DEUXIEME DIMANCHE ORDINAIRE 2025

Jésus totus

Le commencement des signes…C’est sympathique.  Cana …On va commencer par ce commencement..Cana, c’est à quelques kilomètres de Nazareth.Enfin, il faut quand même marcher une demi-journée.Ça descend raide, c’est sur une chaîne de collines, différente de celles de Nazareth.À l’époque, 5, 10 km à pied ça ne faisait pas peur.Ce qui ne fait pas peur non plus à Jésus, c’est la fête, de faire la fête.D’ailleurs, on découvre que Marie, 45 ans à peu près, ne vit pas en recluse. Elle ne dédaigne pas les joies simples.Bon… Joseph ne se montre pas…Nous avons avec le repas de Cana, un petit tableau tout simple de la vie quotidienne au temps de Jésus.Jésus et ses apôtres : un petit groupe de jeunes, autour d’un jeune maître qu’on commence à regarder avec curiosité et intérêt.Il y a quelque chose qui frémit avec ce Jésus.Oh,… il n’est pas en train de rassembler une armée.Il fait même pas de politique.Mais là où il pose son pied, on dirait que l’air devient plus pur.On dirait que la nature se met à l’écoute, qu’il y a une vibration de lumière qu’on n’avait pas encore perçue jusqu’alors.Et la première leçon de Cana, c’est que Jésus se présente dans un événement de la vie quotidienne.Il y a la prise de Toulon par Napoléon, en 1793. qui va révéler son génie de la stratégie.Mais c’est un événement héroïque, pour Napoléon et surtout pour ses soldats.Il y a la prise de Constantinople en 1453, par Mehmet deux, Le Conquérant.Par un acte insensé , il fait transporter les bateaux de guerre sur des rondins à travers les collines pour les amener dans la Corne d’Or et vaincre l’armée des Byzantins.Il y a plein de faits de génie et de bravoure qui ont révélé des grands hommes.Ghandi, et la marche du sel en 1930…Saladin et le massacre de l’armée des croisés sur les collines de Hattin (en juillet 1187)…Jésus, lui, arrive avec une dizaine de copains  ( non je ne dois pas parler comme cela. ils n’ont jamais été copains, ils étaient disciples, jeunes disciples, mais ils se sont toujours déclarés disciples de Jésus)Jésus arrive à la réception d’un mariageEt par cet événement festif nous allons tout apprendre du destin de Dieu sur le monde.. Alors vous allez penser, frères et sœurs, que le destin de Dieu sur le monde ça va pas impacter votre menu de midi, ou votre emploi du temps de cet après-midi.

Et bien détrompez-vous !Parce que la présence de Jésus à Cana en Galilée, ce jour-là, change l’histoire du monde.Et non seulement l’histoire du monde en général, mais notre position intime, personnelle ; change la situation de notre âme, de notre santé, de notre intelligence ou de notre ignorance, de nos choix et de nos amours.D’abord, il y a quelques anomalies dans ce récit de Cana.Les deux personnages les plus importants ne sont pas nommés.La mariée et le marié ne sont pas évoqués.Bizarre…Et ensuite, il y a quelque chose de curieux, d’extraordinaire…D’abord qu’on manque de vin…Tout ça c’est très bizarre.Mais ce qui est encore plus bizarre, c’est que Jésus va fabriquer environ 600 litres de vin.Y avait-il dans la petite bourgade de Cana, ce soir-là, plus de 2000 personnes ?Et puis enfin, il y a le miracle en lui-même: la transformation en très bon vin à partir de l’eau plate. instantané.Alors maintenant pénétrons la question.Par ce premier signe, Dieu vient signifier la dernière étape de l’histoire de l’humanité.Un accomplissement de tous les sens de la vie du monde et de notre vie.Et cette dernière étape c’est une ouverture au bonheur éternel.Pour un chrétien, il y a l’histoire du monde, politique, social, économique.C’est le principal sujet à l’école et de nos journées. La grosse cavalerie des discussions.Cette histoire est mesurable en grande partie, avec des dates,  des chiffres.Mais il y a l’histoire des cultures, de l’évolution des idées…Ça devient plus insaisissable, mais il y a quand même quelque accroche visible.Il y a des écrits et il y a souvent des conséquences qu’on peut peser.Dans les familles, aussi, il y a des moments d’enrichissement des relations, de rapprochement, ou au contraire de zizanie, de désaccords, qui tiennent à presque rien.On sait pas trop pourquoi mais la famille s’épanouit ou au contraire se rétrécit sur ses rancœurs. (un mot, une sympathie, ou une incompréhension)C’est une des dimensions de l’histoire que la plupart du temps on ne peut pas décrire.Mais pour le chrétien, en tant qu’homme ou femme de foi, il y a un autre niveau d’histoire qui le fascine.Parce que tout simplement, il sait que cette histoire le mène vers son bonheur (ou son malheur…)C’est l’histoire intime de son cœur.Et qui va correspondre à l’histoire aussi de la grâce, dans le monde et dans sa vie. Très liée avec la présence de Jésus.Or, que fait Jésus vis a vis de l’histoire et de notre histoire personnelle ?Ce qu’aucun événement ou personnage n’a fait depuis la création du monde.Il accomplit toutes les dimensions. tous nos désirs .Voilà la nouveauté totale de Jésus et ce qui nous donne la paix.Il va faire donner, comme quand on presse un fruit, tout son jus à l’histoire du monde et à notre propre histoire personnelle.Ou plutôt il va faire donner toute son intensité à toutes les dimensions corporelles et spirituelles.Ce n’est pas qu’il va d’abord changer quelque chose.Il peut le faire.Mais il va apporter une profondeur d’être, une densité de vie qui déborde tout le monde.Quand Jésus buvait un verre de champagne, chaque bulle de ce champagne nous invitait à vivre le plus intensément notre vie et nous propulsait dans la vie éternelle.Revenons à Cana.Jésus vient habiter notre histoire.Une histoire toute banale qu’il va faire exploser de vie.. .Et quand Jésus est là il y a l’Eglise.La mariée qu’on cherchait, c’est l’Église !

L’époux, c’est Jésus.Vous voyez comme d’un événement pauvre et tronqué, Jésus donne un sens.Marie s’inquiète… » ils n’ont plus de vin »…Pourquoi se tourne-t-elle vers Jésus ? parce que Jésus va propulser cette inquiétude dans un sens de mission universelle. » mon heure n’est pas venue.. » .. Jésus a une heure, qui sera en fait l’accomplissement d’un amour.De l’amour de Dieu pour le monde et pour chacun de nous.Jésus fait exploser la fête par des dimensions qui nous dépassent.De temps, de quantité, de vie éternelle.Il est bien dans l’histoire, mais il déborde l’histoire.Et vous voyez frères et sœurs, ce ne sont pas des mots, c’est une perspective pour notre vie.

Nous vivons nos événements sur une longueur d’onde habituellement.

Un caillou est un caillou.L’info du jour ( le dernier meurtre du tueur en série de l’Arizona) nous suffit comme émotion pour alimenter notre perversité.Ou même, soyons positif, si on peut rester agréablement surpris du dernier concert de musique classique. ..Mais nous sommes tellement courts, et certainement aveugles, parce que Jésus aurait donné à chacun de ces événements une infinité de sens et d’invitations au bonheur.Jésus à Cana, c’est le Messie qui ouvre accès à la table du ciel.Dieu s’est rapproché une fois pour toutes de la pauvreté de notre histoire.Et comme le dit saint Paul, il enrichit de sa plénitude l’évènement, n’importe quel événement.Notre coeur… Dans toutes ses dimensions, il le réjouit d’amour.Nos blessures… Il les connaît et leur apporte guérison et paix.Notre intelligence, il vient la simplifier et lui donner fécondité de lumière.Avec Jésus, on comprend mieux…Il ouvre notre âme à ses dimensions éternelles d’union à Dieu.

Il la rassasie.Notre société et l’histoire de laquelle nous héritons, il nous permet de ne pas nous y enliser.Tout cela, il l’a dit, un soir de fête, à Cana, en disant simplement :« remplissez d’eau ces jarres… »Et depuis ce soir là, les miracles n’ont pas cessé de couler sur notre monde.Frères et sœurs nous sommes grands de toutes les dimensions de vie que Jésus est venu très discrètement introduire au milieu du brouhaha de la fête à Cana.

Si nous lui demandons de transformer notre cœur.

BAPTEME DU CHRIST 2025

 

Du temps de Jean-Baptiste, il y avait une petite différence d’avec notre histoire contemporaine. Du temps de Jean-Baptiste, on attendait un événement qui changerait l’Histoire. Pour les Juifs, pour la Bible, cet événement était une personne. Et cest là quest toute la différence. Le monde qui nous entoure n‘attend pas de sauveur. Il pense quavec les progrès – n‘importe quel progrès : progrès du savoir, progrès du confort, progrès des moyens mis en œuvre – on arrivera à orienter le monde versun meilleur bien-être. Alors il y a toutes les variantes de réactions. Pour les plus optimistes ils veulent rendre le monde meilleur. Et ils trouvent toujours matière à se réjouir à chaque petite avancée… Même si le changement est absurde.

Pour les plus pessimistes, ce mouvement de l’histoire vers le meilleur est terriblement mis en cause par des mauvais qui menacent le monde. Et puis il y a tout l’ entre-deux : ceux qui poussent dans un sens ceux qui tirent dans un autre.

Et puis ceux qui poussent et qui tirent sans trop savoir vers quoi ni pourquoi. Pour les contemporains de Jean-Baptiste, les contemporains juifs, il y a une autre donnée. Qui change tout.

Et qui est la donnée de notre christianisme. Cette donnée c est que nous sommes foutus.

Par le péché originel. Cette donnée, cest que nous ne pouvons pas nous en sortir par nous-mêmes.L’oeuvre de la Création a été abîmée. D’une certaine façon, cassée en mille morceaux, mais les morceaux restent bons, et avec la grâce de Dieu, grâce obligatoire, elle peut se refaire. Vous voyez donc, frères et sœurs, que nous sommes dans une conception très différente de toutes les autres conceptions qui existent.

Nous sommes dans un monde cassé; notre cœur est cassé, notre jugement est cassé,

tout ce que nous choisissons ou faisons est gangrené par cette brisure provoquée

par le premier péché d’Adam et Ève. Et dont nous héritons. Si c‘était quelque chose d’extérieur à nous, nous pourrions essayer de le réparer.

Mais cette brisure, elle est en nous. On ne peut pas la voir et on ne peut pas la réparer par soi-même. Cela paraît terrible, mais c’est la seule explication du mal persistant dans notremonde, malgré le déploiement de moyens qui semble merveilleux, riche et complexe.

Il y a 3000 ans, certains avaient compris cela. Les Juifs. Et Dieu, par ses prophètes inspirés, a évoqué la solution par des petites touches.

Il fallait un Sauveur.C’est une conception du monde totalement différente de toutes les politiques, de toutes les psychologies, sciences, ésotérismes ou chemins de bien-être que l’onnous propose à longueur de journées, amplifiées à l’infini par les médias.

 » le peuple venu auprès de Jean le Baptiste était en attente. Es-tu le Christ ?  »

Rien que cette petite phrase change toute la vision du monde.

Et Jean va dire : c’est pas moi, c’est luiIl est arrivé. Le Sauveur Et sa mise en efficacité c‘est aujourd’hui, par son baptême.

Par son baptême, Jésus va instituer le premier sacrement de l’Église pour nous.

Au moment du baptême de Jésus, le Ciel s’ouvre.À chaque baptême le Ciel s’ouvrira pour chaque baptisé.Au moment du baptême de Jésus, l’Esprit Saint communique avec la terre.

À chaque baptême l’Esprit Saint vient remplir le cœur de chaque baptisé, pour leguérir et l’illuminer.

Mais alors ? Quel rapport avec le péché originel ? Et bien justement, il fallait Jésus-Christ Sauveur, homme parmi nous, Verbe de

Dieu, Dieu lui-même, pour venir guérir l’enfermement de tous les hommes sur eux-mêmes.

Cette guérison, elle consiste simplement à accepter de recevoir une lumière qui ne vient pas de nous.

Un chrétien qui ne veut rien recevoir des autres n´a rien compris à sa foi. Depuis le péché originel c’était impossible de comprendre la lumière de Dieu, ou presque… Dieu se donnait par quelques lueurs pour maintenir à flot son peuple.

Mais depuis le baptême de Jésus, tout homme, le plus grand pécheur, le plus défoncé dans sa santé, dans sa morale, dans son intelligence ou ses capacités

spirituelles, le plus abîmé, peut bénéficier maintenant de la grâce de Dieu venue parJésus-Christ.

Et comment est-elle opérationnelle cette grâce de Dieu, par Jésus-Christ, mort et

ressuscité, vivant parmi nous ?

Elle est opérationnelle par les sacrements. Par les sacrements de l’Église.

Parce que Jésus a voulu dans son premier acte public commencer sa mission par un sacrement.

Vous voyez, frères et sœurs, notre vision du monde maintenant.

Le monde sera sauvé par l’Église et par les sacrements.

Quand une famille me demande de baptiser leur enfant pour qu

‘il « ait des valeurs… Pour qu’il soit protégé. »

(De quoi ? du diable peut-être, mais certainement pas des épreuves, puisque le

baptême nous place au front du combat de la vie, dans un monde qui est adversaire

et qui donne des coups)

Non ! non !

Le baptême, tout simplement, ouvre le Ciel et nous donne une force divine infinie,

pour vaincre le mal qui a éclaboussé au plus profond de notre cœur.

On fait baptiser un enfant tout simplement parce que Dieu veut qu’on soit baptisé.

Notre cœur serait-il le plus blessé, brisé, perdu, la grâce du baptême nous ouvre la solution à la guérison.

Et par là même à la guérison du monde.

De tous ceux qui nous entourent.

Si l’on baptise son enfant, ou si on se fait baptiser, la raison première et suffisante,’c’ est que Dieu nous demande de prendre le chemin de la vie éternelle par ce sacrement. Il n’est pas pour nous.Il est pour Dieu.

Et à chaque baptême, Dieu vient comme une colombe, par son Esprit Saint, très

doucement, avec beaucoup de pureté, murmurer au cœur du baptisé :  » maintenant,

tu es mon fils, tu es ma fille, bien aimé(e). Maintenant en toi, on peut jouer le jeu de la joie, ensemble. »

Et à partir du moment où il ny aurait qu’une seule personne baptisée du baptême

de Jésus, le monde serait sauvé.

Au moment du baptême de Jésus, Dieu prouve que même si on ne le mérite pas, Dieu

permait à chaque homme, s’il le veut bien sûr, d’atteindre sa perfection et  béatitude qui est de voir Dieu et de jouir de lui.

On est loin d’une conception d’

un meilleur monde qu’on arriverait à atteindre aubout de l’échelle.

Il ny a pas d’optimisme ou de pessimisme, ni même d’espoir pour le chrétien.Il y a l’espérance Et cette espérance elle s’est ouverte le jour où le Christ a été baptisé.

Et quoi que devienne le monde, ce qui nous intéresse guère en fin de compte, nous savons maintenant que nous pouvons vaincre le démon, recoller avec l’

aide du Christ les morceaux cassés de la Création .

Mais que tout cela, et voilà notre bonheur… c’est pour atteindre le Ciel , le Ciel de Dieu, la vie éternelle. C’est par l’Église que chaque homme peut être sauvé.

C’est par les sacrements et en premier lieu par le sacrement du baptême mais qui ne suffit pas… par les sacrements de l’Eucharistie et de la confirmation et de la

réconciliation… que le monde et que chaque homme pourra s’

ouvrir à la joie parfaite.

C’

est une conception très différente du monde et des autres religions.

C’est la seule qui tienne la route.

C’est la seule qui fasse aboutir la route.

C’est la seule qui nous permettra de poser notre cœur contre le cœur de Dieu.

C’était au départ l’intention de Dieu que nous avons compliquée.

Jésus nous la redonne en nous faisant passer par un chemin plus court, plus intime

encore, plus humble, et infiniment plus lumineux.

Le chemin de son cœur qu

‘il a ouvert le jour où il est descendu dans le Jourdain

EPIPHANIE 2025

Ce récit de l’arrivée des mages en Israël ressemble à un conte de fées.Avec cette étoile qui brille d’abord en Orient, pour avertir de la venue d’un roi. Et ce roi, les mages ont déterminé qu’il était roi des juifs.Et puis ensuite, encore le signe de l’étoile, beaucoup plus précis, au dessus d’une maison, à Bethléem…Et dans la maison, l’enfant, divin, Marie sa mère, Joseph qui veille.C’est tellement facile de l’expliquer aux enfants.Des chameaux, une étoile, des coffrets… Ils arrivent, ils se mettent à genoux devant un bébé, ils repartent… Et l’affaire est jouée.Et, pour nous adultes, on se laisse pénétrer de cette ambiance magique de conte de fées.On simplifie : trois mages avec chacun un coffret.Ce n’est pas dit qu’ils étaient trois…Melchior, Balthazar et Gaspard.Ils sont de trois couleurs, ça fait plus inclusifsEt on leur met une couronne sur leur tête.Bref, on transforme l’évangile en conte de princes charmants…Comme à cette histoire s’ajoutent songes et prophéties, ça fait rêver.Même l’Annonciation de l’ange à la Vierge n’a pas autant de succès dans le merveilleux.Il serait intéressant d’étudier les récupérations et l’imaginaire provoqué par les récits bibliques dans les piétés populaires.Pour Noël par exemple, c’est l’aspect festif qui est sur-développé.Pour les enfants, cadeaux; pour les grands, retrouvailles en famille et bombance pour les estomacs.C’est tellement admis que ceux qui sont seuls ou sans grands moyens, ont un complexe de malédiction et la tristesse de l’abandon…Je n’ai jamais aussi bien vécu mes Noëls que quand je partais seul, avant d’être prêtre, dans un lieu de pèlerinage, vivre une messe de minuit et manger en rentrant,  une barre de Mars ou une demie tablette de chocolat.Je rejoignais alors, avec de véritables délices, la frugalité et le dénuement de la famille de Bethléem.Merveilleuse communion…!Mais relisons cet évangile de l’épiphanie…Avec une lecture plus près du texte réel…Un enfant-Dieu est annoncé par des phénomènes naturels.Un phénomène cosmique.En fait, les mages ne définissent pas l’enfant comme Dieu.Mais comme roi.Ils n’ont pas la révélation complète.Cet enfant sera puissant. Et c’est bien cela qui inquiète le roi (‘le bouleverse’ est-il dit) –  Hérode est davantage un roitelet, collaborateur et soutenu par le pouvoir de l’Empereur de Rome. C’est un vassal –Hérode, le roi-fou, comme les grands dictateurs l’histoire était ou est devenu parano.Staline, Lénine, Mao, Amindada, Pol Pot, Fidel Castro, avaient peur de tout ce qui bougeait…Petite note de l’Évangile… Jérusalem est bouleversé aussi.C’est qui Jérusalem ?Les grands prêtres et les scribes, et peut être la population, mais ils ne sont pas bouleversés de la même raison qu’Hérode.Il y avait une attente…En tout cas, une caravane de devins-astrologues qui ne parlent pas hébreu, venue d’Iran ou de plus loin, ça intrigue.L’événement du jour !Et à raison…Le scoop.Les médias débarquent…  : « et qu’est-ce vous pensez de cette nouvelle étrange ? Pensez-vous que ce roi va libérer le pays de l’occupation romaine ? »–  oui bien sûr, on n’attend que ça ! avec la conjoncture actuelle, l’excès des impôts et de lois contraignantes, la difficulté de commercer, il est bon que l’Orient fasse un premier pas… Sinon ça finira en révolte civile !Notre conte de fées, en lisant de plus près l’évangile, voilà qu’il se dégonfle…Hérode convoque les prêtres et les scribes.On pourrait appeler ce nouveau scénario : Les Bons, la Brute et les truands.Les bons : les magesLa brute : HérodeEt les truands : les prêtres et les scribes…La brute à peur.Et il appelle à son aide ses semblables, les pervers de la ville.Le trésor, c’est un enfant qui pour l’instant se cache et reste mystérieux.Que lit-on entre les lignes de l’Évangile ?Une histoire qui n’est pas rare et à laquelle n’échappe pas Jésus et sa famille toute pure.Quand une nouvelle arrive, plus elle est lumineuse, plus elle va être rencontrer d’opposition.Le portrait de l’Évangile est très réaliste.Hérode reçoit les mages avec des courbettes.Première attitude du pervers : être au courant. Pour mieux contrôler la situation. Bien vu…Deuxième attitude :Jouer la séduction.Car le but c’est de situer, de cerner la proie et de l’attraper (par des raisons de bien) pour mieux l’enlacer.La brute cherche à éliminer. C’est plus radical. Il joue à l’araignée.Le truand manipule pour son profit. Il joue au chat et à la souris. Mais il peut aller jusqu’à tuer aussi.Les pharisiens tourneront longtemps autour de Jésus pour finalement décider de le supprimer, plus tard.Leur but ultime et constant des pervers est de garder leur place et même de prendre toute la place.Soit de manger l’autre pour son plaisir.Soit de l’éliminer pour garder le pouvoir.C’est plutôt le cas d’Hérode et des grands prêtres.Les bons… Les mages, eux, se réjouissent, donnent, se prosternent, et repartent sans contrepartie si ce n’est celle de leur joie au cœur.Mais ils ne sont pas dupes ou naïfs. Ils ont compris le manège des autorités.On s’aperçoit donc qu’on est loin d’un conte de fées.Jésus dès sa naissance fait surgir les ombres et lumières.Épiphanie, ça veut dire que ce qui est évident, hé bien… Jésus-Christ vient nous le dire…!C’est évident que Dieu nous aime, et pourtant il faudra que Jésus-Christ nous le dise. Et dès ses premiers jours sur terre, il provoque ce phénomène de révélation.C’est évident que nous devrions répondre à l’amour de Dieu par notre amour, par l’amour de tout notre cœur…C’est évident et pourtant il faudra que Jésus nous le dise en souffrant pour nous, pour que nous le comprenions vraiment.L’Épiphanie, c’est Dieu qui nous dit ce qui est pourtant évident mais que nous n’arrivons pas à voir.Et à l’approche de Jésus Christ le mal se réveille.En tout cas, il dresse l’oreille. Dès les premiers jours.L’Epiphanie de Jésus le met aussi en évidence.Ça finira par le massacre des saints innocents.On pourrait se dire:C’est toujours pareil,l’Histoire n’avance pas ?Eh bien oui, de fait, chacun refait son chemin.Chacun doit découvrir en lui Hérode la brute, les scribes truands, et le désir d’être mage pour approcher du mystère de Dieu.Ça veut dire que personne ne peut se dire :  » mes parents ou mes ancêtres m’ont préparé un héritage de bonheur. je n’ai juste qu’à cueillir ce qu’ils m’ont préparé. »En fait, chacun de nous a à découvrir, à partir de presque zéro, le chemin du bonheur. Et à vivre son épiphanie.Chacun de nous doit travailler pour assumer ce qui lui a été transmis de bon, et pour rectifier ce qui lui a été donné de mauvais.Et ce travail est toujours laborieux, pénible, avec des avancées et des recul.Et il n’est possible qu’avec Jésus Christ comme révélateurNotre histoire on ne la reçoit pas toute cuite… Mais elle ne devient lumineuse que de Dieu.Certains me disent parfois : « ô mon père, j’ai une bonne étoile, heureusement… »Bien sûr, qu’on a une bonne étoile. On a tous une bonne étoile.Mais la question, c’est de la mettre dans la grâce de Dieu.C’est de lui donner son épiphanie dans la lumière de Jésus Christ.Soljenitsyne exprimait cela en disant…‘ ce n’est pas le destin qui cherche la tête c’est la tête qui forge son destin’Autrement dit, il n’y a pas de chemin tout tracé pour personne.C’est chacun de nous qui traçons notre chemin, et ce ne peut se faire qu’en tenant la main de Jésus.Lui seul nous accompagne dans notre épiphanie.

SAINTE FAMILLE

Priorités

Jésus recadre…Nous avons là, un petit tableau de la vie courante de la sainte famille de Nazareth, et un magistral recadrage de Jésus.Hier, pour la fête des saints innocents et le récit de la fuite en Égypte, c’était Joseph qui recadrait.Aujourd’hui, c’est Jésus.Mais c’est la même leçon.Dans notre vie, il y a des priorités.Voilà la leçon.Le principal n’est pas ce que nous faisons de bien ou de mal, ce que nous fabriquons ou ce que nous avons raté.C’est la place que nous accordons à chaque chose.Quel est notre amour de préférence dans notre vie ? …Or, première priorité de Jésus, à 13 ans… ce n’est pas l’affection de ses parents, ce n’est pas je ne sais qu’elle revendication de liberté, le jeu, ou les copains.C’est la maison de son Père céleste.

Il entre dans ses premières confrontations avec les pharisiens.Et il commence sa Mission…

Mais regardez le lien que Jésus a avec ses parents.

Jésus est hypersensible, hyper à l’écoute. Il comprend sa mère comme jamais enfant n’a communié avec sa mère.

Sa maman a vécu une douleur atroce, pendant trois jours.

Son fils unique et chéri, béni au delà de tout… perdu ! Pas de trace de lui !

C’est inimaginable comme douleur. Et elle se plaint délicatement à lui.

Et lui répond….. : par la priorité de son être :  

« Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »

Marie, et elle seule le pouvait, a compris. Elle n’insiste pas.

La priorité de Jésus, c’est son Père.

La priorité de Marie et de Joseph, c’est Jésus.

Et cela est très important, parce que cela nous invite à revisiter nos priorités.

Au moment de la naissance de l’Enfant, il a fallu émigrer en Egypte.

Là encore, choix de priorité pour Joseph.

Joseph a un instinct – qui lui vient de la grâce divine – de la juste place de la politique pour leur famille.Sa famille et l’enfant avant tout.

Et Jésus, pendant toute sa vie, gardera cette position vis-à-vis de la politique.La politique est là.On la reconnaît.On ne lutte pas contre.Mais on la laisse faire sa cuisine, tout en restant très prudent vis-à-vis d’elle.Parce que la politique est du côté du monde.Elle peut faire du bien, du bien terrestre, et virer au gré des vents et des humeurs et faire des massacres.La politique construit et déconstruit.C’est ainsi qu’elle se donne l’illusion de mener le monde, d’être la plus importante.Mais elle ne peut pas faire priorité.Le jeu de ces trois pauvres, Joseph, Marie, Jésus, et très différent.C’est le jeu de la vérité.De la vérité des cœurs.Et ce jeu est un jeu éternel. Permanent et lumineux.Dieu veut donner à l’homme un bonheur qui ne dépend pas des conditions sociales ou politiques, ni même familiales.Dieu veut libérer l’homme du mal de son cœur.Le libérer du péché originel qui gâte tout.Voilà le premier objectif est le premier combat qui rétablira l’homme dans son bonheur.Et qui pourrait rétablir l’homme dans sa politique même.

Si on néglige ce premier combat, rien ne peut aboutir.Si on ne le reconnaît pas, quelles que soient nos bonnes intentions, nous sommes dans le mensonge.C’est le problème de tous les temps, et c’est le grand problème du temps actuel.

La politique ne mènera jamais à rien tant qu’elle ne respectera pas le jeu de la grâce de Dieu assumé par l’Église.Ce n’est pas une option.C’est une obligation.

Et non seulement pour la politique, mais pour les sciences, pour la poésie, pour la morale familiale et les relations dans le couple.Ne pas reconnaître que l’on a besoin de la foi et du pardon de Dieu, c’est vivre en aveugle.Le monde d’aveugles dans lequel nous sommes ne doit pas nous obséder.On doit simplement se préserver pour que tous ces aveugles ne nous rentrent pas dedans.Et poursuivre le vrai combat.La lumière du Christ nous suffit.Cela est difficile de rester dans cette lumière parce que les moyens d’influence des aveugles prennent toute la place.Ils crient, ils courent, ils filment, ils parlent, beaucoup….

Tout cela est ridicule.Un monde qui ne reconnaît pas Jésus-Christ et l’appel de Dieu à la lumière et à l’amour, comme priorité, est un monde malade mental.

« Sans moi, dit Jésus, vous ne pouvez rien faire. »

Voilà notre première priorité.Si nous commencions par cette priorité, nous pourrions alors jouer d’autres jeux sainement : améliorer le sort de nos frères. Découvrir les merveilles de la Création, équilibrer les politiques et les économies, communiquer par les réseaux et écouter les médias.

Mais tant qu’on ne cherche pas à vivre le premier combat de notre vie, celui de la sainteté, du pardon, jusqu’au pardon de nos ennemis, inutile de vouloir engager tout autre combat avant cette conversion.

Ce ne serait que multiplier des relations et des œuvres tordues.Quand Dieu n’est pas premier servi (vous vous rappelez : ‘tu aimeras ton Dieu de ton coeur’…) il devient silencieux et passe.

Mais pour poser Jésus en priorité, il faut le faire dans le détail, frères et sœurs.

Quand vous priez, Jésus habite-il votre cœur comme le plus important désir avant les autres ?

Voilà un signe de priorité pour jauger, au loin, votre vie intérieure. Votre vie tout court.

Quand vous tombez du lit, le matin, votre premier geste ou premier souci est-il de boire votre tasse de café et de croquer votre biscotte, ou de prendre 1/4h de prière ou de lecture de la Bible, avant toute chose ?

Où est la priorité de Dieu et de Jésus et de l’Eglise au cours de nos journées ?

Spirituellement et matériellement ?

En fait, tout tient à ce premier désir que nous demande le Seigneur :

Notre santé, nos relations, notre repos et nos projets, notre famille et nos amis. Et certainement, plus loin les relations entre pays, tout se mettrait en équilibre et en harmonie, si nous commencions par adorer.

« Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »

Ce n’est pas inoffensif, c’est ce qui dirige une vie, et illuminerait le monde.

Nous devrions commencer par demander pardon pour vivre l’amitié première de Jésus-Christ.

Et nous finirions par exulter de joie.

MESSE DU JOUR NOEL

Ce matin de Noël, où est notre place ?

D’un côté, il y a un enfant représenté dans une crèche.Souvenir de la naissance de Dieu comme homme, un petit homme.Il paraît que c’est le mystère merveilleux de l’amour de Dieu pour nous.Dieu se fait l’un de nous.Et puis d’un autre côté, il y a cet évangile tellement génial.Le Verbe…Auprès de Dieu, avant la création du monde.Verbe qui est Dieu.Source de vie.Et il paraît qu’il brille dans notre monde à travers l’obscurité du monde.Ce n’est pas un souvenir.Ce n’est pas un anniversaire.C’est celui qui aujourd’hui nous permet de nous unir à Dieu, de vivre Dieu.Et c’est le même dont on célèbre le souvenir sous forme d’un bébé.Quelle est notre place ?à nous, croyants, petit nombre qui nous sommes levés ce matin.Quelle est notre place ?Est-ce qu’il y a un rapport direct entre cet anniversaire que le monde reconnaît et le Verbe que le monde n’a pas reconnu ?Et bien Saint-Augustin écrit quelque part : » le désir de la vision, c’est la foi.Le désir de la possession, c’est l’espérance.Le désir de l’amour, c’est la charité.Par l’attente, Dieu accroît le désir en nous.Par le désir, il creuse nos âmes.Les creusant, il les rend plus capables de le recevoir. »Voilà, en fait, notre place, chers frères et sœurs.C’est la place du désir. » Le Verbe était la vraie lumière, «  » le monde était venu par lui à l’existence »Nous désirons cette lumière et nous la perdons.Mais elle est là.Nous la voulons tellement cette lumière qui nous a fait naître.Notre place, c’est que nous sommes plus petits que ce bébé de la crèche qui, lui, était la lumière.Mais nous savons que cette lumière nous enveloppe.Nous ne voulons pas l’attraper parce que nous voulons nous laisser envelopper par elle.Et pour bien choisir notre place, nous devons préférer le désir à la saisie.Plus nous désirons Dieu plus il peut nous saisir.Nous avons fait de Noël une fête de satisfaction.Noël est une fête de désir qui doit rester désir.Nos frères Chartreux sont parfaitement justes sur le sens de Noël.Pendant toute la journée de Noël ils prient.Leurs offices se suivent; messes, silence et solitude.C’est le fond de la fête de Noël.Le désir est favorisé par un jour de solitude plus grande encore.Et puis le lendemain de Noël, ils font un bon repas,  avec une promenade dans la nature où chacun peut écouter son frère.En fait, ils fêtent le jour du désir qu’ils ont vécu la veille.Je pourrais reprendre une citation d’un grand classique qui s’appelle ‘l’Imitation de Jésus-Christ’L’auteur écrit :Si ma bouche est muetteÉcoute mon silence.Écoute dans mon cœur une voix qui s’élance.  [3, 48]

Pour le jour de Noël, ça devrait être vraiment notre place:

être en silence pour prendre conscience de notre désir.Le Verbe de Dieu passe, ou plutôt, il demeure dans notre désir qui l’attend.Les ténèbres ne l’ont pas reconnu, mais notre désir le fait asseoir à notre table.Un bébé c’est un petit être caché.Devant l’enfant de la crèche frémit en nous le désir de retrouver l’enfant tout simple que nous avons certainement était.C’est ainsi que l’enfant de la crèche, l’enfant Jésus, nous invite au cantique nuptial, à l’union entre le Verbe de Dieu et notre âme, en passant par une tendresse.À Noël, Dieu provoque notre désir et nous ‘ attrape ‘ par la tendresse d’un enfant qui nous conduit à une harmonie d’esprit, donnée par grâce.