PAQUES JOUR 2024

Saint-Paul parle aux Colossiens :
 » si vous êtes ressuscités avec le Christ… »
Et moi je parle au salernois :
Première lettre du Père Thierry, prêtre du diocèse de Fréjus Toulon, aux salernois
 » frères, et sœurs, si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez le… »
Bon… c’est pas très original parce que ça a déjà été dit…
Ça a déjà été dit mais ça n’a pas été fait.
Vous vous étonnez peut-être frères et sœurs que vous êtes ressuscités.
Et bien oui…
En fait il y a plusieurs résurrections sa.
Il y a d’abord la résurrection de Jésus.
Qui engage quoi ?
Qui engage sa mort.
Sa mort physique.
La mort dans sa nature humaine.
Mort de son corps.
De son corps humain bien sûr.
Et ce corps humain, disparu, retrouve, la nuit de Pâques, une nouvelle existence.
Une existence libérée des contingences terrestres.
Le corps de chair de Jésus retrouve vie en un corps spirituel.
Son corps.
Mais son corps, dans un autre mode de vie, spirituel, doué d’une capacité d’apparaître à ses disciples.
Pendant 40 jours.
Puis il rejoindra le cœur de Dieu, au Ciel.
Ce phénomène c’est la première résurrection, parfaite et éternelle.
Et c’est la locomotive de toutes les autres résurrections.
À partir de la résurrection de Jésus, il y a pour nous une ouverture au ciel.
Pas après notre mort, dès maintenant.
Ce n’est pas notre corps qui ressuscite maintenant, mais c’est notre possibilité de vivre la vie éternelle.
Avant Jésus, les hommes tendaient les mains vers cette vie éternelle.
Mais depuis Jésus, notre âme peut-être habitée par la vie éternelle de Jésus.
En fait par Jésus ressuscité, lui-même.
D’une certaine façon la vie de Jésus ressuscité, qui vient frôler notre âme dans la communion, à chaque communion pendant la messe, renouvelle la vie de notre âme. Jésus ressuscité vient réalimenter notre capacité de vie.
Pour cela, il faut qu’il y ait une mort.

Mais cette mort n’est pas celle de notre corps, c’est celle de notre âme touchée par le péché.
Si nous mourrons au péché, par la vertu, mais davantage aussi par le pardon, nous nous engageons dans une nouvelle vie qui est déjà la vie éternelle.
La vie de la grâce.
La vie d’intimité avec le Seigneur.
Et puis ensuite, il y aura une troisième résurrection.
La résurrection de l’Église, de l’Église totale.
C’est-à-dire la résurrection de nos corps.
Il y a maintenant des prémices de cette résurrection par la guérison que nous donnent les sacrements de l’Église.
À chaque fois que nous recevons un sacrement, nous cueillons une petite fleur de notre résurrection.
Nous cherchons à rééquilibrer notre vie par des tas de recettes.
Et on fait appel à la médecine, à l’écologie, à des prières de guérison, à des sciences ou des thérapies en tout genre, et encore jusque-là ce sont des petites béquilles légitimes quand elles ne virent pas en des pratiques de l’ombre, superstitieuses ou ésotériques.
Et l’on oublie que le moindre petit sacrement de l’Église catholique nous offre une force de guérison incomparable pour notre âme et pour notre corps.
À chaque fois que nous recevons un sacrement – le baptême, bien sûr, qui nous fait passer notre vie de l’état de cocon à l’état de papillon;
et le sacrement du pardon, de la réconciliation… merveilleux sacrement qui guérit notre âme de ses blessures et qui provoque, bien naturellement, ses effets sur l’équilibre de notre corps; à chaque fois que nous communions à l’Eucharistie, c’est une formidable dose de vie et d’équilibre qui réjouit notre âme, lui donne santé et force, qui rejaillit sur notre corps.
Mais tous les sacrements sont source de vie éternelle, de santé, de bien-être, de croissance…!
‘ si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, dit Jésus, et qu’il boive ! ‘
Mais il faudrait user et même abuser des sacrements pour rendre à notre cœur et à notre corps sa santé !
C’est incroyable comme nous allons chercher ailleurs, ce qui nous est offert avec tellement de simplicité pour guérir et pour correspondre à ce que nous devons être.
Et pourtant, cet équilibre est encore très loin de celui que nous vivrons au Ciel, à la résurrection de notre corps glorieux.
Ici-bas, sur cette terre, les efforts, les lourdeurs de la matière, les peines et les souffrances forment comme un brouillard qui cache l’horizon.
C’est lourd et on arrive difficilement à s’en dépêtrer.

Mais la petite espérance, la petite grâce d’espérance, perce ce brouillard comme un sonar qui envoie ses ondes au-delà des apparences.
Et la petite espérance, grâce précieuse, délicate et pure, nous fait découvrir le formidable désir d’une vie qui existe, éternellement harmonieuse, derrière le brouillard.
Ce n’est pas un rêve, frères et sœurs, c’est la nostalgie d’une symphonie que Dieu a inscrit au plus profond de nos cœurs, promise, et qui se réalisera par la résurrection de nos corps.
Pas de n’importe quel corps : de notre corps, libéré de la maladie et de la mort;
Notre corps qui lui-même jouira de la tendresse infinie que Dieu nous réserve, comme un père, vraiment Père.
L’Église tout entière vivra cette résurrection des corps.
Et là, je ne vois pas d’image meilleure que la splendeur de l’expression artistique pour évoquer le ciel.
La lumière sur le tableau ce sera le Christ qui va illuminer, de son corps ressuscité, chacune des touches de couleurs, parfaitement harmonieuses, de l’Église en gloire. C’est ce que nous fêtons aujourd’hui : cette lumière promise.
Le Ciel, ce sera une poésie délicieuse, et le Saint-Esprit nous fera plonger dans des profondeurs de sens et de mélodie que notre corps et notre âme ne cesseront de savourer, comme un festin éternel.
Et enfin, la symphonie de l’Église de tous les ressuscités, sans aucune fausse note, ce sera la découverte de la tendresse amoureuse du père qui nous prend dans ses bras. On ne goûtera vraiment à l’amour que lorsque, corps et âme, nous chanterons devant le trône éternel :
Saint, saint, saint !
Merci, Père bien-aimé de ta fécondité débordante et de toute la splendeur de la création, reflet du Père et du Fils, devenu homme et ressuscité, reflet aussi du Saint- Esprit qui ravive délicatement notre espérance en la résurrection finale et éternelle de l’Église.
‘saint, saint, saint, le Seigneur Dieu de l’univers !’