement. Ce combat est de moins en moins violent
aujourd’hui, mais il n’est pas terminé.
J’ai compris que l’appartenance à la franc-maçonnerie est incompatible avec la foi chrétienne. On ne peut servir Dieu et Satan à la fois. On ne peut faire l’apologie de l’un sans détruire l’autre.
J’ai retrouvé la foi. J’ai retrouvé le chemin de l’église. J’ai retrouvé ma famille.
J’ai retrouvé mes proches mais mon chemin de pardon n’est pas terminé. Sera- t-il terminé un jour ? Seul Dieu me le fera savoir.

Mon épouse, Odile, ici présente, ne m’a jamais lâché la main. Odile est là, à mes côtés depuis une cinquantaine d’années. Elle n’a jamais faibli. C’est un roc qu’aucune tempête n’a pu ébranler. L’amour qu’elle me porte m’a permis de
retrouver le droit chemin, le chemin de la lumière, de la vraie lumière.
Nous parcourons de nouveau, Odile et moi, ce chemin d’amour main dans la main.