Quatrième Dimanche de Pâques – B -2024

Quelle assurance !
Quelle paix en nos cœurs…
Quelle tranquillité profonde en nos corps et en nos âmes.
Et quelle clarté en nos esprits…
Chers frères et sœurs, nous avons une espérance.
Donc nous avons une étoile qui nous guide, tellement lointaine et pourtant qui rassure chacun de nos pas.
Nous avons la foi en quelqu’un qui nous aime.
Et s’il nous aime et nous donne d’exister c’est qu’il lui a plu que nous exultions d’une joie sans fin, de sa joie à lui… éternelle.
Avec cette espérance et cette foi, on oublie une chose. C’est que le monde ne connaît pas Dieu.
Et s’il ne connaît pas Dieu, il n’a pas d’assurance.
Et tout ce qu’il cherche, c’est de sauver sa peau.
Sa peau d’aujourd’hui, parce que sa peau de demain ne vaudra pas cher.
Et quand on veut sauver sa peau, on se fait la peau du voisin.
Un monde sans espérance est un monde qui s’autodétruit en voulant survivre. C’est un monde à la Kafka, ou à la Ionesco.
Ou un monde sartrien.
Les grands prophètes des ténèbres et de notre malheur.
Pour celui qui a la foi, pour nous, on n’arrive pas à concevoir que celui qui n’a pas d’espérance ne vit que pour essayer de se débarrasser d’une vision d’horreur ; d’une vision de vide; de solitude avec soi-même.
Je viens de nommer entre autres Franz Kafka, Eugène Ionesco, Jean-Paul Sartre. Qu’est-ce que disent ces prophètes du non-sens qui est le sens actuel de notre monde.
Nous ne pouvons pas les comprendre vraiment puisque nous avons la foi :
Alors… Kafka :
“La vie est une perpétuelle distraction qui ne vous laisse même pas prendre conscience de ce dont elle distrait.”
[ Préparatifs de noce à la campagne]
Eugène Ionesco – [Amédée ou comment s’en débarrasser.]
Vous savez, dans cette pièce de Ionesco, c’est un cadavre qui grandit dans l’appartement; qui ne cesse de grandir et de prendre toute la place.
Et voilà ce que dit Madeleine à son époux Amédée : (elle parle du cadavre)
« S’il nous avait pardonné, il ne grandirait plus. Puisqu’il grandit toujours… il n’a pas fini de nous en vouloir. Les morts sont tellement rancuniers » (Pléiade, p. 277).

Sartre – [le Diable et le bon Dieu ] – j’avais 15 ans quand j’ai fait connaissance de Sartre – Il écrit :
« Dieu n’existe pas… Plus de Ciel, plus d’Enfer ; rien que la terre.. Si Dieu n’existe pas, plus moyen d’échapper aux hommes. »
Ce qu’il ne dit pas, parce que Sartre est un menteur, c’est que les hommes dont ils parlent ne sont plus des hommes.
Un monde sans Dieu, qui lutte contre Jésus-Christ et contre l’Église, est un monde qui a perdu son âme et qui se mange lui-même pour survivre dans la nausée.
Marguerite Duras qui a nourri mes 14 ans de quelques mois de lecture…
Elle va encore plus loin.
Par exemple dans son roman,  » le camion » :
 » Plus la peine de nous faire le cinéma de la peur. De la révolution. De la dictature du prolétariat. De la liberté. De vos épouvantails. De l’amour. Plus la peine. (…) On croit plus rien.
Plus la peine de faire votre cinéma. Plus la peine.
(…)
Que le cinéma aille à sa perte, c’est le seul cinéma.
Que le monde aille à sa perte, qu’il aille à sa perte, c’est la seule politique.  »
J’arrête là avec ce monde qui ne nous connaît pas, le monde qui n’a pas la foi. Qu’on ne peut pas comprendre vraiment.
Nous avons la foi.
Et si nous avons la foi, nous avons une espérance.
Ça veut dire une sortie de ce monde.
Nous sommes attendus. Même si c’est au loin. Et ça change tout.
Notre corps et notre âme sont destinés à vivre dans un espace sacré.
Aimés, respectés, complétés et comblés de lumière, d’une présence qui nous fait exister.
Ça c’est déjà pas mal.
Malheur à ceux qui ne peuvent pas recevoir l’existence de quelqu’un qui les aime et les appelle…
Mais ça ne suffit pas…
Parce que si je suis aimé, quelqu’un a un projet pour moi.
Dieu m’a fait avec un projet.
Je suis un projet pour Dieu.
Un projet d’amour.
Mais pas un projet particulier, parmi d’autres, comme dans un immense chantier. Dieu m’a fait moi, avec une vocation, ma vocation, ce que je dois être pour être louange de gloire, pour coïncider à ma sainteté.
Je suis destiné à ma sainteté, je suis destiné à comprendre que je suis aimé.

Une inspirée me disait : ‘le sens de notre amour pour nos enfants, c’est de voir en eux leur vocation à la sainteté, par dessus tous les autres avantages immédiats’. Et oui…
Alors c’est vrai que ça pourrait être plus simple.
Que cette sainteté, j’aurais pu tomber dedans étant petit.
Mais Dieu a voulu que je sois plus grand, et m’a demandé de choisir ce que je dois être.
Être moi… en ramant dans le sens de la grâce.
Ou ne pas être moi…
Je sais, c’est ridicule, c’est même absurde, de ne pas vouloir être ce qu’on doit être, ça tient de la maladie – le péché – de vouloir faire grandir notre cadavre… Mais si je peux le faire, cela prouve que Dieu m’aime et me respecte.
Il veut que ma vocation, qui m’est offerte, je la choisisse.
Dieu veut que je demande parmi les obstacles et parmi les désirs contraires :
 » Seigneur, Toi qui m’aime, qui m’aime comme un Père, quelle est ma vocation – pour que je puisse vivre de la joie du Ciel qui m’est réservée ? »
Mais il manque une chose, frères et sœurs…
Si je suis aimé et prédestiné à vivre de cet amour infini qui me fait vraiment moi. Si Dieu se met à mes pieds pour me permettre de choisir son offrande de bonheur éternel…
Il me donne inévitablement tous les moyens pour que je puisse pressentir, comprendre, avancer, et même reprendre le chemin perdu, pour vivre en fin de compte dans son cœur de lumière.
Dieu sait, bien sûr, que je suis abîmé et que le monde est abîmé.
Alors il nous donne l’Évangile d’aujourd’hui.
 » je suis le Bon Pasteur »
Ma vocation, la vocation de chacun de nous, c’est de suivre le bon Pasteur.
Et alors, la première conséquence merveilleuse de ce chemin de lumière qui nous est proposé, c’est l’amour d’une personne qui nous apprend tout.
En nous prenant par la main.
Pardon… En nous prenant par le cœur.
Si on lui ouvre notre cœur bien sûr.
Et la deuxième conséquence, c’est qu’une vocation ce n’est pas quelque chose qui se construit.
C’est une personne qui est choisie.
Et donc le geste principal de celui qui veut répondre à sa vocation, c’est de mettre de côté tout ce qui brouille cette vocation.
En fait, tout ce qui ne nous correspond pas totalement.
Comme c’est simple !
On laisse le monde, on laisse l’esprit du monde. On se simplifie pour un amour.

On laisse tomber ce qui peut être très distrayant mais qui ne coïncide pas avec notre cœur et avec la relation profonde avec Jésus.
Seule la relation avec Jésus coïncide avec notre cœur.
On laisse tomber…
Pour se rassembler, se recueillir dans une amitié pure.
Le monde fait tout pour nous disperser.
Pour nous provoquer à la dispersion.
Provoquer nos émotions, notre intelligence, nos choix à la dispersion.
Notre cœur est affamé du projet personnel et unique de Dieu pour notre vie. Notre cœur est affamé d’une amitié si simple, si profonde, si quotidienne. Vocation au Ciel.
Vocation à l’union avec Jésus pour qu’il harmonise chacun de nos pas aux dons qu’il nous a prédestinés.
Vocation à vivre le chant de l’Église, Épouse du Christ, déjà, maintenant, sur terre et ensuite dans l’intimité de Dieu, éternelle, au Ciel.