Deuxième Dimanche ordinaire – B – 2024

Ame et corps
Cet appel des disciples est un sommet. Du cristal.
C’est un appel silencieux…
Jean le Baptiste dit simplement :  » voici l’Agneau de Dieu ».
Sur cette parole, une demi-douzaine d’hommes vont engager leur vie, entière, jusqu’à la mort.
Imaginez, frères et sœurs… je vous dis :
 » voici l’Agneau de Dieu, en désignant quelqu’un qui passe… »
Est-ce que vous êtes prêts à tout lâcher pour le suivre ?
C’est ce qu’on fait les disciples.
‘Jésus va et vient au bord du Jourdain.’
Il y a eu des regards échangés…
Et voilà que deux hommes vont suivre Jésus sur simplement 4 mots :
 » voici l’Agneau de Dieu »
Et le sommet se trouve dans cette première journée avec le jeune maître.
 » où demeures-tu ? »
‘ ils virent… Et restèrent auprès de lui ce jour-là’
‘ nous avons trouvé le Messie’.
Ils sont restés scotchés.
Et pourquoi c’est un sommet ?
Parce que ces deux disciples puis ces 4, 6, 12, ont compris leur vie éternelle.
La vie éternelle c’est de rester auprès de lui.
Et rien plus.
Il n’y a pas eu de demande.
Il n’y a pas eu de dialogue contradictoire.
Pas eu d’énigme à résoudre.
Il fait bon rester auprès de Jésus.
C’est tout.
Ils se donnent.
Nous touchons là au cœur de Dieu. La gratuité.
Dieu aime donner pour se donner.
Et l’homme doit mettre toute une vie pour comprendre cela.
Pour arriver à cette gratuité du don.
Et c’est de ce don gratuit qu’émerge la fécondité.
Celle de l’esprit avant tout, mais pas uniquement.
Celle du corps suit le même mouvement. Plus pauvre, mais similaire.
Il y a fécondité, quand l’homme pose ses valises de bénéfice et d’intérêt pour soi.
Et la joie suit de très près la fécondité.
Il faut toute une vie pour comprendre la gratuité de l’amour de Dieu.
Et les apôtres l’ont compris au premier jour.

Voilà pourquoi c’est un sommet.
La vocation, l’appel de Dieu sur nous, inscrit au premier jour ce que nous devons atteindre… au dernier jour.
Une vocation n’a de cesse de retrouver et d’entretenir la folie qu’elle a provoquée au moment de l’appel.
 » Je me donne à toi. Me voici. Je ne retiens rien. »
 » parle, Seigneur, ton serviteur écoute »
Je voudrais rebondir maintenant sur la lettre de saint Paul aux Corinthiens.
Si loin des barbouilles de notre société.
Qu’y a-t-il de plus beau que le regard de Saint Paul sur le corps de l’homme, de la femme ? La vocation du corps :
‘ votre corps est sanctuaire de l’Esprit-Saint’
‘ Il est sacré parce qu’il vous est donné de Dieu. ‘
Voilà la plus merveilleuse dignité de l’homme…
Notre corps ne nous appartient pas, parce qu’il est reçu de Dieu et qu’il doit être donné à Dieu.
Et là oui… il y a beauté.
Quand le corps n’est pas reçu de Dieu, il devient matière à manipuler, à supporter, à doper.
Matière sensible peut-être, matière à plaisir, mais matière.
Si l’on ne reçoit pas l’autre ( son conjoint par exemple), en son âme et en son corps, comme un don de Dieu, il devient objet.
Objet dont on voudra, inconsciemment ou volontairement, briser la résistance ou l’opacité.
Mais si cette personne bien aimée est reçue en son corps et en son âme comme un don sacré de Dieu, alors oui, elle devient le chemin respecté pour un don et une fécondité.
Parce que je te considère comme sacré, mystère d’esprit et de personnalité, et en ton corps vase sacré de l’Esprit Saint, alors par le don de mon corps je peux féconder ce mystère, en beauté.
Si je reçois ton corps comme sacré, par lui j’attends le mystère de la vie éternelle en te donnant mon corps.
C’est en considérant le corps comme don sacré, qu’il prend sa signification conjugale de complémentarité pour une communion.
Si nous voulons posséder notre corps, (‘ mon corps m’appartient….!’), alors il n’est plus l’expression de mon âme et de ma personnalité.
Je ne sais plus ce que je signifie.
La conscience de moi-même se dérègle.
Je ne sais plus qui je suis si je ne reçois pas mon corps comme don sacré de Dieu.
Mon corps n’est pas à moi, il est… moi !

Je suis mon corps au même titre que je suis mon âme.
Quand on veut définir son genre soi-même, il y a une erreur fondamentale du rapport de l’âme et du corps. C’est une maladie de la conscience de soi.
Si mon genre est une option qui dépend de ma perception, inévitablement, je m’embrouille les pieds et je perds ma signification profonde.
Je perds la signification du don gratuit de Dieu.
Je ne comprends plus que je suis fait pour une complémentarité, et que cette complémentarité c’est la plus pure joie que Dieu a posé dans sa création.
Si je peux décider ou définir mon genre (masculin ou féminin ou non-binaire ou fluide…) ce n’est plus un genre, c’est une option. Comme d’être gros ou maigre, sportif ou addic à la télé, matheux ou littéraire.
Mon genre, masculin ou féminin, est indissolublement lié à mon corps et à mon âme.
L’homosexualité est une déviation du projet de Dieu sur la nature humaine. Déviation souffrante, je l’admets, mais déviation.
Car la complémentarité qui engage la sexualité implique une différence inscrite dans notre nature avant notre naissance, masculin ou féminin, dans notre corps et notre âme.
Cela ne m’appartient pas.
En fait c’est très simple.
Dieu m’a créé dans un mystère que je dois respecter pour trouver mon épanouissement.
Ce n’est pas de me trouver qui compte.
Ce n’est pas de trouver l’utilisation de mon corps qui compte.
Ce n’est pas de définir mon désir qui compte.
Car de toute façon je vais me tromper si je le prends par ce bout.
Ce qui compte, c’est de me recevoir de Dieu pour pouvoir me donner, avec mon mystère.
Ça ne peut se vivre que si on prie souvent et régulièrement.
Lorsque deux époux unissent leur corps, et par conséquent bien sûr leur âme, puisque leur corps est expression de leur âme, ( il n’y a pas de neutralité dans la sexualité, notre corps engage toujours notre âme) lorsqu’il y a union des corps, par l’expression d’un désir – masculin d’un côté et féminin de l’autre – c’est le mystère de deux âmes qui se rejoignent. Soit dans la lumière de Dieu, soit dans la fausseté d’un mensonge.
Et évidemment, nos corps ont toujours une signification par rapport à l’autre.
Le masculin ne se définit pas en soi, mais par rapport au féminin, et réciproquement.
Même si l’on est consacré à la chasteté pour le royaume de Dieu.
En ignorant le mystère de Dieu, notre corps tombe dans la neutralité de la matière.
Un corps qui n’est considéré que matière devient le champ de bataille de notre sensibilité et du plaisir qui appartiennent au côté matériel de nous même.

Alors, évidemment, il y a un autre élément qui contrarie le langage du corps :
la morsure du péché.
Notre corps et notre âme, à cause du péché, ne peuvent plus trouver d’harmonie parfaite qu’ils désirent pourtant.
Ils s’amusent à se tromper l’un et l’autre.
Seule, la grâce du Christ nous permet de rétablir l’harmonie.
Autrement dit, un couple qui n’est pas marié à l’Eglise ne trouve pas sa signification ultime.
Il n’a pas accès à la gratuité d’amour que Dieu a inscrit au profond de la complémentarité de l’homme et de la femme.
Un couple qui n’est pas marié à l’Eglise ( et j’ajouterai, qui ne prie pas) joue un jeu de couple, mais ne peut pas être comblé jusqu’aux profondeurs de sa nature.
La grande question, et même le grand problème dans la rencontre d’un homme et d’une femme, ce n’est pas de découvrir l’autre, de le comprendre mieux, car à ce moment-là il serait beaucoup plus facile d’être homosexuel.
Ce n’est pas de découvrir l’autre, c’est de respecter l’autre dans son mystère de complémentarité qui nous appelle au secret de sa différence.
Et là, la foi est nécessaire.
Alors… Si je suis une femme, l’homme, par sa masculinité me révèle ma féminité. Par son mystère, que j’admets et respecte, et même que j’honore (pas facile, tellement ce mystère me provoque et tellement j’ai envie de l’amener au grand jour, de le résoudre une fois pour toutes, pour moi. ) je découvre donc, si je le respecte, que je suis un mystère moi même. Un mystère de femme.
Et si je suis un homme, – à vrai dire je crois que c’est mon cas (!) – d’admettre que l’autre, la femme doit être respectée en son mystère qui doit rester, dans la foi, mystère de complémentarité, va me donner l’occasion de grandir dans mon identité masculine.
Comment ? Mais je n’en sais rien !
C’est ainsi que Dieu le veut.
Être homme, ou être femme entre dans le même appel que la vocation, le même désir de Dieu sur moi.
Pour un mariage, c’est le conjoint qui provoque par la différence de genre, masculin ou féminin, à admettre la nécessité de la grâce du Christ, sinon tout s’embrouille et je ne sais plus où est ma place ni celle de mon conjoint.
Pour d’autres vocations, c’est l’Église qui suscite par sa grâce surnaturelle, un don de soi, féminin ou masculin et lui donne sa place,
Église personne humaine et divine, maternelle, qui porte à Jésus.