HOMELIE DOUZIEME DIMANCHE ORDINAIRE A

Encore et toujours, c’est une perle que nous donne Jésus.  » rien n’est caché qui ne sera connu »
« Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière »
« Proclamez le sur les toits » Ça c’est la première partie.

Et la deuxième :  » ne craignez rien ni personne » Cela a l’air un conseil de franchise, une morale de vérité.

Mais ces mots vont beaucoup plus loin qu’une simple morale. Jésus nous demande d’être limpide.

Parfaitement limpide. Cela veut dire en parfaite coïncidence et innocence avec nous-même. Pur. Candide comme une colombe. Spontané comme un enfant. Vierge comme la nature des choses.

Clair comme la source qui jaillit. Hé bien, cela, ce n’est pas possible sans la grâce de l’intimité divine.

On est très loin des manipulations journalistiques et des mascarades politiques et géopolitiques qui nous fatiguent.

Et c’est justement aussi ce qui fait la différence entre notre belle Église et toutes les confréries franc-maçonnes ou ésotériques et même les scientifiques ou les artistes qui pourtant recherchent une certaine vérité. Pour les meilleurs.

Un chrétien catholique – on ne peut pas atteindre les sources de la lumière en dehors de l’Eglise catholique.. -… un chrétien catholique n’a pas pour but premier de rechercher une ‘certaine’ vérité, mais de se laisser atteindre par la Vérité, qui est Jésus.

Tant que vous chercherez la vérité, frères et sœurs, tant que le monde cherchera la vérité, avec les meilleures où les pires intentions du monde, vous passerez et il passera à côté de la cible et achèvera sa course dans le mensonge.

Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus disait que ‘tout ce qui n’est pas Dieu est mensonge’.

Et bien oui. Là où il y a manque, il y a mensonge.

Là où il n’y a pas union au Christ dans les ténèbres profondes de notre âme, notre âme alors respire mal.

Et se fabrique, là, ses maladies. Tout ce qui reste en nous qui n’est pas éclairé par la présence lumineuse du Christ est racine de maladies et de mort.

Quand Jésus dit qu’il « faut craindre plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme et le corps », comment croyez-vous que le diable ficelle notre âme ?
Ce n’est pas en allumant des réchauds de colère, ni par des manifestations folkloriques saugrenues.

C’est bien plutôt en invitant l’âme à se taire.

Tout ce que vous gardez, frères et sœurs, dans l’obscurité de vos ressentiments, dans vos calculs vicieux, dans vos non-dits peureux, et même ce que vous vous cachez à
vous-même en faisant taire votre conscience, bien souvent par lâcheté plutôt que par perversité, c’est un cancer que vous cultivez dans vos cellules spirituelles.

Et c’est par ce cancer très spécial que le diable travaille ses chemins de perdition.

Le pire péché c’est de ne pas présenter au pardon nos obscurités honteuses ou de garder pour soi les belles vérités de notre âme.

Et, en effet, l’Église est la seule institution qui renouvelle en permanence la confession de ses dysfonctionnements et la seule qui révèle les vérités qui sont belles et d’espérance et celles qui fâchent aussi. Parce que c’est la seule instance qui vit dans la grâce d’un Sauveur et de l’Esprit de lumière.

L’Eglise ne craint rien. Et elle ne craint aucune purification.

Mais alors… comment, chacun de nous, pouvons-nous nous libérer de ces histoires, petites et grandes, de camouflage à soi et aux autres, et à Dieu ?

J’ai d’ailleurs remarqué que plus quelqu’un se cache profondément, parfois avec grande intelligence, – ça n’empêche pas – plus ce quelqu’un disserte sur de grands sujets dont il devient spécialiste, et dont on n’a rien à faire. Spécialiste mais fatiguant.

Parce que les vérités que l’on fabrique pour nous détourner de la Vérité, sont épuisantes.

Les simples ne sont pas fatiguants.

Comment nous libérer de nos petites histoires cancéreuses ?

C’est là qu’on entre dans la substance de la foi. Comment se libérer ? :
Eh bien, en laissant Dieu nous envahir de sa grâce.

Pourquoi je dis que c’est la forte substance de la foi ?

Parce qu’alors il y a destructions inévitables.

Par sa présence et par des touches divines, Dieu s’attaque aux révoltes profondes de notre cœur qui aimerait tant cultiver son cancer en tranquillité.

On doit permettre à Dieu de venir nous déranger, on peut dire de nous purifier.

Nos efforts seront toujours insuffisants, même nos efforts de vertus, si Dieu n’atteint pas, par son Esprit Saint, la racine même de notre vie pour la féconder de sa présence.

La racine même de notre vie par la conversion de notre esprit.

Là où le diable ne peut plus atteindre.

Là où la crainte ne trouve plus où se nourrir.

Là où ni les maîtres, ni les livres, ni les grandes ou petites vérités, et surtout pas les vérités du monde, ne peuvent pas nous aider.

C’est dans la solitude de la rencontre avec Dieu. Et comme c’est surprenant, mais quand on se sacrifie à la vérité de notre âme, alors, de plus belles vérités apparaissent.

Notre message devient heureux et pourquoi pas contagieux.

Voilà pourquoi peu sont ceux qui empruntent ce chemin de pure lumière ( avec toujours de très bonnes justifications, je l’admets), parce que ce chemin d’intimité avec Dieu seul, passe inévitablement par des souffrances intimes et amères, et provoque comme des convulsions de notre être, de notre esprit, et réclame même l’expérience d’un enfer intérieur pour accéder à la saveur d’un amour qui comble et devient fécond.

Les perles elles ne se cueillent pas sur la plage, mais dans le mystère des coquillages, cachées dans les profondeurs.

Il est tellement plus pratique de croire que la vie chrétienne est une vie de protection, de repos et d’expériences de guérisons instantanées…

C’est du rêve, et même pas un rêve chrétien !
Quand les grands saints, parfois inconnus, avec un visage paisible, préfèrent garder le silence, ce n’est pas pour éviter de divulguer quelques secrets…

C’est simplement qu’ils sont passés par la grande épreuve de conversion et mis à découvert toutes les perles du Saint-Esprit.

C’est simplement que le rayon de lumière qui les habite ne rencontre plus de poussières ni de mots pour transparaître.

Plus de calculs.

Ils font silence parce que Dieu parle dans leur silence. Pour eux, les brouillards et les mensonges que les générations ont accumulées depuis le premier mensonge d’Adam et Ève, sont vaincues et dissipées par la pleine lumière de Jésus-Christ dans leur cœur.

Un seul cœur, dont l’amour a banni la crainte, aurait suffi à vaincre le monde entier.

Et pourtant, chaque jour, deviennent plus lumineux le cœur de nombreux amis de Dieu qui sont prêts à se déclarer pour Jésus devant l’hostilité des hommes.

C’est la joie silencieuse qui, heureusement, porte notre monde….