LA FOI
Abraham est un personnage fascinant.
Il n’est pas parfait.
Il fait des erreurs et même des fautes.
Graves.
Abraham est encore de l’âge de l’homme brut.
Son ‘charisme’ n’est pas spécialement la finesse morale.
Mais cela montre que Dieu ne place pas en première importance la perfection.
Depuis toujours Dieu a appelé, ‘non pas les justes mais les pécheurs’
Qu’importe que l’on soit taillé dans un cristal fin ou dans du granit, il y a toujours une grâce qui nous est destinée.
Abraham fut l’homme de la foi.
Immense.
Nous sommes des nains de ce point de vue.
Abraham n’a pas l’Eglise pour lui clarifier le message de la Providence.
Mais Dieu traite avec Abraham par visions, par intuition, par des signes très purs.
La foi a besoin de signes.
De signes qui sont comme des tremplins pour toucher aux lumières qui nous dépassent.
Pour Abraham quel est le signe du message de Dieu ?
Un signe magnifique…
C’est le ciel étoilé.
Ce n’est plus l’Arc-en-ciel de Noé, mais la Voie Lactée.
C’est vrai que cette infinité de lumières qui semblent fragiles peut nous donner le vertige.
Comme l’écrit Victor Hugo (dans Les Misérables),
‘ vous regardez une étoile pour deux motifs, parce qu’elle est lumineuse et parce qu’elle est impénétrable.’
Je dirais que c’est la définition du signe.
Il se présente comme un repère sensible, mais il nous invite au mystère insaisissable.
Le signe pour Abraham c’est le ciel.
Il n’y a pas plus grand dans la création.
Et le message de Dieu.
Hé bien, » ta descendance ressemblera au ciel… »
Abraham à 100 ans.
Sa femme semble stérile et trop âgée.
Et Abraham croit en Dieu.
Il n’a aucun doute que sa descendance sera nombreuse.
Il a simplement un doute sur le pays que Dieu lui promet.
De l’Égypte jusqu’au nord de la Syrie…
Et comment Dieu lui répond-il :
« Fais un sacrifice. un sacrifice d’animaux ».
Dieu parle par les étoiles; l’homme, par le sacrifice.
Ça semble primitif mais il n’y a pas d’acte plus profond que cela.
Et alors quelle sera la réponse de Dieu ?
Dans un sommeil mystérieux sur Abraham, ce sera une flamme qui va griller les morceaux d’animaux.
Un regard qui se tourne vers les étoiles..
Une promesse d’avoir des enfants et de les installer dans un grand pays..
Un sacrifice agréé par Dieu.
Comment on le sait, qu’il est accepté?
Parce que Dieu passe par le signe du feu.
Et puis après cela ?
Très simple.
Abraham sait que sa vie a été comblée.
Ça lui suffit.
Il évolue dans un environnement silencieux.
Le silence de l’esprit d’Abraham le grandit et le grandit même dans une dimension infinie.
Plus nous sommes dans les histoires, plus nous sommes petits et rétrécis.
Plus nous sommes dans le silence, un vrai silence d’écoute, plus nous sommes à la dimension de celui qui habite le silence.
Vous voyez, frères et sœurs, nous avons une grande leçon de foi à recevoir d’Abraham.
La foi grandit dans la recherche du silence et de la simplicité et l’humilité.
Les gens qui n’ont pas la foi sont compliqués et compliquent tout.
C’est la grande peine de Saint Paul, qui pleure sur les petites vies faites de plaisirs, de critique et de petites susceptibilités.
La foi c’est de recevoir un message.
De le recevoir avec son cœur d’un autre.
Mais quand on passe tout au tamis de notre jugement, on ne s’en sort pas.
Frères et sœurs, ne croyez pas que je me fais des illusions.
Ce que je dis là ne changera jamais le jugement de quelqu’un.
Je ne cherche pas à convaincre.
Ceux qui n’ont pas de jugement seront les derniers admettre qu’ils doivent soumettre leur jugement à quelqu’un d’autre.
Ils ne se convertiront pas. C’est clair.
Mais alors à quoi ça sert que je dise tout cela ?
C’est simplement pour réconforter, consoler peut-être, ceux qui ont une foi profonde.
Comme le dirait Saint-Paul : » mes bien aimés, ceux qui ont compris l’humilité du jugement, en fait qui ont compris le chemin de foi, ne vous affligez pas si parfois, l’obéissance bénie, l’humilité bénie, ne vous donnent pas immédiatement des joies sensibles, et même vous apportent des épreuves supplémentaires.
Parce que vous avez semé en vous une paix que n’atteindra jamais celui ou celle qui garde son cœur fermé sur lui-même.
La leçon d’Abraham qui est tellement à l’opposé de ce que préconise autre monde, c’est l’humilité du jugement et la simplicité extrême de vie.
Alors… La transfiguration. ?
Je crois qu’en approchant Abraham, on prend un chemin favorable a la rencontre de la transfiguration de Jésus.
Parce que Abraham, et d’autres grands du peuple Saint ont eu quelque expérience proche de la transfiguration.
Ces grands ( Moïse, Élie, Isaïe… Ezéchiel… ) ont eu une expérience de la Croix, de la profondeur de la souffrance du Christ pour l’humanité.
Dieu accorde la Transfiguration à celui qui ne dit pas ‘non’ à la croix.
Parce que la Transfiguration est lumière indissolublement liée à la croix qui sauve le monde.
Frères et sœurs si vous avez une transfiguration, une grâce toute simple de la vie éternelle, oh… je ne dis pas comme un brasier de 3 m de haut, mais comme une petite grâce de lumière qui va rendre l’une de vos journées paisible,
Si vous avez cette petite grâce, alors sachez qu’elle doit passer par une petite croix.
Si vous avez une grande grâce, sachez que vous passerez par une grande croix.
La croix est toujours lumineuse de la Transfiguration qui l’a précédée.
Et la Transfiguration et tu ne portes ouvertes à rejoindre le Christ souffrant.
Mais il y a une condition a vivre tout cela : c’est de viser le chemin d’Abraham. De marcher sur ses traces.
Or, que disent ses traces ?
Elles disent : simplicité, pureté, dépouillement, humilité, humilité.
Tout le contraire de notre monde.
Le grand effort de Carême que nous devons viser, c’est de simplifier notre vie, nos pensées.
On ne peut pas en dehors de l’Eglise atteindre cette grâce de simplicité.