Deuxième dimanche de carême 2024

Décadence

C’était il y a 3300 ans.
Un événement encore plus formidable que la libération du peuple d’Israël, de son esclavage en Égypte.
Beaucoup plus formidable, parce que par une parole d’inspiration divine, surnaturelle, Moïse clarifie pour son peuple les fondements moraux qui permettent à l’homme d’être en harmonie avec sa nature et avec le bonheur auquel il est destiné.
Ces fondements moraux donnent le code de la route de deux relations fondamentales pour l’homme :
– La relation avec Dieu.
– La relation des hommes entre eux.
Le code mis en lumière par Moïse c’est la formule 1 de la beauté de la vie humaine. Évidemment, il n’est pas facile de conduire une formule 1, et beaucoup, beaucoup… vont se retrouver dans le décor.
Il y a ceux qui vont avancer à 30 à l’heure avec leur formule 1. Des foules… Qui auront peur de tout.
Trop étriqués, la loi morale va faire d’eux des névrosés, des manipulés.
Mais peut-être vaut-il mieux des névrosés que des barbares…?
Et puis, il y a ceux qui vont gâcher les possibilités de la Formule 1 en faisant ronfler le moteur pour tromper leurs frères.
Tous ces nombreux pervers qui vont se servir de ces lois pour leurs propres intérêts.
Des faussaires, pharisiens ou publicains, escrocs sous l’apparence de gens honnêtes, qui feront du décor sans aller jusqu’aux profondeurs auxquelles les invite la grâce de Dieu.
Il y a deux intelligences.
Celle qui vient de la fidélité à Dieu, du vrai amour, qui commence par la crainte de Dieu.
Et l’intelligence qui trompe et fait du décor.
Moïse est le plus grand génie, par la grâce divine, du genre humain.
Mais comme il arrive toujours, les fils du génie, ses disciples, tous ceux qui suivent, ne reprennent que à petit pas, et avec beaucoup de complications ajoutées, le message simple et lumineux du Prophète.
Alors, nous, hommes des temps modernes, hommes et femmes des temps modernes, où en sommes-nous avec la beauté prototype de la Loi de Moïse ?
Depuis 3000 ans, nous avons eu le temps de régler les boulons, d’ajuster les rétroviseurs, d’apporter les dernières finitions – l’arrivée d’essence, le réglage des suspensions, le passage des vitesses automatiques et l’adhérence des pneus selon les conditions météorologiques…
On devrait avoir appris à conduire cette formule 1…
« Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi. Tu ne feras aucune idole,
aucune image de ce qui est là-haut
dans les cieux, ou en bas sur la terre,
ou dans les eaux par-dessous la terre.
Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux, pour leur rendre un culte. »
Qu’en pensez vous, frères et sœurs ?
Combien y a t il à Salernes de vrais adorateurs du Dieu unique ?…
Et nous, qui sommes normalement chrétiens ?
Ne mettons nous pas en face de Dieu quelques idoles, cachées ?
Et plus Dieu, le Dieu unique et infini, le Dieu d’amour, se fait évident à la connaissance des hommes, plus alors les hommes le refusent.
Étonnant et tellement affligeant…
Avant Jésus-Christ, bon… Il y avait quelques prophètes choisis, mais ce n’était pas encore évident.
Mais après Jésus-Christ… la lumière est en son plein.
Pour 1000 générations, maintenant, c’est 1000 fois plus clair que du temps de Moïse.
Et pourtant la haine et le refus se déchaînent.
L’Eglise sera toujours attaquée.
Et depuis Diderot, Voltaire et leurs amis que l’on appelle par dérision, ‘les Lumières’, les hommes et les femmes, des plus bêtes jusqu’aux plus intelligents, cherchent à se libérer de la présence d’un Dieu de bonheur.
C’est ridicule et inintelligent, mais allez expliquer à un enfant qu’il a besoin de manger sa soupe s’il veut grandir alors qu’il ne veut que des bonbons !
Beaucoup en notre monde fermé sur lui même, et qui se croit se suffire à lui-même, ne veulent pas recevoir de notre Dieu l’invitation à une relation d’amitié.
Ils préfèrent refuser l’idée de Dieu pour se prosterner devant des puissances humaines et qui tournent avec les vents du moment.
La science, les médias, les politiques, et surtout les innombrables opinions d’un jour. Ou la recherche d’un confort. Idoles des temps modernes.
« mais nous ne voulons surtout pas de Jésus Christ, de l’Église et de Moïse ! » Cependant, il y a toujours la bénédiction de Dieu qui se poursuit que 1000 générations à chaque petite prière lancée vers le Ciel.

Mais poursuivons…
« Tu n’invoqueras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu,
car le Seigneur ne laissera pas impuni
celui qui invoque en vain son nom. »
Qu’est-ce que c’est que de faire des prières en vain ?
N’est-ce pas faire toutes ces demandes qui n’entrent pas dans le plan de Dieu.
« Seigneur, donne moi ceci, donne moi cela…! Pour moi ! »
On fait dix prières ‘pour soi’ comme si Dieu devait nous obéir, et de temps en temps on ajoute : » que ta volonté soit faite. »
Invoquer le Nom de Dieu en vain, c’est dire : « que ma volonté soit faite.. »
« Que ta volonté Seigneur, soit d’abord la mienne…’ Depuis Moïse, nos prières se sont elles épurées ?
Et pourtant, à chaque prière pure, devant Dieu, Dieu poursuit sa bénédiction sur 1000 générations, même aujourd’hui..
Mais poursuivons…
‘Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier.
Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage ;
mais le septième jour est le jour du repos,
sabbat en l’honneur du Seigneur ton Dieu :
tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille,
ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l’immigré qui est dans ta ville’.
Jérémie, 700 ans après Moïse, maudissait ceux qui détournaient le repos hebdomadaire pour faire du commerce en douce aux portes des villes. [Jer 17, 19-27]
Et aujourd’hui, que voit on ?
On encourage les marchés et l’ouverture des magasins le dimanche.
Non seulement cela, mais on barre les routes qui mènent à l’église.
N’est ce pas pervers ?
Et nous, bons catholiques, n’allons nous pas favoriser cette inversion en faisant nos courses ou en construisant notre maison, ou encore en nous bourrant le crâne de films idiots et d’informations dignes des films d’horreur, le jour du Seigneur, réservé à la prière et à la présence de Dieu ?
Mais poursuivons…
 » Honore ton père et ta mère,
afin d’avoir longue vie
sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu. »
Comment ‘honorer son père et sa mère’, si ce n’est d’abord en honorant notre corps et notre âme qu’ils nous ont transmis.
Quand tu te souilles, tu déshonores ta mère.

Mais je dois dire qu’il reste un culte affectif des parents et des grands-parents.
 » Tu ne commettras pas de meurtre. »
Alors là, ça tombe mal…!
Au lendemain du vote favorable pour l’inscription dans la constitution du meurtre des enfants avant leur naissance.
Cela nous donne la mesure de notre décadence…
3300 ans après Moïse, on en arrive à une culture inversée, une culture de mort ? Au premier siècle après Jésus Christ, les premiers chrétiens, – qu’on assimilait encore aux juifs – étaient persécutés en les accusant de sacrifier des enfants pendant des réunions rituelles.
C’était absurde, mais il fallait bien manipuler les foules.
Aujourd’hui…
Aujourd’hui, on va condamner les chrétiens en les accusant… De ne pas vouloir tuer les enfants.
La culture de mort condamne le fait de vouloir préserver la vie des enfants à naître…
3300 ans après Moïse, nous sommes dans une régression totale de la conscience. Dieu dit que le châtiment retombe sur trois générations.
Il est vrai qu’une société dégénérée disparaît en quelques générations.
Ce fut le tarif des civilisations antiques dont on ne parlent qu’au passé.
Les Perses, les Nabatéens, les Romains, les Grecs, les Incas, et toutes les civilisations barbares… dégénérées sous un rapport ou sous un autre moralement. Mais nous savons, nous, dans cette église, que Dieu donne sa bénédiction pour 1000 générations à ceux qui, isolés dans ce grand chaos, restent fidèles à la grâce de son Esprit. Alors même que nos sociétés affolées s’effondreraient.
Mais poursuivons…
 » Tu ne commettras pas d’adultère. »
Où en est-elle, notre société moderne de la beauté de l’amour unique qui seul peut réjouir les profondeurs des cœurs et donner les vraies dimensions de l’homme ? Image de l’amour de Dieu trinitaire. Image de l’amour absolu.
… La Bérézina…
Une Bérézina de blessures affectives qui gangrènent nos sociétés.
Toutes ses blessures d’amour mal posé, mal compris, brisé par manque de grâce, de prière et de vie intérieure, tous ces amours fabriqués sur le mode pervers…
3300 ans pour en arriver à des avalanches d’amours brisés…
Avec leurs retombées…
Et les retombées des retombées…
Avec encore pire dans le pire, pour notre culture de mort :
L’exaltation de l’amour dévié.
L’abomination de la nature.

En fait, c’est si évident que les fervents de l’amour libre rejettent la notion de ‘nature’. La nature n’existe pas il n’y a que des phénomènes. En fait il n’y a que mes désirs en fin de compte… ‘dans le respect de l’autre’, ajoute-t-on hypocritement. On en frémit… Mais il y a quand même un avantage :
Dire simplement qu’on désire aimer dans la beauté de la grâce de Dieu et de notre nature peut nous valoir le martyre…
Mais poursuivons…
« Tu ne commettras pas de vol.
Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. »
Avec ce que je viens de dire, ça file tout droit vers le martyre effectivement. L’adultère est un vol.
Le vol de l’amour de son prochain.
L’adultère, l’amour hors mariage tout simplement, est le mépris sinon l’oubli de Dieu.
L’amour hors du sacrement du mariage, c’est voler pour soi-même l’amour que Dieu nous donne par Providence.
Mais le vol, c’est aussi utiliser l’argent des impôts pour rembourser des actes que l’on réprouve et qui sont contraire à notre conscience.
Tu ne porteras de faux témoignages…
Mais que fait habituellement le mal pour s’imposer ?
Il fait comme au procès de Jésus. Il détourne une parole lumineuse pour la rendre inacceptable.
« détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai. » dit Jésus.
Cette phrase est devenue dans la bouche des faux témoins :
« Il a dit :’je détruirai ce temple et, en trois jours, j’en rebâtirai un autre ». Absurde, mais la haine n’est pas à un mensonge près. Au contraire plus c’est gros plus ça passe…
« Chrétiens : homophobes !  »
Crie-t-on pour défendre l’absurdité.
Voilà le faux témoignage…
Alors qu’il n’y a pas plus charitable que de vouloir le bien de celui ou celle qui a une morale déviée. Et de lui dire son erreur et son mal. Parce qu’on l’aime.
En tant que chrétien, nous devons dénoncer clairement l’erreur si cela se présente. Avec les conséquences prévisibles…
3300 ans après Moïse, y a t il moins de lâches sur terre ?
Mais l’Eglise garde toute la bénédiction du Seigneur pour 1000 générations.
« Tu ne convoiteras pas…. »
En fait, tu ne convoiteras rien : ni femme, ni champ, ni âne, ni poisson rouge, ni même la servante ou l’esclave du voisin…

Pourquoi ?
Parce que tout simplement, le mouvement de l’amour vrai, c’est le mouvement de donner, de servir, non celui de s’approprier et de se faire servir. Quel que que soit l’objet du désir.
Ne serait ce que son conjoint.
Or, notre société, sur quoi joue t elle tout le jour ?
Elle joue sur l’exacerbation de la convoitise, de la chair, des biens à profusion, de l’étendue du confort…
Culture de mort du désir noble et de l’amour vrai.
Inversion de l’appel de la nature originelle.
Le bilan, chers frères et sœurs, est plutôt maussade. Mais non, pas tant que cela…
Parce que
 » nous proclamons un Messie crucifié,
scandale pour les Juifs qui se réclament pourtant de Moïse, folie pour les nations païennes, les nôtres.
Mais pour ceux que Dieu appelle,
ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes,
et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes  »
Que cela est bon, frères et sœurs…!
Nous sommes comme ces petites barques construites en feuilles de bananiers et posées, avec une petite bougie, sur les eaux du Gange, le fleuve le plus pollué de la planète.
Et notre petite bougie, elle ne disparaîtra un jour que dans le grand feu de l’amour divin.
Dans 1000 générations qui auront traversé les destructions de la culture de mort. Bien sûr, notre cœur est lourd de tant d’aveuglement et de souffrances inutiles. Pour les générations qui viennent, nous ne sommes pas fiers et notre cœur porte lourd…
Seulement, il n’y a qu’un chemin pour garder notre bougie allumée.
C’est de s’accrocher à Jésus-Christ, d’un lien d’amitié, dans la foi.
Le seul chemin qui ne sera pas de décadence.
Leçon de l’Histoire ….
Nous n’avançons pas dans un chemin de lente montée vers le progrès moral lumineux Quelques avancées : l’abolition de l’esclavage (dans les textes du moins).
Un plus grand espace d’expression pour les femmes, mais en fait pour tout le monde, pour les enfants aussi.
Une meilleure attention aux femmes, dans les textes, et dans la politique, du moins. Une législation contre les dérives en temps de guerre, dans les textes du moins… Car chaque plus fort continue de faire comme il veut, et écrase le plus faible.

Cependant, l’Histoire traîne des obscurités de plus en plus grandes et des aberrations de mieux en mieux travesties.
La perversité se perfectionne autant que le Bien devient discrètement lumineux. Mais nous avons l’Eglise, bénédiction de la grâce divine pour 1000 générations.
Et nous avons le Christ, Lumière sur le monde, notre Espérance, Sagesse de Dieu qui se rit de tous les tordus, grands et petits.