Troisième Dimanche de Carême 2024

C’était il y a 3300 ans.
Un événement encore plus formidable que la libération du peuple d’Israël, de son esclavage en Égypte.
Beaucoup plus formidable, parce que par une parole d’inspiration divine, surnaturelle, Moïse clarifie pour son peuple les fondements moraux qui permettent à l’homme d’être en harmonie avec sa nature et avec le bonheur auquel il est destiné.
Ces fondements moraux donnent le code de la route de deux relations fondamentales pour l’homme :
– La relation avec Dieu.
– La relation des hommes entre eux.
Le code mis en lumière par Moïse c’est la formule 1 de la beauté de la vie humaine.
Évidemment, il n’est pas facile de conduire une formule 1, et beaucoup, beaucoup… vont se retrouver dans le décor.
Il y a ceux qui vont avancer à 30 à l’heure avec leur formule 1. Des foules… Qui auront peur de tout.
Trop étriqués, la loi morale va faire d’eux des névrosés, des manipulés.
Mais peut-être vaut-il mieux des névrosés que des barbares…?
Et puis, il y a ceux qui vont gâcher les possibilités de la Formule 1 en faisant ronfler le moteur pour tromper leurs frères.
Tous ces nombreux pervers qui vont se servir de ces lois pour leurs propres intérêts.
Des faussaires, pharisiens ou publicains, escrocs sous l’apparence de gens honnêtes, qui feront du décor sans aller jusqu’aux profondeurs auxquelles les invite la grâce de Dieu.
Il y a deux intelligences.
Celle qui vient de la fidélité à Dieu, du vrai amour, qui commence par la crainte de Dieu.
Et l’intelligence qui trompe et fait du décor.

Moïse est le plus grand génie, par la grâce divine, du genre humain.
Mais comme il arrive toujours, les fils du génie, ses disciples, tous ceux qui suivent, ne reprennent que à petit pas, et avec beaucoup de complications ajoutées, le message simple et lumineux du Prophète.

Alors, nous, hommes des temps modernes, hommes et femmes des temps modernes, où en sommes-nous avec la beauté prototype de la Loi de Moïse ?

Depuis 3000 ans, nous avons eu le temps de régler les boulons, d’ajuster les rétroviseurs, d’apporter les dernières finitions –  l’arrivée d’essence, le réglage des suspensions, le passage des vitesses automatiques et l’adhérence des pneus selon les conditions météorologiques…
On devrait avoir appris à conduire cette formule 1…

« Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi.
Tu ne feras aucune idole,
aucune image de ce qui est là-haut
dans les cieux, ou en bas sur la terre,
ou dans les eaux par-dessous la terre.
Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux,
pour leur rendre un culte. »

Qu’en pensez vous, frères et sœurs ?
Combien y a t il à Salernes de vrais adorateurs du Dieu unique ?…
Et nous, qui sommes normalement chrétiens ?
Ne mettons nous pas en face de Dieu quelques idoles, cachées ?
Et plus Dieu, le Dieu unique et infini, le Dieu d’amour, se fait évident à la connaissance des hommes, plus alors les hommes le refusent.
Étonnant et tellement affligeant…
Avant Jésus-Christ, bon… Il y avait quelques prophètes choisis, mais ce n’était pas encore évident.
Mais après Jésus-Christ… la lumière est en son plein.
Pour 1000 générations, maintenant, c’est 1000 fois plus clair que du temps de Moïse.
Et pourtant la haine et le refus se déchaînent.
L’Eglise sera toujours attaquée.
Et depuis Diderot, Voltaire et leurs amis que l’on appelle par dérision, ‘les Lumières’, les hommes et les femmes, des plus bêtes jusqu’aux plus intelligents, cherchent à se libérer de la présence d’un Dieu de bonheur.
C’est ridicule et inintelligent, mais allez expliquer à un enfant qu’il a besoin de manger sa soupe s’il veut grandir alors qu’il ne veut que des bonbons !
Beaucoup en notre monde fermé sur lui même, et qui se croit se suffire à lui-même, ne veulent pas recevoir de notre Dieu l’invitation à une relation d’amitié.
Ils préfèrent refuser l’idée de Dieu pour se prosterner devant des puissances humaines et qui tournent avec les vents du moment.
La science, les médias, les politiques, et surtout les innombrables opinions d’un jour.
Ou la recherche d’un confort. Idoles des temps modernes.
« mais nous ne voulons surtout pas de Jésus Christ, de l’Église et de Moïse ! »
Cependant, il y a toujours la bénédiction de Dieu qui se poursuit que 1000 générations à chaque petite prière lancée vers le Ciel.

Mais poursuivons…
« Tu n’invoqueras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu,
car le Seigneur ne laissera pas impuni
celui qui invoque en vain son nom. »
Qu’est-ce que c’est que de faire des prières en vain ?
N’est-ce pas faire toutes ces demandes qui n’entrent pas dans le plan de Dieu.
« Seigneur, donne moi ceci, donne moi cela…! Pour moi ! »
On fait dix prières ‘pour soi’ comme si Dieu devait nous obéir, et de temps en temps on ajoute : » que ta volonté soit faite. »
Invoquer le Nom de Dieu en vain, c’est dire : « que ma volonté soit faite.. »
« Que ta volonté Seigneur, soit d’abord la mienne…’
Depuis Moïse, nos prières se sont elles épurées ?

Et pourtant, à chaque prière pure, devant Dieu, Dieu poursuit sa bénédiction sur 1000 générations, même aujourd’hui..

Mais poursuivons…
‘Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier.
Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage ;
mais le septième jour est le jour du repos,
sabbat en l’honneur du Seigneur ton Dieu :
tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille,
ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l’immigré qui est dans ta ville’.

Jérémie, 700 ans après Moïse, maudissait ceux qui détournaient le repos hebdomadaire pour faire du commerce en douce aux portes des villes. [Jer 17, 19-27]
Et aujourd’hui, que voit on ?
On encourage les marchés et l’ouverture des magasins le dimanche.
Non seulement cela, mais on barre les routes qui mènent à l’église.
N’est ce pas pervers ?
Et nous, bons catholiques, n’allons nous pas favoriser cette inversion en faisant nos courses ou en construisant notre maison, ou encore en nous bourrant le crâne de films idiots et d’informations dignes des films d’horreur, le jour du Seigneur, réservé à la prière et à la présence de Dieu ?

Mais poursuivons…
 » Honore ton père et ta mère,
afin d’avoir longue vie
sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu. »
Comment ‘honorer son père et sa mère’, si ce n’est d’abord en honorant notre corps et notre âme qu’ils nous ont transmis.
Quand tu te souilles, tu déshonores ta mère.
Mais je dois dire qu’il reste un culte affectif des parents et des grands-parents.

 » Tu ne commettras pas de meurtre. »
Alors là, ça tombe mal…!
Au lendemain du vote favorable pour l’inscription dans la constitution du meurtre des enfants avant leur naissance.
Cela nous donne la mesure de notre décadence…
3300 ans après Moïse, on en arrive à une culture inversée, une culture de mort ?
Au premier siècle après Jésus Christ, les premiers chrétiens, –  qu’on assimilait encore aux juifs – étaient persécutés en les accusant de sacrifier des enfants pendant des réunions rituelles.
C’était absurde, mais il fallait bien manipuler les foules.
Aujourd’hui…
Aujourd’hui, on va condamner les chrétiens en les accusant… De ne pas vouloir tuer les enfants.
La culture de mort condamne le fait de vouloir préserver la vie des enfants à naître…
3300 ans après Moïse, nous sommes dans une régression totale de la conscience.
Dieu dit que le châtiment retombe sur trois générations.
Il est vrai qu’une société dégénérée disparaît en quelques générations.
Ce fut le tarif des civilisations antiques dont on ne parlent qu’au passé.
Les Perses, les Nabatéens, les Romains, les Grecs, les Incas, et toutes les civilisations barbares… dégénérées sous un rapport ou sous un autre moralement.
Mais nous savons, nous, dans cette église, que Dieu donne sa bénédiction pour 1000 générations à ceux qui, isolés dans ce grand chaos, restent fidèles à la grâce de son Esprit. Alors même que nos sociétés affolées s’effondreraient.

Mais poursuivons…
 » Tu ne commettras pas d’adultère. »
Où en est-elle, notre société moderne de la beauté de l’amour unique qui seul peut réjouir les profondeurs des cœurs et donner les vraies dimensions de l’homme ?
Image de l’amour de Dieu trinitaire. Image de l’amour absolu.
… La Bérézina…
Une Bérézina de blessures affectives qui gangrènent nos sociétés.
Toutes ses blessures d’amour mal posé, mal compris, brisé par manque de grâce, de prière et de vie intérieure, tous ces amours fabriqués sur le mode pervers…
3300 ans pour en arriver à des avalanches d’amours brisés…
Avec leurs retombées…
Et les retombées des retombées…
Avec encore pire dans le pire, pour notre culture de mort :
L’exaltation de l’amour dévié.
L’abomination de la nature.
En fait, c’est si évident que les fervents de l’amour libre rejettent la notion de ‘nature’. La nature n’existe pas il n’y a que des phénomènes. En fait il n’y a que mes désirs en fin de compte… ‘dans le respect de l’autre’, ajoute-t-on hypocritement.
On en frémit… Mais il y a quand même un avantage :
Dire simplement qu’on désire aimer dans la beauté de la grâce de Dieu et de notre nature peut nous valoir le martyre…

Mais poursuivons…
« Tu ne commettras pas de vol.
Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. »
Avec ce que je viens de dire, ça file tout droit vers le martyre effectivement.
L’adultère est un vol.
Le vol de l’amour de son prochain.
L’adultère, l’amour hors mariage tout simplement, est le mépris sinon l’oubli de Dieu.
L’amour hors du sacrement du mariage, c’est voler pour soi-même l’amour que Dieu nous donne par Providence.
Mais le vol, c’est aussi utiliser l’argent des impôts pour rembourser des actes que l’on réprouve et qui sont contraire à notre conscience.

Tu ne porteras de faux témoignages…
Mais que fait habituellement le mal pour s’imposer ?
Il fait comme au procès de Jésus. Il détourne une parole lumineuse pour la rendre inacceptable.
« détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai. » dit Jésus.
Cette phrase est devenue dans la bouche des faux témoins :
« Il a dit :’je détruirai ce temple et, en trois jours, j’en rebâtirai un autre ».
Absurde, mais la haine n’est pas à un mensonge près. Au contraire plus c’est gros plus ça passe…
« Chrétiens : homophobes !  »
Crie-t-on pour défendre l’absurdité.
Voilà le faux témoignage…
Alors qu’il n’y a pas plus charitable que de vouloir le bien de celui ou celle qui a une morale déviée. Et de lui dire son erreur et son mal. Parce qu’on l’aime.
En tant que chrétien, nous devons dénoncer clairement l’erreur si cela se présente.
Avec les conséquences prévisibles…

3300 ans après Moïse, y a t il moins de lâches sur terre ?
Mais l’Eglise garde toute la bénédiction du Seigneur pour 1000 générations.

« Tu ne convoiteras pas…. »
En fait, tu ne convoiteras rien : ni femme, ni champ, ni âne, ni poisson rouge, ni même la servante ou l’esclave du voisin…
Pourquoi ?
Parce que tout simplement, le mouvement de l’amour vrai, c’est le mouvement de donner, de servir, non celui de s’approprier et de se faire servir. Quel que que soit l’objet du désir.
Ne serait ce que son conjoint.
Or, notre société, sur quoi joue t elle tout le jour ?
Elle joue sur l’exacerbation de la convoitise, de la chair, des biens à profusion, de l’étendue du confort…
Culture de mort du désir noble et de l’amour vrai.
Inversion de l’appel de la nature originelle.

Le bilan, chers frères et sœurs, est plutôt maussade.
Mais non, pas tant que cela…
Parce que
 » nous proclamons un Messie crucifié,
scandale pour les Juifs qui se réclament pourtant de Moïse,
folie pour les nations païennes, les nôtres.
Mais pour ceux que Dieu appelle,
ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu.
Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes,
et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes  »
Que cela est bon, frères et sœurs…!
Nous sommes comme ces petites barques construites en feuilles de bananiers et posées, avec une petite bougie, sur les eaux du Gange, le fleuve le plus pollué de la planète.
Et notre petite bougie, elle ne disparaîtra un jour que dans le grand feu de l’amour divin.
Dans 1000 générations qui auront traversé les destructions de la culture de mort.
Bien sûr, notre cœur est lourd de tant d’aveuglement et de souffrances inutiles. Pour les générations qui viennent, nous ne sommes pas fiers et notre cœur porte lourd…
Seulement, il n’y a qu’un chemin pour garder notre bougie allumée.
C’est de s’accrocher à Jésus-Christ, d’un lien d’amitié, dans la foi.
Le seul chemin qui ne sera pas de décadence.

Leçon de l’Histoire ….
Nous n’avançons pas dans un chemin de lente montée vers le progrès moral lumineux
Quelques avancées : l’abolition de l’esclavage (dans les textes du moins).
Un plus grand espace d’expression pour les femmes, mais en fait pour tout le monde, pour les enfants aussi.
Une meilleure attention aux femmes, dans les textes, et dans la politique, du moins.
Une législation contre les dérives en temps de guerre, dans les textes du moins… Car chaque plus fort continue de faire comme il veut, et écrase le plus faible.
Cependant, l’Histoire traîne des obscurités de plus en plus grandes et des aberrations de mieux en mieux travesties.
La perversité se perfectionne autant que le Bien devient discrètement lumineux.
Mais nous avons l’Eglise, bénédiction de la grâce divine pour 1000 générations.
Et nous avons le Christ, Lumière sur le monde, notre Espérance, Sagesse de Dieu qui se rit de tous les tordus, grands et petits.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

HOMELIE EPIPHANIE

 

Depuis 15 jours, on a un petit enfant.

Un petit enfant dans un bled perdu, Bethléem. Entouré d’un couple, d’un jeune couple, discret. Tout ça ne va pas faire la une des journaux. En apparence rien d’extraordinaire. Il y a quand même un frémissement. Un frémissement… d’anges. Je ne sais pas frères et sœurs, si vous vous êtes trouvés un jour dans un frémissement d’anges.

Mais en tout cas c’est difficile à filmer et même à enregistrer… Donc, nous sommes à quelques semaines de la naissance d’un bébé. Même si nous, nous sommes dans le secret, dans le secret de la Révélation, il n’y a pas grand chose qui change. Il n’y a rien vraiment qui apparaît de différent, ces jours-là. D’ailleurs, Marie, et Joseph aussi certainement, méditent, méditent en leur cœur. Marie essaie de débrouiller le mystère de ce qui lui arrive. Ça veut dire qu’il n’y a rien de saisissable, d’absolument évident, en tout cas rien de grandiose et d’achevé. Aucun miracle vient bouleverser la nature des choses. Je veux dire aucun effet spécial, grandiose.

Dieu s’approche à pas feutrés. C’est la manière divine. C’est déjà une première règle de la manière de Dieu. On voudrait, frères et sœurs, que Dieu nous éblouisse pour adhérer à sa présence… lui faire confiance. C’est un peu comme quand on mange du chocolat ( c’est le moment pour cette comparaison…) :
On prend un morceau de chocolat. Et ça ne suffit jamais. On a besoin d’un deuxième puis de la tablette du chocolat, puis de la boîte de chocolats. Comme si notre palais, notre goût n’en avait jamais assez pour savourer le chocolat.

Eh bien.. Dieu, par sa grâce, ne veut pas se faire avaler comme du chocolat. Sa manière, c’est de nous donner un tout petit filet de grâce pour nous demander une réponse d’amour. Pure. Petite mais pure. Je dirais que le miracle qu’on désire en gros paquets de grâces, c’est pour les goulus, les grossiers. Les effets spéciaux, Dieu en est capable, mais il les donnera quand nous ne voudrons pas les avoir : au moment de l’Apocalypse. Il a montré qu’il en est capable dans la Transfiguration du Christ et par certains miracles de Jésus ( l’apaisement de la tempête, la réanimation de Lazare, la conversion de Marie- Madeleine, la Résurrection, la Pentecôte…)
Mais toutes ces grâces exceptionnelles sont suivies ou précédées de la Croix ou d’un chemin très long de fidélité.

La manière habituelle de Dieu c’est le petit filet d’eau pure de la source. D’abord on l’entend… il fait glouglou, très léger, sous les feuilles des arbustes. Et si ce glouglou nous intéresse, nous allons découvrir de nos yeux ce petit filet de source.

Tout commence par là. Et se poursuit dans l’intimité.

Les grandes, les immenses conversions, ont commencé par des petits glouglous. Que s’est-il passé la nuit de Noël ?
Non pas un glouglou. Mais un froufrou… Un froufrou de plumes d’anges, au milieu des champs, la nuit, à des gens très simples : des bergers.

 » Aller voir l’enfant… et vous, gens très simples, c’est à partir de vous, les premiers, que le message révélé va se répandre sur la terre, aux alentours du petit village de Bethléem. Vous l’aurez vu, cet enfant, vous saurez que c’est le Messie. Mais rien de plus… Vous saurez tout du mystère, sans rien comprendre du mystère.

C’est un peu comme si on se trouvait devant la formule e=mc2, la relation de relativité restreinte de Einstein qui permet de comprendre le mouvement de l’organisation de
l’univers et des planètes. C’est très bien. On a tout, on est admiratif, la formule géniale, on s’incline devant, et on se dit qu’on aimerait bien la comprendre pour mieux la savourer.
’L’énergie est égale à la masse multipliée par le carré de la vitesse de la lumière.’ Vous voyez le petit enfant, là, sur la paille, c’est celui qui va changer le monde, non seulement le changer mais le sauver. On a la formule et on voudrait entrer nous-mêmes dans le mouvement. Ça ce sont les bergers. Aujourd’hui, il y a une autre espèce de simples qui se présentent à la porte du logis de Marie et de Joseph.

Ceux-là, ils n’ont pas de peaux de moutons pour ce vêtir. Ils ont de longs manteaux tissés et peut-être brodés. Ils ont des montures plus nobles, des chameaux. Ils ont des présents, précieux, pour offrir. Ils ont les symboles et le panache. Mais en fait, ce sont des simples, dans le sens noble du terme. Et c’est là que tout se joue, frères et sœurs. Parce que ces mages, qui justement ne sont pas des rois, ont une autre science que celle des bergers, mais ce en quoi ils leurs ressemblent, c’est par leur simplicité et leur droiture de cœur. Ce sont des sages qui sont simples et qui savent écouter les signes des temps, les signes de la nature, le clin d’œil d’une étoile. En fait, dans leur nature pure, autant qu’il soit possible, ils sont à l’écoute d’une grâce qui est très similaire au message que les anges ont transmis aux bergers.

Et là, frères et sœurs, je me sens accablé. Pourquoi ?

Parce que les bergers, et les mages sont des gens qui ne sont pas pollués. Or notre monde est archi-pollué. Nous sommes archi-pollués, par nos richesses, mais bien plus encore par le bruit, les bruits du monde et des informations, les bruits des mensonges, des intérêts et des perversités, en avalanches.

Cela veut dire que les premières grâces de Dieu pour attirer notre désir vers la révélation tout entière du mystère du Christ, mystère de joie – ces premières grâces sont
recouvertes par nos impuretés. Combien d’enfants sont détournés de la pure lumière qui habite leur cœur, alors qu’ils ont des grâces surnaturelles qui murmurent la présence de Dieu en eux.?
Ils sont détournés par le bruit de leurs parents, de leurs professeurs, le bruit de leurs écrans ou de leur téléphone… Et la grâce de Dieu murmure…

Or, ce bruit, n’était pas du temps de Jésus. Il envahit jusqu’en nos salons et cuisines. Du temps de Jésus, il y avait autre chose. Il y avait les maladies. Il y avait aussi tordus, bien sûr. Nous n’avons pas à être jaloux !
Les tordus qui ont tout pour boire le bonheur dans de grandes coupes pétillantes, mais qui choisissent de casser le monde et le bonheur. Un grand exemple, c’est Hérode Le Grand. Il a 10 fois plus de capacité de bonheur que les mages. Hérode est juif, il a la Torah, il a la Parole de Dieu, il a les sages, il a les Scribes, il a les Prophètes. Hérode préfère les ténèbres. Il fut un monstre jusqu’à tuer ses enfants. Hérode ne nous étonne pas, parce qu’il est très contemporain en perversion narcissique et en paranoïa. Mais il ne m’intéresse pas. Je n’ai guère de sentiment sur le sort d’Hérode Le Grand. Il est mort d’une maladie horrible quelques mois après la naissance du Messie, après avoir fait une tentative de suicide, tellement il souffrait.

Je reviens plus tôt à toutes ces foules, de nos frères contemporains, et de nos sœurs, peut-être pas pervers, mais pollués. Et c’est cela qui m’accable.

Dieu est si délicat, si maternel avec ses enfants, Dieu est un génie de beauté et de bonté, de subtile relation et d’amitié. D’élégance. Et notre monde sombre dans la grossièreté. Dans le harcèlement du grossier. Les petits cailloux blancs que Dieu sème sur notre chemin pour nous conduire aux délices
d’une paix intérieure. De la vie éternelle… ( d’abord à la guérison de notre âme, ensuite à l’élévation de notre union à la divinité…)
Et bien tous ces premiers petits cailloux blancs le monde les salit pour qu’ils soient méconnaissables sur le chemin. On abîme l’innocence.

Les mages ne laissaient passer aucun des petits cailloux blancs que Dieu leur proposait. Parce qu’ils étaient des simples. Et même, chaque grain de sable avait un sens pour eux. Or, aux mages comme aux bergers, Dieu ne leur a offert que les prémices du mystère de la Rédemption. Comme Jean-Baptiste aussi, plus tard. Tous ces gens étaient des pauvres, qui ont été comblés par un cadeau de pauvre.

Et pour nous… nous sommes des riches, incroyablement riches de toute la Révélation des évangiles. Nous sommes riches de la vie du Christ, nous sommes riches d’une théologie lumineuse, nous sommes riches d’une Église qui est l’épouse du Christ… nous sommes riches de la présence sacramentelle de Jésus ressuscité… Tous les jours nous pouvons vivre l’union surnaturelle à celui qui est la vie, à la messe… C’est un truc de ouf !

Et les foules ne savent pas distinguer un petit caillou blanc de grâce qui pourrait les conduire au Ciel. Elles piétinent les perles… Et ça, c’est infinie tristesse. Si nous avions la pureté et la simplicité de regard, la droiture de cœur des mages et des
bergers, notre cœur exploserait de joie. Mais je ne peux pas rester sur cette tristesse. Oui la tristesse provient de notre monde tellement lourd. Mais Dieu sait prendre d’autres voies pour inonder nos cœurs de sa joie. Dieu s’est servi de chants mélodieux dans le silence d’une nuit d’hiver à Bethléem. Dieu passe maintenant les bruits et les murs, les harcèlements et toutes les pollutions de notre monde, à la manière des rayons gamma. Il traverse pour illuminer notre esprit et notre âme. Il se sert de rayons gamma pour aller caresser notre cœur de tendresse. C’est sûr que la poésie est moins évidente
Je pense que plus notre monde ira dans le bruit, plus Dieu passera dans de nouveaux silences. Plus son passage sera mystérieux pour venir féconder les puissances de vie en nous, les puissances de vie éternelle.

Nous ne sommes même plus capables de concevoir l’existence des mages. Il nous paraissent d’un autre monde, et effectivement ils sont d’un autre monde. Trop purs pour nos esprits blessés et perturbés. Mais Dieu passera. Dieu continue de passer.

Autre émerveillement.

Relisons la prophétie d’Isaïe :  » voici que les ténèbres couvrent la terre, et la nuit obscure couvre les peuples. (Tiens, ça nous dit quelque chose quand même……)
Mais sur toi se lève le Seigneur, sur toi sa gloire apparaît… Tu verras, tu seras radieuse, ton cœur frémira et se dilatera… » Pour les mages, le chemin fut de sable, d’Écriture Sainte, et d’une étoile. Pour nous, cette prophétie s’accomplit, au carré de la vitesse de la lumière, en rayons gamma, et miracle, du même silence de la grâce qui touche notre cœur. En chemin, notre monde a perdu sa poésie.

Hommes sérieux que nous sommes, n’est-ce pas…!

Mais Dieu n’a pas perdu de vue la béatitude qu’il nous promet. Il y aura toujours des âmes fraîches et pures, qui garderont un coin de simplicité, caché, pour communier à la divinité de l’Enfant de la crêche.

Des amateurs des glouglous et du froufrou des anges.

Rien n’est impossible à Dieu. Dieu est grand.

HOMELIE 30° DIMANCHE ORDINAIRE

Amour…. Amour… Amour..

Amour de Dieu
Amour de soi
Amour des autres.

Ce n’est pas comme si on disait qu’il y a le soleil, les océans, et les montagnes.
Il n’y a pas de circulation entre le soleil, les montagnes et les océans.
Si peu.
Mais on pourrait plutôt prendre comme image un arbre, ses fruits, ses feuilles..
C’est la même sève, le même amour qui nourrit les feuilles et s’épanouit en fruits.
Aimer son prochain, en vérité, c’est aimer de la même sève que Dieu nous aime.
Si on donne un amour qui vient de nous, il va revenir à nous. Fermé.
Si une feuille voulait vivre de son amour propre, elle se détacherait de l’arbre et de sa sève. Et fanerait.

Aimer son prochain pour l’envelopper d’un amour plus grand, dans un amour qui nous brûle, c’est ainsi aimer son prochain comme soi même.

Voici une petite histoire que je n’ai jamais racontée à personne jusqu’à maintenant  :
C’est une histoire vraie qui est un conte.

Un jour, je suis allé près d’une rivière.
Je me suis assis et j’ai vu qu’il y avait une petite fleur tout près.
Elle était petite mais de couleurs ravissantes.
Et figurez vous, la petite fleur m’a parlé.
Elle m’a dit :
‘ Je voudrais que tu m’aimes.’
J’ai été un peu étonné..
Et puis elle a insisté, elle m’a dit :
‘ Coupe moi, emporte moi et tu pourras m’admirer.
Tu me mettras dans un vase avec un peu d’eau de cette rivière.
Je me donne à toi.  »
Vous imaginez que j’ai été perplexe..!
Une fleur qui me parle et qui veut embellir mon séjour…
Je lui ai répondu que c’était tentant mais que je lui donnerai ma réponse le lendemain.
J’ai pas très bien dormi et le lendemain je suis revenu près de la rivière.
Avant même que je lui parle, j’ai remarqué une autre fleur, tout près.
Aucun doute, c’était sa sœur.
Toute aussi jolie.
Mais voilà qu’elle aussi se mit à me parler.
Quelle situation ! J’y croyais pas…
Et elle me dit :
« j’ai une autre proposition pour toi que celle de ma sœur :
Tu viens tous les jours ici, auprès de la rivière, et tu me regardes.
Et moi je te refléterais la lumière du soleil..!
À chaque fois que tu viendras près de cette rivière, je te donnerai plus que ma beauté à contempler. Tu verras le soleil dans mes pétales…
Alors là … C’était encore plus fascinant.
Je lui ai répondu que je donnerai ma réponse le lendemain.
Le lendemain, je suis revenu près de la rivière.
La première fleur n’était plus là.
Sa sœur me dit que quelqu’un était passé et était parti avec elle.
Il l’avait cueilli pour lui.
On ne la reverrait plus.
Il me restait quand même le sourire de cette fleur qui reflétait le soleil.
J’abrège…
Sinon ça ferait trop long.
À ce moment là, un peu étourdi par l’affaire, j’ai regardé le ciel, pour reprendre un peu ma respiration.
Et qu’est que j’ai vu ?
j’ai vu le soleil..
Enfin vu…. :
J’ai été aveuglé par le soleil, mais sa lumière a enflammé mon cœur.
Et j’ai compris qu’il y avait encore une autre façon d’aimer les fleurs ou même son prochain.
En se laissant brûler par le soleil.
Je ne suis plus revenu près de la rivière.
C’est vrai que si on regarde les fleurs, on peut voir le reflet du soleil.
Si on ne cherche pas à les couper pour soi.
Mais si on expose son cœur au soleil, notre regard s’illumine de toutes les couleurs des fleurs et des arbres, des étoiles même, au dedans de nous.

 » Tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces »
C’est le premier commandement.
Et c’est par là qu’il faut commencer.
C’est la porte d’entrée.
Ensuite, deuxième fondement de notre nature, deuxième porte du vestibule.
 » tu aimeras ton prochain comme toi-même »

Tu ne peux aimer ton prochain comme toi-même que si tu es entré dans le tourbillon de feu de l’amour de Dieu pour toi. Si tu as regardé le soleil.

Si l’amour de Dieu ne t’a pas enflammé le cœur, aveuglé l’esprit, tu ne t’aimeras pas suffisamment pour aimer ton prochain comme toi-même.
Tu aimeras ton prochain comme un objet, pas comme toi-même.
Inévitablement, tu l’aimeras un peu, beaucoup, passionnément, mais pétales après pétales tu le plumeras.

Si Dieu n’a pas transformé ton amour en tourbillon de flammes,
Nous ne pouvons pas comprendre ni le premier ni le second miracle de l’amour.

Il faut se jeter dans les flammes.
Qu’il est redoutable de rencontrer le Dieu vivant et véritable.  [Hé 10, 31]

Maintenant.. si vous voulez regardez les couleurs des fleurs des champs, je vous comprends…
Le chemin est tentant.
Elles peuvent même refléter le soleil.

HOMELIE 29° DIMANCHE ORDINAIRE

Qui est César ?
Qui est Dieu ? Où sont-ils ?
César c’est celui qui a reçu de Dieu, directement, ou indirectement par le consentement d’un peuple, en tout cas d’une majorité, la mission d’exercer un pouvoir pour le bien commun de ce peuple. Mais il y a une question de confiance qui revient à chaque élection :
Ce bien commun comment peut-il le discerner, cas après cas, événement après événement ?
Car nous le savons bien, toute politique est relative aux événements, à l’Histoire, aux circonstances, aux hommes et aux intempéries, aussi…

On comprend la difficulté pour les hommes politiques qui travaillent dans le relatif continuellement, d’être ami avec les dogmes qui, eux, proposent des fondations immuables.

Alors, en fait ces choix que font les politiques ils proviennent de trois sources.

1 – la première c’est de Dieu lui-même. C’est mieux si celui qui gouverne se met à l’écoute de Dieu et de l’Église qui est le
corps du Christ, sa parole actuelle. Si César gouverne en priant, c’est la plus excellente source pour le respect des
consciences et la paix des peuples. Il y aura bien sûr toujours des ratés même si celui qui gouverne est un saint. Nous avons l’exemple de Saint-Louis.

2 – la deuxième source, c’est la conscience naturelle de celui qui gouverne. Mais il y aura toujours des ratés aussi, parce qu’on ne peut pas écouter notre
conscience naturelle parfaitement si on n’écoute pas la grâce de Dieu qui l’éclaire. C’est l’exemple d’Abraham Lincoln ou à la limite du Mahatma Gandhi. L’un et l’autre admettaient la dimension divine qui les dépassait. J’appellerai cette manière de gouverner le mode laïque de la conscience. Mais il y aura toujours des ratés.

3 – la troisième manière de gouverner, c’est d’écouter le peuple qui a confié sa charge de gouvernants à celui qui gouverne. C’est notre méthode de la plupart des pays actuels, en théorie. Mais écouter le peuple c’est supposer que ce peuple agit comme une personne adulte et majeure dans la vie politique. Le peuple, en cette manière démocratique de gouverner, doit être adulte.

Et cela n’est pas évident. Une volonté commune peut-être déviée par une majorité d’égoïsmes mis en commun.

Par conséquent il n’y a pas de César parfait. Où chercher donc la perfection de César ?
La perfection de César ne sera pas dans César. Mais elle sera au-dessus de César, en Dieu, auquel César appartient. Elle sera dans le lien que César entretient avec Dieu, c’est-à-dire avec Jésus-Christ, c’est-à-dire dans la capacité de celui qui gouverne à recevoir des Lumières et des avertissements de l’Église.

Il n’y aura pas de perfection, puisque en politique il ne peut pas y avoir de perfection absolue. Il y aura des ratés, parce que même dans l’Église il y a des pauvretés et des
tâtonnements, et des divergences. Mais ces ratés seront vivifiés et revivifiés par la vie du Christ, Lumière du monde.

Il y a eu des périodes dans l’Histoire où nous nous sommes approchés d’une relation saine entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel. Quand César a cru, dans l’Histoire, grandir en repoussant Dieu, peut-être a-t-il eu l’impression de grandir… mais il s’est desséché.. Par conséquent rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César ouvre la perspective de nombreux martyrs, hommes et femmes, qui seuls sont mûrs, comme des fruits mûrs dans un monde de tempête. Martyrs discrets ou glorieux qui doivent tomber pour mieux fertiliser l’Histoire de nos sociétés par l’inspiration évangélique.

Le laïcisme porte avec lui, pas essentiellement, mais dans la pente déviée de l’esprit de l’homme, que la nature peut se suffire… C’est un rêve qui tourne toujours au cauchemar idéologique…

Cependant, ce désir de laïcité met en évidence une vraie vérité :
Celle que la Bonne Nouvelle doit être annoncée dans nos sociétés terrestres, par les chemins pauvres et approximatifs de tous les jours.

La Vie Éternelle doit être annoncée dans le terreau banal du quotidien, politique, médiatique, social et culturel. Ce terreau ce sont les ambitions bonnes, les désirs d’amour, de justice, mais aussi les manigances, et les mensonges en tous genres.

Un grand danger, le plus terrible, je crois, est la naïveté. Pour les athées, la naïveté mène au sang qui coule. Pour les chrétiens la naïveté mène au contre-témoignage et aux faux sacrifices, à une foi qui n’est pas mûre, qui confond la foi avec la confiance et le rêve, souvent qui confond la foi à un élan doucereux d’affection frustrée.

Le chrétien dans le monde est un agneau parmi les loups.

Un agneau conscient d’être ‘agneau’ à l’image de son Maître sur la Croix.

Un agneau, ce n’est pas un petit chat qui vient réclamer son verre de lait.

Cette distinction de César et de Dieu pose une autre vérité. C’est que nous fonctionnons selon une hiérarchie de situations et de domaines. Une hiérarchie, cela veut dire que notre vie se construit en plusieurs étages qui sont reliés les uns aux autres. Il ne peut pas y avoir un étage qui soit tout seul sans les autres. La particularité de cette communication entre étages, c’est que pour monter d’un étage à l’autre, il faut prendre l’ascenseur. Pour descendre, il y a un escalier. Les étages supérieurs diffusent leur inspiration évangélique qui clarifie et purifie le
travail de l’État, des sciences, des familles, de l’histoire de l’humanité.
… Si notre conscience ne vire pas à la barbarie, elle est appelée à la dignité de la personne humaine qui trouve racine dans la grâce d’en haut. Notre dignité transcende les lumières des États par sa liberté spirituelle et sa vocation à communier à la vie de Dieu. Notre conscience rend à César en descendant les étages. Elle rend à Dieu en acceptant d’être élevée par l’ascenseur de la grâce.

Et cet ascenseur, c’est Jésus qui nous indique où il se trouve. Il faut lui demander. Ceux qui n’ont pas pris l’ascenseur de la grâce se lamentent sur les blessures de l’Histoire de l’Église. Mais ceux qui ont goûté à la lumière évangélique sont éblouis par les bienfaits de l’Église du Christ dans la pâte humaine :
Que de génie l’Église a suscité et porté dans les appartements de César !
L’égalité de nature de tous les hommes, c’est l’Église.

L’égalité de dignité de l’homme et de la femme, c’est l’Église. (toutes ces martyrs femmes, messagères du féminisme, qui ont défendu l’intégrité de leur âme et de leur corps à l’égal des hommes martyrs, )
La dignité des pauvres, c’est l’Église.

La primauté des valeurs intérieures et de l’absolu des consciences.

L’obligation à ceux qui commandent, de justice pour les grands comme pour les petits.

Le respect de la nature et de la Providence divine par dessus les intérêts humains,

Les notions justes de fraternité, d’égalité et de liberté, tout cela est soufflé par l’Évangile et par l’Eglise.

La considération de nos ennemis au dessus des divergences politiques, c’est l’Église –
je ne dis pas de l’amour des ennemis que demande Jésus, car de cela, nos sociétés en sont encore loin. Le message de Jésus est largement en avant, très loin devant. –

Mais aussi, la conception d’une Histoire qui n’est pas cyclique et fermée sur elle-même, mais qui trouvera son apothéose au-delà des variations de notre histoire rocambolesque.

C’est l’Église qui explique, sans diminuer en rien la toute-puissance de Dieu, la présence du mal et de la souffrance dans le monde. Elle ne se contente pas d’expliquer, l’Église ouvre le chemin d’une solution :
C’est Jésus, qui libère l’homme.

Au cours de l’histoire, il s’est trouvé quelques rencontres harmonieuses entre le gouvernement temporel du monde et les aspirations profondes du cœur de l’homme.

C’est arrivé et ça reviendra… peut-être… selon le dessein de Dieu.

En ce moment les forces de division et de destruction se font très visibles. Mais l’étage du dessus, l’étage de la lumière, dans sa permanence d’un amour transcendant, appelle toujours à la victoire d’un bonheur que désirent aussi bien les saints que les bourreaux.

La Lumière sur le monde, c’est l’Eglise.

Qu’importe les forces obscures qui s’agrippent aux basques de l’Eglise… Alors même que l’humanité se met en charpie, la voix du Christ jamais ne peut se taire aux oreilles de nos consciences.

Les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre l’Église. À plus forte raison les portes de la politique, les portes de toutes les prisons humaines, les portes de toute les bêtises humaines. Rien ne peut prévaloir contre la lumière évangélique que chacun de nous devons vivre en notre personne avant de vouloir la communiquer à ceux qui courent dans tous les
sens.

Une dernière petite remarque qui prolonge ce que je viens de dire. C’est que si l’on n’a pas ce contact intime et cette expérience de Dieu qui fertilisent notre cœur de la lumière évangélique, on ne peut pas avoir une conception juste de la
laïcité. On ne peut pas considérer César à sa juste place.

Un monde laïque qui n’est pas irrigué de la sève évangélique, va inévitablement promouvoir des oppositions.

Laïque va devenir synonyme de ‘ opposé ‘ et d’abord de ‘ opposé à religieux.’ Va inévitablement devenir refus de la lumière de l’étage supérieur. Absence d’ascenseur et blocus de l’escalier qui descend.

Une société laïque athée devient une société sectaire fermée sur elle-même pour se protéger de toute influence supérieure qui devient une menace pour elle.

Elle peut s’élargir mais elle ne s’élèvera pas en vérité. Tout simplement parce que le surnaturel qui est un paramètre inconnu dans son jeu lui provoque une impression de menace.

C’est pour cela que je parlais dernièrement d’un monde autiste dans lequel nous vivons.

La vraie laïcité, disons la racine de la laïcité qui existait bien avant le siècle des Lumières, puisque Jésus l’a fondée, c’est la transmission dans les œuvres du monde du travail de la grâce par une communauté de citoyens qui n’ont pas comme
exclusivité de vivre le culte de Dieu et le don total à l’Eglise. L’Eglise respecte les différentes vocations. Elle respecte les magnifiques créations de l’homme, des avancées de la science et de l’intelligence, les efforts de l’homme à se dépasser, à partir du moment où l’homme ne veut pas créer Babel, une nouvelle tour de Babel dans laquelle tout le monde se
mord.

Or, seule l’inspiration évangélique, c’est à dire la présence de Jésus, nourrie par la prière et les sacrements, unifie les efforts de l’homme et couronne ses désirs.

Seul le Saint-Esprit et la foi, et la charité, et l’espérance vont donner des fruits lumineux et harmonieux, d’une simple table fabriquée par un artisan, ou d’un parti politique, ou d’une aide sociale, ou d’un combat pour la justice, ou d’une découverte
sur la vie de l’embryon,

Seule la vie de la grâce va donner à tout cela son aspect de beauté et de grandeur.

L’éternité est le désir le plus fondamental du cœur de chaque homme et de chaque femme. Fondamental parce que Dieu nous a créés ainsi.

Nous le savons chers frères et sœurs, et quel bénéfice !

Prions pour tous ceux qui ne le savent pas.

C’est ce que nous devons rendre à Dieu, pour que chacun puisse rendre à César.

Car on le sait bien : ceux qui n’ont pas la foi ne rendent ni à César ni à Dieu ce qu’il leur est dû. César, ils essayent de l’escroquer et simplement d’en tirer profit, et Dieu, ils le
fuient par le bruit et les émotions à outrance. Frères et sœurs, soyons des citoyens exemplaires.

1 – Rendons à Dieu ce qui lui revient : toute notre âme, notre cœur, notre louange, toute grâce, la vie et l’existence de tout. Rendons lui notre conscience. Dieu premier servi.

2 – Rendons César à Dieu. Même si César veut ignorer Dieu et l’Eglise.

3 – Nous pourrons alors rendre à César ce qu’il demande, si cela respecte nos consciences éclairées par l’Eglise.

HOMELIE 21° DIMANCHE ORDINAIRE

Jésus promet de donner à Pierre les clés du royaume.

Du royaume des cieux.

Quand Jésus parle, il est toujours très précis.

D’abord parce que Jésus est lumineux. « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire viennent
aisément. »

Et puis ensuite, Jésus ne cherche pas à faire des dissertations sur des sujets. Il exprime ce qu’il est et ce qu’il connaît très bien, le Royaume des Cieux, sa divinité, son union au Père. Ces mots sont donc absolument nets et précis, en tout ce qu’il dit et en toutes circonstances.

 » je te donnerai les clés du Royaume des Cieux »

Devant les autres apôtres, il s’adresse à Pierre.

C’est sans aucune ambiguïté.

 » tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église »

Sans aucune ambiguïté.

Jésus s’adresse à un homme, qui s’appelle Pierre, après qu’il ait lui-même changé le nom de ‘Simon’ en ‘Pierre’…

Et à cet homme, il donne tout pouvoir.

Tout pouvoir spirituel.

Pas d’équivoque.

Jésus institue Pierre à la tête de l’Église.

Pouvoir transmissible à tous les successeurs de Pierre. Pourquoi certains de nos frères chrétiens n’admettent-ils pas une parole aussi évidente de l’Évangile ? mystère…

Car cette parole ne fonde pas uniquement la structure de l’Église, de l’Église catholique, mais elle détermine le cœur de notre vie spirituelle, personnelle.

Si on n’accepte pas une parole de Jésus dans son sens plein, je ne vois pas comment on accepterait toutes les autres paroles de Jésus sans les dévier.

Et puis ensuite, si on n’accepte pas que vienne de Jésus un pouvoir de discernement donner à certains hommes et plus précisément au pape, et un pouvoir sacramentel, alors, je ne vois pas comment on peut vivre une vie spirituelle dans la foi. Oui, on peut vivre certaines observances de la religion, des ‘valeurs’, mais on ne peut pas ouvrir son cœur à la foi – cette puissance de vie insaisissable en nous – et courir sur les chemins impénétrables du Royaume des Cieux.

Impossible sans recevoir le discernement d’un autre, d’un consacré, qui reçoit sa mission et sa garantie de l’autorité unique du pape, qui, lui-même, reçoit sa mission et sa garantie du pouvoir que Jésus a donné à Pierre lui-même.

La pratique n’est pas toujours facile à vivre, soit, mais accueillir la Parole de Jésus ajuste notre foi et nous ajuste à l’Eglise catholique.

Cela c’est une première réflexion.

Et puis j’ai une deuxième réflexion, qui concerne la personnalité de Pierre. Jésus a choisi Pierre.

Mais pourquoi Jésus a choisi lui, et pas un autre ?
C’est le plan divin, bien sûr, mais la sagesse de Dieu grandit sur un terrain particulier de personnalité humaine.

Or, Pierre est un impulsif. D’abord parce que c’est un sanguin, mais aussi parce qu’il se sent en confiance avec le
Christ. Il ne cache rien au Christ.

Pierre ne peut pas cacher. C’est son tempérament.

Et Jésus sait bien que Pierre peut déraper à tout instant, à cause justement de son impulsivité.

Pierre ne dérapera pas par calcul, comme le fera Judas, mais il dérapera par excès d’amour, quand il voudra défendre son Ami, ou bien tout simplement par une peur qui le dépasse.

Et Jésus le sait. Mais il choisit Pierre pour être le premier comme guide vers le Royaume des Cieux.

Parce que Jésus sait que cette spontanéité qui restera périlleuse et pas très équilibrée pour Pierre, jusqu’à la croix, ou plus exactement jusqu’à la Pentecôte, et même encore un peu après… va pouvoir être un formidable ressort lorsque le
Saint-Esprit fera sa demeure dans le cœur de Pierre et l’enflammera de la permanence de sa présence.

En fait, le Saint-Esprit stabilise la fougue de l’amour humain, et il favorise en même temps une spontanéité à celui qui lui ouvre son âme.

Parce que l’amour ouvre le cœur au feu de la foi.

Ce feu va libérer aussi une sagesse qui ne vient pas de nous, mais de la grâce de Dieu.  » tu vois Simon, ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, tes mots viennent de plus loin… » Une dernière question : pourquoi Jésus interdit à ses disciples de dire la réponse de  Pierre ?

« Il leur ordonna de ne le dire à personne »

Tout simplement parce que la réponse de Pierre le dépasse et que tout en disant la vérité il ne connaît pas encore la vérité.

Pour Pierre, Jésus est le Messie, mais son idée de Messie ne correspond pas encore à la réalité. Il faudra que Jésus soit mort sur la croix puis ressuscite pour que Pierre et les autres apôtres connaissent de façon nette la réalité de la mission de Jésus, et son identité.

Et cela, frères et sœurs, nous concerne.

Parce que pour nous la Pentecôte n’est jamais terminée.

On se convertit, enfin on pense se convertir, quelque chose change dans notre vie vis-à-vis de Dieu.

Et on croit alors que nous sommes toute l’Église et que nous sommes toute lumière et que nous pouvons de tout. Il reste en fait une sagesse à acquérir : La sagesse de savoir, dans la foi, que nous ne savons rien dans la profondeur du mystère divin.

Et que même lorsque nous avons goûté un petit avant-goût de la croix et de la résurrection, (ça arrive) il reste encore une distance infinie entre la croix du Christ et la joie qui nous est promise dans le Royaume des Cieux.

L’esprit de mission sera davantage une intimité silencieuse avec le Christ qu’une proclamation des merveilles que nous aurons peut-être expérimentées.

Avançons nous d’abord pour recevoir de l’Église avant de vouloir annoncer l’Église.

Et même lorsque nous aurons reçu de l’Église, attendons donc que l’Esprit Saint nous presse de témoigner. Parce que c’est l’Esprit Saint qui nous donnera une spontanéité juste. Et comment attendre l’Esprit Saint ?
C’est très clair, nous deviendrons chrétien, lumineux et profond en se mettant en position de prière, d’oraison, de longues prières qui feront jaillir de nous un cri d’amour vers celui dont saint Paul dit que « tout est de lui, et par lui, et pour lui ». Et deuxièmement, en utilisant les clés du Royaume que Jésus a données à Pierre :

Les sacrements de l’Eglise. Il faut supplier longuement, péniblement sur nos petits cahiers de classe, pour que
Dieu nous donne la spontanéité d’amour de l’Esprit Saint.

La persévérance dans la prière et la pratique des sacrements sont le signe que la spontanéité de l’Esprit Saint vient réellement purifier et illuminer notre âme.

What do you want to do ?

New mail