HOMELIE SEIZIEME DIMANCHE ORDINAIRE

Frères et sœurs, nous côtoyons des mystères profonds et presque effrayants de lumière et de ténèbres avec ces paraboles de Jésus…

La semaine dernière le semeur et ses graines qui poussent ou qui ne poussent pas…

Aujourd’hui, un beau champ de blé abîmé par les mauvaises herbes.

Mystère de la prédestination, mystère du mal, mystère de la présence de Dieu et en même temps de la présence d’un Ennemi invisible… Gouffre de vie et de mort…

Et on n’a pas de solutions à notre dimension humaine. Nous sommes si petits..

Il y a le soleil et il y a les trous noirs… Et on sait que le soleil deviendra, un jour qui nous parait lointain, trou noir.

Dans l’Esprit, il n’en est pas ainsi. Les trous noirs du Démon seront engloutis par un jour…. d’éternité lumineuse.

Mais pour l’instant, nous sommes dans la bataille.

Alors pour approcher ces gouffres je vais me raccrocher à un classique qui a nourri d’une belle métaphysique, mon âme d’enfant.

Allez… Je commence…

Il était une fois…

C’est une belle expression qui est comme une douceur pour tous les enfants. Elle annonce l’émerveillement.

Bon je continue…

« Il était une fois… une délicieuse petite fille que tout le monde aimait, surtout sa grand-mère qui la chérissait tendrement.

Un jour, elle lui offrit une petite coiffe de velours rouge.

Elle plut tellement à la fillette quelle ne voulut plus rien porter d’autre et on la surnomma « le petit chaperon rouge ». C’est tellement gentil tout ça..

Seulement voilà, pour qu’un conte soit vrai, il faut qu’il montre la réalité qui n’est pas gentille…

« Alors, la mère du petit chaperon rouge lui demanda une mission : Porter une galette et une bouteille de vin à sa grand mère préférée qui était malade.

Juste deux consignes.

 » Tu suis le chemin direct, tu ne t’attardes pas et tu n’oublies pas de dire bonjour en entrant dans la maison. »

Et le loup arrive.

Nous, on le connaît tous, le loup, mais le petit chaperon rouge, pas encore…

Que fait il le loup ? Ecoutez bien….

Il suggère à la fille de faire une bonne action.

Comme c’est bien vu !

« regarde la nature… Il y a de si jolies fleurs qui feront tant plaisir à ta mère grand ! Prends ton temps…

et plus les fleurs emmenèrent le chaperon rouge au loin, plus sa cueillette était ravissante.

Mais ce que la petite fille n’a pas vu, c’est que ce qu’elle croyait bonne action était en fait de l’ivraie qu’elle semait dans sa mission.

Le loup, très astucieux, pour la croquer et la grand mère du même coup, et peut-être croquer la maman ensuite, (par le chagrin d’abord perdu sa fille et sa mère…), le loup
en donnant un bon conseil a rempli la robe de la petite fille de graines mauvaises. Comme c’est bien vu !

Le Mauvais conseille une bonne action, que personne ne nous a demandée, pour favoriser l’introduction du mal, de la mauvaise herbe dans le champ de la grâce de
Dieu…

Notre mal, on le fait toujours en voulant faire du bien.

Et on se rend compte que le Mauvais nous a utilisé.

Quand on arrive à la maison, on découvre alors les dégâts qui ont été faits.

Et on finit nous aussi à la casserole, du même coup.

Dans le ventre du loup qui a pris toute la place.

J’entends souvent ce jugement : « oh, un tel, une telle.. Il ou elle a fait tellement de bien ! » et on le canonise soi-même dans le Panthéon des saints …

Ou encore la variante : « il y a des gens qui ne mettent jamais les pieds à l’église et qui sont bien meilleurs que certains chrétiens »

Oui, mais combien ont passé leur vie à cueillir des fleurs pour faire des gros bouquets, pendant que le loup mangeait la grand mère. Ils ont cueilli des fleurs, mais leur mission, celle où Dieu les attendait, ils l’ont délaissé.

Leur champ de blé est rempli de jolis coquelicots inutiles et de mauvaises herbes qui trompent la galerie.

Rappelons-nous que l’ivraie ressemble comme deux gouttes d’eau à du bon blé.

Cependant, Jésus introduit dans sa leçon un personnage qui manque dans le conte du petit chaperon rouge.

Jésus est tellement plus réaliste et tellement plus génial et fin que Charles Perrault ou les frères Grimm.

Pour Jésus il y a un autre monsieur qui permet de mettre à jour le jeu malsain du loup. C’est monsieur ‘le temps’.

‘laissez faire monsieur le temps’, dit Jésus. Il dévoilera la nocivité de l’ivraie qui est indiscernable quand la plante est jeune.

Les soi-disant bonnes actions des tordus se révèlent quand elles rencontrent sur leur chemin Monsieur ‘le temps’.

Et surtout quand elles rencontreront Mister God, c’est à dire Monsieur le Bon Dieu, qui leur dira au jour de la moisson : « En fait, as tu obéi ?
Tes bouquets magnifiques de fleurs sauvages ne m’intéressent pas. Ça c’est ton bien à toi, personne ne te l’a demandé, et cela n’appartient pas à l’Eglise. Je ne te connais pas; Combien tu as favorisé le mal sans t’en rendre compte.. Par tes bonne actions.

Mais là où tu as obéi le bon grain a fructifié.

En cela tu as favorisé la beauté de l’Église; tu as ouvert les portes de la grâce divine et tu es entré dans le Royaume de la vie éternelle. »

Comme elle est belle cette finale… du conte :
« Et le petit chaperon rouge se jura de ne plus jamais désobéir à sa mère et de ne plus parler à des inconnus… »

Jésus, lui, a dit de ne pas jurer.

Mais il a dit qu’il avait à sa maison qui est l’Église, une petite porte où l’on tire la chevillette et où la miséricorde nous ouvre ses bras.

Décidemment, Jésus est toujours plus parfait.

Les contes sont ravissants de sagesse, mais je préfère en fin de compte, l’Evangile resplendissant de grâce.