HOMELIE NUIT DE PAQUES (Baptême et première communion de Léa)

Comment peut-on définir la résurrection ?
la résurrection, allez ! Je dirais… c’est une danse.
Il y a deux positions pour être à une soirée dansante.
Il y a celui qui regarde, assis, un verre à la main.
Et puis il y a le couple, ( généralement, on danse à deux…), partenaire contre partenaire, qui tourne, et qui se frôlent, et se projettent en avant puis en arrière, et se rejoignent, et se retiennent par une main, parfois par le bout des doigts.
Celui qui est assis, il ressent ce mouvement de va-et-vient, de tours et de détours, au rythme de la musique.
Il reçoit ce mouvement qui tourne dans sa tête.
Et puis il ressent aussi, inévitablement, sa solitude.

Tandis que le couple qui danse, justement, il se rit de la solitude.
Ce moment-là de toute façon, corps et âmes sont en communion, pour eux.
Je parle bien sûr des bons danseurs, pas de ceux qui se marchent sur les pieds !
Une communion qui promet…
Ils jouent le jeu de l’harmonie, légère, pour la promesse d’une harmonie plus profonde.

Hé bien la résurrection, ce n’est pas assis que nous pouvons la mesurer.
La Résurrection c’est quand on danse la danse de la grâce.
Il n’y a pas de discours de la Résurrection.
Il n’y a pas de mode d’emploi.
Il y a la danse, des corps.
Il y a la danse de la résurrection, la danse avec l’Esprit Saint.
La Résurrection c’est la danse avec l’Esprit Saint qui nous donne la présence qu’on ne peut pas attraper, du Sauveur dans sa gloire.
Ni attraper, ni tenir contre nous.
Avant sa Passion, Jésus était le fils de l’homme, dans l’humilité.
Grande humilité.
On peut le toucher et l’entendre.
Les foules l’écrasent même.
Mais à sa résurrection, il est le Sauveur lumineux…
Qui danse, mais avec notre âme.

Léa, tu es entrée dans cette danse avec Jésus.
Ce n’est pas ce soir, que tu as engagée cette danse, mais bien plutôt la première fois que tu es rentrée dans cette église.
Toute seule, tu es rentrée avec un désir.
Un désir qui ne venait pas de toi.
Et tu es ressortie de cette église en dansant avec quelqu’un…
Toi seule doit te rappeler ce pas de danse dans l’intime de ton cœur…
Peut-être pas même… C’était un pas tout timide. Tout discret.
Mais en cette nuit, le Christ, le Christ dans toute sa Gloire, celui que depuis des siècles le monde acclame comme vivant, ressuscité;
celui que depuis des siècles, l’Église embrasse comme son Epoux..
Le même, il vient t’inviter au milieu de la piste –  oui je sais tu n’aimes pas être au milieu de la piste aux étoiles, c’est tout à ton honneur – mais il vient t’inviter à finir cette danse invisible.
Et ce soir, c’est pour toute ta vie.
Pendant toute ta vie, tu vas pouvoir vivre d’une lumière qui donne la joie.
Tout ce que je peux désirer pour toi, c’est que tu ne t’assieds pas sur le bord de la piste, mais que tu veuilles devenir lumière avec celui qui est la lumière du monde.
Ce n’est pas pour une gloire d’étincelles.
Ce n’est pas pour faire la princesse.
Ton prince, c’est d’abord Jésus qui veut être la joie de ton cœur.
Laisse-toi emporter sur son chemin. Il est le Chemin.
Il est la danse.
La danse de la Vérité.
Il n’y a que la danse de la vérité qui comble le cœur d’un enfant, d’une jeune fille, d’une jeune femme, de n’importe quel homme de n’importe quel âge.
Le baptême, ton baptême, va te plonger dans la vérité qui est le Christ.
La vérité du Christ va te permettre de vivre ta vérité. Le plus pur de toi-même.
Et tout ce que je dis et qui s’applique pour ce moment de baptême, tu peux le comprendre pour toute ta vie aussi.
Ta vie devient chemin de vérité.
Pour toi, pour ton cœur, et pour les autres
Et tu lui dis… : ‘oui à la vérité’.
Mais en fait tu dis oui au Christ
et tu dis oui, tout simplement, à la joie de ta vie.
Et quand tu vas dire ‘amen’ au moment de ta première communion, c’est comme si tu disais devant tout le monde que tu veux le plus grand bonheur pour toi dans ta vie.
Tu deviens prophète.
Parce que dire ce qui fait notre bonheur, quand c’est un amour le plus profond, c’est être prophète.
Comme dit le Livre de l’Apocalypse : « le témoignage de Jésus c’est l’Esprit de prophétie. »
Parce qu’il n’y a pas de plus grand bonheur que de communier au Christ ressuscité.
De donner son cœur au Christ ressuscité, à chaque communion.
Rappelle-toi, un jour qui sera peut-être plus gris que les autres, que tu as commencé cette danse en cette nuit de Pâques, et que même si tu ne sais plus comment placer tes pieds pour danser, le Christ silencieux, peut-être invisible et pourtant lumineux, sera tout près de toi, fidèle, il gardera ta main dans la sienne, pour te guider, pour te relever, pour te donner un cœur grand aux dimensions de sa Résurrection.
Ne crois pas, Léa, que la vie chrétienne est un tapis roulant de facilité.
On ne danse pas sur un tapis roulant.
Ce serait plutôt une cage de boxe thaï.
Mais je sais que tu ne te fais pas d’illusions.
Le combat est rude, le Christ est passé par le combat.
Mais la victoire elle est aux dimensions de ta vie, aux dimensions de l’histoire même du monde.
Et surtout elle est aux dimensions de l’Église.
Tu verras beaucoup de petits hommes qui joueront avec l’écume de la vie.
Et qui essaieront de jouer avec l’écume de ta vie.
Et bien… à toi, aujourd’hui, dans cette nuit, il t’est proposé de jouer, de danser, avec les profondeurs de la grâce dans ton cœur.
Peu comprendront ton choix, mais qu’importe.
Notre personnalité, notre liberté, plus elles sont fortes et pures, moins elles sont comprises.
Le bon Dieu ne les a pas faites pour être comprises, mais il les a faites pour être ‘communiées’.

Dans la communion des saints, de toutes les âmes qui cherchent la lumière, dans la communion de toute l’Église, nous communions à la joie de ton cœur, ce soir.

HOMELIE VENDREDI SAINT

VENDREDI SAINT 2025
Je vais vous raconter frères et sœurs, le fondement de notre monde.
… Je suis désolé mais ce n’est pas une histoire drôle. C’est une histoire que l’on cache depuis l’origine du monde. En temps normal, on recherche la vérité. On recherche les éléments de vérité et de fausseté, dans l’histoire et dans nos histoires. Mais en temps de confusion, on ne recherche plus la vérité, on recherche le sauve qui peut. Le premier souci de l’homme avant même de trouver la vérité c’est de trouver le salut. De sauver sa peau, tout simplement. Dites à quelqu’un : « tu es foutu. pour quelques raisons que ce soit vous lui dites : tu n’as plus aucune chance de poursuivre ton existence. »
.Il se battra comme un animal pris au piège, jusqu’à la mort de son adversaire . Or dans les temps de confusion où l’on ne sait même plus où se trouve l’adversaire, Et ça je le répète c’est depuis le commencement du monde… Dans les temps de confusion il ne reste qu’une chose : On ne recherche qu’un bouc émissaire, une victime. La victime qui nous réconciliera même dans le mensonge et la décadence. Or c’est très simple, quand quelqu’un nous a déstabilisé par la vérité on va le
tuer par le mensonge. Par n’importe quoi d’ailleurs, mais le mensonge est l’arme du pauvre, et du lâche qui sommeille en chacun de nous. Il faut le transformer en victime. Ce quelqu’un ça peut-être un pays, ça peut-être un loup-garou imaginaire que l’on découvre chez le voisin, Le mieux c’est que ce soit une seule personne. Comme le dit Caïphe dans l’évangile. Une seule victime peut réconcilier notre conscience et peut calmer le peuple. Il n’y a plus vérité ou mensonge, il y a victime. Les fusibles de la nature humaine sautent quand la confusion a pris le dessus. Les fusibles c’est-à-dire la vérité et la justice.
Premier élément : la confusion. Deuxième élément, une déstabilisation :
Les pharisiens sont déstabilisés. Ils sont mal à l’aise. Tout le monde est mécontent. Aux pauvres et aux boiteux, les pharisiens ne donnent pas de solution à leur maladie. Les Romains occupent le pays et pressurent le petit peuple juif par des impôts et par une présence païenne . Tout le monde est mécontent. Il y a des révoltes sporadiques qui sont dangereuses pour tout le monde : pour les Romains, pour la hiérarchie officielle juive, pour les innocents qui en font les
frais. Et on va faire porter la dangerosité de ces révoltes sur Jésus. On va même jusqu’à l’identifier à un révolutionnaire dangereux. Les pharisiens vont se mettre du côté de Barabas, le brigand meurtrier. qui l’eut dit ? les honorables pharisiens se font alliés de Barabas… !
Les pharisiens vont se faire l’allié du pouvoir romain. Et pour eux, Jésus est un danger parce qu’il ridiculise leur autorité. Dans ces cas-là, lorsque nous sommes en danger nous cherchons une victime pour détourner le danger. Et la meilleure victime ce n’est pas celle qui est innocente ou pas innocente, c’est celle qui est inoffensive. Qui ne pourra pas répliquer. Ou tout simplement qui ne voudra pas répliquer. Jésus avait toutes les caractéristiques d’être la meilleure victime pour les pharisiens. Il y avait simplement un petit inconvénient mais qui n’était pas prévisible par les pharisiens : c’est qu’il était Dieu et qu’il allait ressusciter. Deuxième élément, la désignation d’une victime. 3e élément, la réconciliation avec l’ennemi dans le mensonge qui a tué la victime. Ce n’est pas une option c’est le fond de notre humanité touchée par le péché originel. La seule façon d’être en dehors de cette dialectique monstrueuse c’est d’être
la victime. Il y a deux sortes de victimes :
Il y a la victime qui subit et qui ne comprend pas même l’injustice qui lui tombe dessus. Il suffit qu’elle ait un petit bout de culpabilité. Et c’est sur cette blessure qui peut-être minime que vont s’acharner ces bourreaux. Et puis il y a la victime qui s’offre. La victime qui domine son bourreau. Qui le regarde dans les yeux. Et qui lui dit:« ce que tu as à faire fais-le vite ». Et qui ajoute : « convertis toi, parce que toi aussi tu es un enfant chéri du Père ». Dans son discours des Béatitudes, Jésus ne fera pas de différence entre victime soumise, inconsciente, et victime dominante. « bienheureux les persécutés. Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice. bienheureux les pauvres. bienheureux les cœurs purs. Bienheureux ceux qui pleurent.»
L’homme retourne l’accusation qu’il a méritée C’est une généralité qui se propage depuis le meurtre de Abel par Caïn. Et même depuis le premier péché de Eve. La première parole de Adam c’est :
« c’est de sa faute. C’est elle qu’il faut châtier. »
La première parole de Eve :
« c’est de sa faute. c’est lui le serpent qu’il faut châtier ». La première parole de Adam et Eve après leur péché c’est pour désigner une victime expiratoire. En fin de compte, qu’importe l’immensité des péchés qui nous plombent la vie. Ce qui importe c’est de s’acharner sur une victime. Le sacrifice est le fond de l’amour. Le sacrifice est le fond de la justice. Le sacrifice et le fond de notre nature. S’il est vécu par amour, il nous grandit et il participe à la fécondité de Dieu. Il est promis à la résurrection et il nous divinise. Voilà aussi pourquoi on a tant de crainte au mot ‘sacrifice’ Parce que l’on sait qu’il nous attend à tous les coins de rue. Qu’il est inévitable. Qu’il est même salvateur. Voilà pourquoi personne n’a rien dit quand le Christ a été accusé et condamné. Parce que chacun préfère que la réconciliation soit sur le sacrifice de son voisin. Et là il n’y a plus à savoir si il est innocent ou pas. C’est lui qui doit être sacrifié un point c’est tout. Alors même que je l’ai suivi en ami pendant 3 ans, comme Pierre et les autres apôtres. Alors même qu’il m’a guéri. Alors même qu’il m’a donné de l’eau vive et la grâce à flot. Le Christ qui s’est présenté comme une victime parfaite, une fois pour toute l’éternité, cela suffit. Seigneur notre Dieu, prends pitié de nous pécheurs misérables. Jésus, Fils du Dieu vivant, victime nécessaire, pardonne-nous, pardonne nos immenses péchés. Nous vivons sur ton sacrifice et nous vivons par ton sacrifice.

HOMELIE JEUDI SAINT

Jésus est ressuscité.
C’est un fait.
Ça veut dire que la grâce est passée à travers toutes les absurdités accumulées du monde, depuis l’origine.
C’est un fait.
Qui donne une solution à tout le dysfonctionnement du monde.
C’est la seule merveille au monde.
Que la grâce soit passée à travers toute la souffrance et les dysfonctionnements du monde et l’absurde.
La grâce est passée.
Elle passe toujours.
Et elle est victoire.

Malgré tous les efforts des hommes nos frères, nous sommes toujours dans une situation de tour de Babel.
Depuis des millénaires les hommes se battent pour améliorer leur sort.
Pour développer leur confort et rendre leur vie plus facile.
Pour étendre leur puissance jusqu’aux étoiles.
(Ça peut les rassurer un peu…)
Et pour réduire leurs malheurs :
Réduire la souffrance.
La souffrance de la maladie.
La souffrance de l’affectif et de la solitude.
La souffrance des conflits.
La souffrance de l’incompréhension.
Et enfin les angoisses de la mort.
De toute mort d’ailleurs.

Or, l’homme se plante.
L’homme cultive le rêve qu’il fait des progrès.
La souffrance de la maladie ? Il n’y a jamais eu autant de malades.
La souffrance de l’affectif ?
Il n’y a jamais eu autant de blessures, de séparations, d’enfants meurtris par des parents qui manquent.
La souffrance des conflits ? :
Le rêve d’une paix universelle, c’est vraiment pour les naïfs.
La souffrance de l’incompréhension ?
Parlons-en… la prolifération des blogs, des ondes qui passent par les satellites, du gavage des informations, et des messages par Instagram, mettent en évidence la dèche, la misère de nos capacités de connaissance.
Quant à la mort, on ne veut plus l’affronter, on glisse dedans après s’être enivré de confusions.

Et ça, c’est depuis le début du monde.

Et puis est arrivé Jésus-Christ.
Qui a refusé toutes les illusions des hommes naïfs.
Des hommes naïfs bons et des hommes naïfs méchants.
Jésus-Christ a traversé la réalité du monde, pauvre de tous ses péchés.
Mais Jésus-Christ a traversé notre monde avec une lumière.
Une lumière différente, d’un autre monde.
Lumière du Royaume des Cieux.
Il n’a pas refusé la souffrance, il s’y est enfoncé.
Il n’a pas refusé le détachement affectif. Il l’a conseillé.
Il n’a pas refusé la pauvreté.
C’est à partir d’elle qu’il a ouvert de nouveaux fleuves de vie.
Quant aux conflits, il ne les a pas contournés.
Rappelez-vous : « je ne suis pas venu apporter la paix… mais le feu sur la terre »
Aucune domination ne l’a intéressé.
Aucun confort.
Aucune richesse.
Parce que Jésus-Christ à travers la pauvreté, la souffrance, et même à travers la mort a fait passer la grâce de Dieu.
Il n’y a que la grâce de Dieu qui nous suffit.
Tout le reste est trop empoisonné pour être récupérable.
Jésus-Christ a fait passer la grâce et le pardon.
Ou l’inverse, il a fait passer le pardon et la grâce.

Mais il reste un problème, une question…
Jésus-Christ est passé. Soit.
La grâce est passée. Soit.
Mais si elle ne passait pas, aujourd’hui, ce serait complètement vain pour nous.
On dirait :  « un jour, un homme est ressuscité. Il est passé à travers toutes les contingences de notre bas-monde. Quel beau souvenir ! »
Et alors… ?

Et ben, alors, il y a une merveille
C’est que je peux parler en fait au présent.
Jésus-Christ n’est pas passé, Jésus-Christ passe.
Aujourd’hui, comme hier.
Sinon, ce serait le désespoir.
Jésus-Christ passe aujourd’hui dans chaque messe, en sa plus forte présence.
Jésus-Christ nous met aujourd’hui les pieds dans le fleuve de sa grâce de vie.
Et comment ?
C’est le coup génial de Jésus :
En vivant sa victoire à chaque messe.
À chaque messe, Jésus passe à travers toutes les souffrances.
Il vit toutes ses souffrances.
Il passe à travers sa mort.
Et il se donne à nous dans un fleuve de lumière.
Se donne à nous parce qu’il est présent, vivant, qu’il peut toucher notre cœur et le vivifier, le réparer, le faire s’évanouir de bonheur.

Et le coup génial, c’est d’avoir inscrit son sacrifice et sa Résurrection, liés indissolublement, dans ce rite de la messe où l’on a l’impression de manger du pain alors que nous mangeons la vie éternelle.
Ça, c’est le coup génial.
Divin.
Et quand nous mangeons cette hostie, vivante de la vie du Christ, nous traversons ou plutôt la grâce nous traverse, la grâce vient traverser nos souffrances, nos conflits, nos incompréhensions, nos limites.

Le seul bonheur qui a sauvé le monde nous pouvons le participer.
Et c’est cet anniversaire de l’institution de l’Eucharistie qui fait exploser la victoire dans notre vie.
Par l’Eucharistie, qui est rien pour ceux qui n’ont pas la foi, nous ouvrons une minuscule porte par laquelle peut passer un océan de vie éternelle.
Et le reste nous le laissons au monde qui continue de s’amuser de façon dramatique dans ses illusions.

On attendait la grâce.
Disons… certains attendaient la grâce. Les prophètes, quelques hommes et femmes de Dieu.
La grâce est passée.
Et la grâce passe aujourd’hui dans cette église.
Et elle passera par le monde jusqu’à la fin du monde.
Parce que Jésus a dit un jour :
« ceci est mon corps livré, ceci est mon sang versé. »

RAMEAUX 2025

Le Pape Saint Grégoire le Grand écrivait :
« il faut savoir que la volonté de Satan est toujours inique ( inique, ça veut dire injuste, misérable de la dernière espèce), mais… continue Saint Grégoire, son pouvoir, le pouvoir de Satan n’est jamais injuste. »
Cette remarque est très importante.
Ça veut dire que Dieu permet par une intention des plus belles et des plus positives et des plus justes, il permet au diable de commettre des injustices.
Jésus a permis au diable d’aller jusqu’au bout de l’horreur.
Devant un bébé qui souffre, il y a quelque chose d’insupportable dans notre souffrance.
Notre nature se rebelle.
Devant un innocent accusé injustement, il y a quelque chose d’intolérable.
Et pourtant, il n’existe pas de bébé parfait, ni d’innocent totalement innocent.
Jésus est l’être le plus pur, le plus innocent.
Il y a quelque chose d’irrésistible attirance devant un petit enfant.
On a envie de le regarder, de lui faire quelques mimiques pour qu’il nous regarde, qu’il nous sourit. il est toute promesse.
On a envie de le porter, de protéger sa fragilité, de lui éviter toute souffrance…
Hé bien, Jésus devait provoquer 10000 fois plus cette attirance, cet éblouissement qui se produit quand on approche de la pureté.
Il y a quelque chose d’instinctif.
Comme d’ailleurs de regarder une jolie femme. ‘ jolie’ ça veut dire de laquelle émane de la pureté, quelque chose de vierge, ( beauté et pureté se marient bien)
Et bien, sans qu’il y ait aucun désir charnel, le regard de Jésus provoquait l’adoration.
La personnalité de Jésus était d’une exceptionnelle lumière pure.
Une lumière qui émanait de son cœur divin à travers sa nature humaine.
C’était exceptionnel.
Et l’on se rend compte alors que l’injustice qu’a suscitée le diable dans le cœur des pharisiens est absolument monstrueuse.
Pire que quelqu’un qui voudrait faire du mal à un bébé.
Pire que quelqu’un qui voudrait crever l’œil d’un visage de toute beauté.
Et Dieu a voulu, a permis cette injustice du pouvoir de Satan sur l’humanité sacrée de notre Sauveur divin.
Nous ne pouvons pas comprendre.
Que Dieu permette au diable d’être accroché au Royaume de la vérité, nous ne pouvons pas le comprendre ou l’analyser.
Ça nous dépasse.
Et pourtant c’est le seul chemin pour nous sortir des déformations de notre cœur.
C’est le grand mystère.
Que Dieu ait livré la beauté au pouvoir de la laideur.
C’est intolérable et il n’y a qu’une seule issue.
C’est que Dieu par là, va prouver que son pouvoir de bonté déborde de n’importe quel pouvoir du mal.
Et nous, notre issue, c’est de regarder Jésus.
C’est de vivre l’union à Dieu, de façon totalement folle.
C’est de se donner au royaume de la grâce, de la vie divinement inspirée de l’Église, du cœur de la charité qui reste pure.
Le diable nous précède et nous poursuit.
Le diable infiltre nos actes.
Mais il ne peut pas nous interdire de regarder Jésus.
Et là, il ne peut plus rien.

Jésus a été condamné par des mensonges.
Ces mensonges qui emplissent notre monde.
Je rappelle ce que c’est qu’un mensonge :
C’est une vérité que l’on détourne de sa pureté.
Une vérité dans laquelle on introduit une déformation, ou une confusion.
Jésus a été condamné dans une confusion provoquée par les pharisiens.
Et tout ce qui est confusion dans notre monde, glissement dans le mensonge, très souvent subtil, participe au pouvoir du démon.
Simplement je relève une confusion qui est encore blessure du cœur du Christ…
Ces dernières années se lève une nouvelle culture que l’on appelle woke.
Fondée sur la confusion.
Qui rejette tout stéréotype
A priori.
Comme si un stéréotype était en soi quelque chose de mauvais.
C’est là qu’il y a le mensonge.
Est-ce qu’il y a des stéréotypes naturels.
Et il y a des stéréotypes fabriqués.
Les stéréotypes naturels sont bons.
Les stéréotypes fabriqués peuvent être bons ou mauvais.
Un stéréotype naturel c’est par exemple qu’un homme doit être père et qu’une femme doit être mère.
La fécondité de l’amour épanouit une paternité pour l’homme, et la maternité pour la femme.
Voilà des stéréotypes tellement bons.
Et puis il y a des stéréotypes fabriqués, construits.
Ceux qui entre dans le mouvement de la nature.
Qu’une femme est la première protectrice nourricière de son enfant.
Cela on le trouve même chez les animaux.
La lionne va défendre son petit du caractère irascible du lion.
Le premier rôle d’une femme c’est de porter, de mettre monde, de nourrir, de protéger son nourrisson.
Et par conséquent de demander à la société qu’elle favorise ce rôle naturel.
Voilà un stéréotype fabriqué mais dans la ligne du bon.
Et il y a des stéréotypes qui tiennent du péché originel.
Qui tiennent donc de l’égoïsme et de l’amour centré sur soi.
Le stéréotype qui consiste à vouloir s’identifier à celui qui est différent pour prendre sa place, est un stéréotype mauvais.
Fabriqué et mauvais.
De vouloir identifier l’enfant à l’adulte, de lui faire porter des discours qui ne lui conviennent pas, qui ne sont pas de son âge, est un mensonge.
De vouloir identifier l’homme à l’animal, est un stéréotype mensonger.
L’homme est un animal moral.
Il n’a pas le même développement que l’animal.
De vouloir user de son corps à notre guise, en sexualité, en plaisir, est un stéréotype mensonger.
La nature demande à l’homme de se gérer par un principe d’amour spirituel.
Si elle oublie les sources de son amour spirituel la nature est perverse et poursuit des stéréotypes destructeurs.
Et je reviens au procès de Jésus
Les pharisiens suivent un stéréotype fabriqué et mauvais qui les a conduits à la pire injustice et erreur de l’Histoire du monde.
Leur stéréotype c’était que tout le monde devait être comme eux.
Ils n’ont pas envisagé, ils ne voulaient pas envisager que Dieu parle un langage différent du leur.
Ils pensaient que le seul langage de Dieu était celui de la loi de Moïse.
Et que eux seuls comprenaient le langage de Dieu.
Cela est un stéréotype qui court depuis le début de la création de l’homme et de la femme.
Croire que le monde est formaté selon notre jugement.
Et pour cette raison, pour ce stéréotype, qui tient du péché originel, on peut condamner n’importe qui.
On peut condamner Dieu qui essaie d’en placer une.
On va nier qu’il existe des principes qui nous dépassent, des principes de grâce et d’amour, tout simplement des principes de vérité et de lumière.
Le Christ a pulvérisé les stéréotypes des pharisiens.
Et ceux-ci, au nom d’une idéologie qui semblait la meilleure, ont obéi au diable.

CINQIEME DIMANCHE DE CAREME

Une femme adultère… Prise en flagrant délit…

Pas très glorieux…

Sans le vouloir vraiment, les pharisiens demandent à Jésus une réponse sur deux sujets.
Deux sujets essentiels.
L’amour  –  le pardon.
Bien que pour eux, l’essentiel, c’est la Loi.

A l’amour et au pardon, ils n’ont qu’une solution : « est-ce qu’on peut la tuer ? »

Elle est trop gênante.

Tout comme, par ailleurs, ils cherchent à tuer Jésus. Trop gênant…
Le cœur de cette femme ne les intéressent pas.
Pour eux, l’adultère est un péché mortel, parce qu’il est destruction de la famille et de la société.
Par la destruction d’une relation fondamentale de la nature humaine.

Ils n’ont pas tort, mais leur solution est humaine. Ils éliminent.

Dieu illumine.

On ne connaît pas les motivations de cette femme.
Déception, ennui, séduction, secret désir de vengeance, ou désir de domination.
Défaillance, ou bien froid calcul.
Peut-être tout simplement faiblesse irraisonnée.
De toute façon l’adultère signifie quelque chose de raté. Il y a un échec.
Quel que soit cet échec, Jésus va proposer une issue, une lumière.

Mais pourquoi l’amour humain est-il si difficile ?
Mais quel est donc cette réalité très complexe qu’est l’amour humain ?
Si complexe et mystérieux.
Qui peut nous conduire au meilleur, et c’est l’exultation de tout notre être

ou au pire, pour la déchéance de tout notre être.

Alors nous devons poser un minimum de repères qui nous garantiront de la blessure profonde.

Quels sont les dimensions de l’amour ?
Ne doit-on pas discerner amour et amour ?
D’abord selon la valeur de l’objet qui est aimé.
Quand je vous dis, frères et sœurs, aimer son poisson rouge, aimer l’argent, aimer la glace à la vanille, aimer les plaisirs, aimer son métier, aimer les poésies de Baudelaire, aimer un copain ou sa meilleure amie, aimer son épouse ou son mari, aimer les pauvres ou aimer le Christ, je pense, j’espère, que vous ressentez une différence de couleur et de densité pour chacune de ces applications de l’amour.
Il y a des couleurs prioritaires qui emportent le fond d’une vie et des couleurs surajoutées. Tout amour ne mérite pas d’envahir notre cœur.

Et puis, il y a la profondeur de l’amour.
Un amour de surface qui racle très vite le fond, par exemple un amour des faits divers, people, la plupart des questions de politique ou de sport, nous laisserons sur notre faim.
Il y a tellement d’autres amours qui ont de la profondeur et nous invitent à aller toujours plus loin dans la découverte et dans l’aventure.  Qui réclament quelques efforts il est vrai.
Mais qui nourrissent le cœur.

Ensuite il y a l’intensité avec laquelle on aime.
On peut dépenser pour un amour futile une passion rageuse. Ce sera dommages.
Et on peut aimer profond et précieux de façon molle. C’est dommage aussi.
Évidemment, le top serait de donner tout son cœur avec passion et jusqu’au don de soi pour un amour qui est capable de donner de la joie en retour.
Sinon, quelle déception !

Il y a la manière d’aimer.
Pour un même amour, et pour une même intensité d’amour, certains donneront 3 mots et 5 minutes efficaces, d’autres auront besoin d’une bibliothèque entière et de 30 ans d’explications.
Chacun son style.
Certains aimeront avec un style baroque, d’autres avec un style très dépouillé. Chacun son style…

Il y en aura aussi qui seront très fins en amour, très délicats, très subtils, et d’autres n’auront que des gros sabots dans leur placard.
Chacun son calibre…
Amour délicieux comme un bon vin AOC, ou amour bazooka, plus primitif.

Et puis il y a la pureté de l’amour.
Là c’est une histoire de cristal ou de ciel d’orage.
Il y a de grands amours impurs et tordus, torturés. Qui se vautrent.
Et il y a des amours genre pierre précieuse sans impureté, grande flamme paisible qui monte toujours plus haut dans l’air pur. Tellement séduisant.

On pourrait ajouter qu’il y a des amours qui vont loin et des amours qui viennent de loin, d’expériences qui ont sondé les profondeurs de notre âme et qui s’élancent jusqu’au ciel éternel.
Des amours marqués par le destin et la vocation.
J’appellerai cela la résonance de l’amour.

Après…
Il y a des constances dans l’amour qu’il faut connaître…
Par exemple, première constance, l’amour est unitif.
Qu’est-ce que ça veut dire ?
Ça veut dire que quand notre âme reconnait quelque chose qui lui convient, un être parmi cent mille, qui correspond à son désir, instinctivement elle va vouloir devenir cet être.
Elle va vouloir s’unir à cet être.
Deux âmes qui se reconnaissent vont inévitablement suggérer au corps de se rapprocher.
Le corps va vouloir suivre le mouvement de l’âme.
C’est réflexe.
Pour que tout l’être soit en communion. Très beau mystère.

Car le but de l’amour, c’est d’être en communion.

Il est important de connaître ces distinctions.
Parce que comme dit Saint Paul tout est permis mais tout n’est pas profitable.
À tous les niveaux de notre être nous sommes appelés par l’amour.
On ne peut pas aimer d’un même amour son chien et son enfant, son épouse et une glace à la vanille.
On ne peut pas aimer son prochain comme on aime Dieu.
Ce sont deux amours qui sont en harmonie mais qui ne sont pas interchangeables.
Sinon, il y aura péché, il y aura imperfection, parfois jusqu’au désastre.
Il y aura meurtrissures de notre cœur.

L’amour ne va jamais sans son escorte qui est d’ailleurs nombreuse.
Le temps et la fidélité font partie de cette escorte.
La vérité d’un amour pour un homme, une femme, s’inscrit dans le temps et la fidélité.
C’est le temps qui permet de fonder un amour pour l’autre.
Le temps purifie la compréhension et favorise le respect de l’autre.

Encore une particularité de l’amour : il invite à être créatif.
L’amour est créateur.
Il réclame, aspire de toutes ses forces à la fécondité.
C’est la fécondité de l’amour qui lui permet de trouver la paix.

Je pourrais ainsi présenter toute la garde-robe de l’amour,
Un des vêtements de l’amour aussi, c’ets le risque.
L’amour est toujours risqué.
Il suppose toujours l’aventure et des choix.
C’est pour cela que l’amour ne doit pas se séparer du pardon.
Le pardon fait parti de la garde rapprochée de l’amour.
L’erreur est inévitable. 
Nous la commettons ou elle sera commise sur nous. C’est un passage obligé.
Mais qui ne doit pas nous décourager.

C’est important de connaître ces distinctions.
Parce que chaque amour s’articule avec un autre amour. Chacun à sa place.
Et aucun ne peut être exclu.
Sauf l’amour tordu, et travesti.

Il y en a cependant un qui va garantir tous les autres.
L’amour de Dieu illumine et soutient tous les autres amours.
Sans lui, notre charrette est trop lourde et nos chemins trop cabossés, incertains.
Ça l’air très bête, mais l’amour de Dieu va nous aider à mieux aimer notre chat, à sa place de chat.
Il nous aidera aussi a mieux aimer un tableau de Van Gogh ou de Léonard de Vinci.
Et jusqu’à mieux nous aimer nous-même.

Cette femme, sans nom, traînée devant Jésus, n’avait pas la tête à faire des distinctions.
Certainement pas.
Elle aurait peut-être dû les faire avant.
Mais Jésus va droit à son cœur.
D’abord il ouvre le cœur des pharisiens.
En leur montrant que c’est à partir de la poussière que peut-être tirer la vérité.
Une femme dans la poussière qui rejoint la poussière du cœur des pharisiens.
D’une faute, Jésus en tire une leçon de lumière pour les pharisiens.

Et puis ensuite Jésus touche le cœur de cette femme et le répare.
Pas besoin de dissertation.
« Tu es encore là ? »
« alors si tu es encore là c’est que tu es pardonnée … »
Il n’a même pas besoin de le dire.
À cet instant-là, la femme comprend qu’elle est enveloppée d’un amour qui suffit pour la combler.
Elle vient de rencontrer l’amour qu’elle avait cherché dans des chemins défoncés.
Des chemins d’échecs et de troubles intérieurs.
Elle peut maintenant envisager de ne plus pécher.
Elle peut envisager d’aimer d’un amour le plus précieux, le plus intense, le plus profond, le plus pur, dans le temps et la fidélité, jaillissant de grâces innombrables et fécondes, jusqu’à engager sa vie au risque de la joie.
C’est étonnant, mais en 45 secondes, allez… 70 secondes si on compte les silences de Jésus, sa vie a touché son sommet. Elle a touché sa plénitude.
C’est bouleversant.
Car vraiment une heure avant elle n’y pensait pas…

Le summum de l’amour se trouve dans le pardon.
Et le pardon se trouve dans le regard du Christ, Dieu et homme.