SAINT DENIS 2023

Place du trône renversé. Actuelle place de la Nation à Paris.
16 religieuses Carmélites descendre d’une charrette au pied de l’échafaud.
Nous sommes le 17 juillet 1794. Le 29 Messidor du calendrier républicain.
Au premier rang de la foule compacte, un prêtre murmure l’absolution, et disparaît rapidement.
Aussitôt, les sœurs entonnent le Salve Regina, un Te Deum puis elles poursuivront par le Veni Creator.
La foule, saisie, reste en grand silence.
Et les sœurs montent à l’échafaud, une à une, chantant toujours, jusqu’à la fin, mais à mesure qu’elles disparaissent le chant se fait plus menu.
Plus que deux voix. Plus qu’une.
Celle la Mère prieure, Mère Thérèse de saint Augustin, qui est invitée la dernière au sacrifice suprême, après avoir vu chacune de ses sœurs exécutée.
Le derniers mots du Veni Creator, c’est elle qui les chante : Deo Patri sit Gloria
Et Filio qui a mortuis
Surrexit a Paraclito
In saeculorum saecula.
Gloire à Dieu le Père
Et à son Fils vainqueur de la mort À l’Esprit Saint Consolateur Dans les siècles des siècles.
8 jours après, Robespierre – Maximilien – disparaîtra par le même chemin, mais pas en chantant le Veni Creator; ce sera la fin de la grande Terreur.
Je vous recommande, frères et sœurs, la pièce de Georges Bernanos qui s’appelle «le dialogue des carmélites», qui met en scène cet épisode glorieux de notre Révolution Française.
Tous les martyres se terminent ainsi. La lumière brille sur le monde…
Le martyre de Saint-Denis, même si on n’en connaît pas l’histoire précise, se termina comme celui de chacune des 16 sœurs Carmélites de Compiègne.

Exactement comme celui de Saint-Paul, de Jean-Baptiste. Pierre, Jacques, Étienne, tous ceux que l’on nommera dans un instant :
Corneille et Cyprien, Félicité et Perpétue, Agnès, Cécile, Anasthasie,
et d’innombrables, connu(e)s et inconnu(e)s au long de l’Histoire de l’Église.
Pourquoi l’Église met-elle tant à l’honneur le témoignage du martyre ?
Parce que le martyr, homme ou femme, nous fait découvrir avec une magnifique évidence :
– la grandeur de l’homme: sa liberté. L’invincible conscience qui fait la grandeur de l’homme.
Et puis, les martyrs mettent en évidence
ce qui fait le cœur de chaque chrétien véritable :
– L’amour de Jésus-Christ.
– Et la grâce divine qui rend Sainte l’Église, qui est le sel de la terre, et qui est la lumière de Dieu sur le monde.
– Les martyrs mettent en magnifique évidence le conflit entre l’esprit du monde et l’Esprit de Dieu, l’Esprit Saint.
Le monde ne peut pas comprendre cette fidélité à une source qui donne la joie et la vie dans les fibres de notre être.
Une joie si grande, si profonde, si intime d’amour, qu’elle passe par-dessus toutes les souffrances, et la mort même.
Il est clair que le christianisme est lumière des consciences et de la dignité humaine.
Et que toute culture qui méconnaît le Christ ou s’en éloigne, s’entrave dans ses jugements.
Sans la foi, l’homme se cherche dans le brouillard, se perd dans le brouillard. Sans la foi – je dis une foi pratique, vécue dans la fidélité aux sacrements et à la prière, la foi qui a du sel et qui est lumière de l’Eglise sur le monde – sans elle, les rivalités, troubles sociaux, médiatiques, les errances en tous domaines se démultiplient. Pourquoi ?
Parce que l’homme doit accueillir, pour grandir, des sources de lumière qui ont une certaine hiérarchie entre elles.

Il y a des sources premières auxquelles les autres doivent se référer.
Il est évident que l’Église est le premier et l’ultime phare sur le monde. Lumière spirituelle qui doit irriguer toutes les autres dimensions de l’homme. Dimensions morales, politiques, sociales et personnelles.
L’Eglise est cette lumière dont parle Jésus Christ dans l’évangile.
Cette lumière, nous l’avons frères et sœurs, mais elle ne nous appartient pas.
Elle est la lumière de l’Eglise.
Notre monde est obsédé par le mal.
Je m’en rends compte dans mes visites aux paroissiens.
Sans la foi, l’obsession du mal ne trouve pas d’issue de sortie.
Chacun se défend en condamnant. C’est normal…
C’est la guerre des étoiles.
Les étoiles du mal se donnent beaucoup de mal et d’efforts pour s’imposer. Beaucoup de bruit.
Les étoiles du bien s’unifient en silence pour vivre en vérité.
Elles ne font pas de bruit.
Jésus Christ devant le mal a laissé le mal épuiser ses forces. Sur lui.
Pour lui permettre de prendre conscience de son néant.
Le mal est vide.
Si on prenait une image de la science physique, on pourrait comparer le mal à un trou noir cosmique qui absorbe tout ce qui passe à sa portée.
Et il n’en sort rien.
Mais le trou noir, le mal, absorbe tout ce qui est matière.
La vie éternelle lui est inaccessible. La grâce lui est inaccessible. ‘
Et c’est le sens du martyre.
Le martyre laisse tout le mal à son adversaire, je dirais presque, avec fair- play…
Pour vivre avec son trésor, qui est sa participation au Royaume de Dieu.
Inévitablement l’Eglise poursuit son chemin de victoire jusqu’au martyr.
Car le martyre est l’ultime victoire.
Sa victoire est assurée. Qu’elle gagne ou perde, qu’elle soit visible ou silencieuse, qu’elle soit blessée ou resplendissante, l’Eglise témoigne de toute façon de la Victoire de son Sauveur et de Dieu.

Ce dont on ne se rend pas assez compte, c’est que les incroyants ont un complexe.
Nous les croyants, nous vivons de la joie de la présence de Dieu et de l’amitié avec Jésus.
Jésus est notre intime.
Mais ce n’est pas la disposition de l’incroyant.
Pour celui qui rencontre le Christ, son âme, sa respiration, les battements de son cœur sont transformés et ses amours sont enrichis de paix.
Celui qui n’a pas rencontré Jésus pressent qu’il lui manque quelque chose au fond de sa vie, de son élan vital.
Mais sans savoir ce qui lui manque.
C’est terrible, cette frustration qui se cache.
Et cette absence mal définie peut se traduire par une violence… contre. Contre ce qui pourrait lui faire découvrir qu’il lui manque quelque chose.
Ou plutôt qu’il lui manque « Quelqu’un » ! qui l’appellerait alors inévitablement à une transformation de son être et de sa vie.
Un enfant autiste ne sait pas comment communiquer.
Sa nature le gène mais s’il pouvait l’exprimer il serait guérit.
Notre monde est autiste.
Il cherche les solutions aux problèmes qu’il se fabrique, mais sur lui-même. Ce sont les efforts des systèmes ésotériques, philosophiques, franc-maçons, de tous les systèmes déviés dans leurs fondements, plus ou moins occultes.
Frères et sœurs, cette pauvreté appelle une immense compassion.
Et la compassion du chrétien, c’est son silence avec son Dieu.
Parce que le chrétien souffre pour ses adversaires. Il souffre aussi pour ses propres pauvretés.
Mais il est fort de la faiblesse de son martyre.
Saint Denis et tous ses compagnons innombrables dans l’Histoire de l’Église sont de grands compatissants, dans le martyre, du mal de leurs adversaires.
Pour la maladie, pour un échec, un accident, un deuil, on peut compatir par un dévouement de cœur et d’âme avec ceux qui sont dans la peine.
On peut pleurer avec eux des larmes de notre corps et de notre cœur.
Pour le mal aveugle et devenu autiste, la compassion, sincère et véritable, elle s’exprime par les larmes de sang, par le martyre, pour la foi de l’Église. C’est la leçon de saint Denis.

Saint Grégoire de Tours déclare que Denis était évêque de Paris et fut martyrisé décapité par une épée.
Selon la Passion la plus ancienne, écrite vers 500, Denis a été envoyé de Rome en Gaule comme évêque missionnaire par le pape saint Clément, successeur de l’apôtre Pierre, qui fut en fonction de 92 à 101.
Denis commença à tisser un lien avec les « apôtres des Gaules » réputés avoir été envoyés avec six autres évêques missionnaires sous la direction du pape Fabien.
Là, Denis fut nommé premier évêque de Paris.
Les persécutions sous l’empereur Dèce avaient pratiquement dissous la petite communauté chrétienne de Lutèce (Paris).
Denis, avec ses inséparables compagnons Rusticus et Eleutherius, martyrisés avec lui, s’installent sur l’Île de la Cité sur la Seine.
Le Paris romain se trouvait sur les hauteurs de la rive gauche, à l’écart du fleuve.
Selon la Passion la plus ancienne, écrite vers 500, Denis a été envoyé de Rome en Gaule comme évêque missionnaire par le pape saint Clément, successeur de l’apôtre Pierre.
Arrivé à Paris avec deux disciples, Rustique et Éleuthère, Denis y construit la première cathédrale, prêche aux habitants et les convertit au christianisme. En ces temps de persécution des chrétiens, les autorités romaines ne tardent pas à remarquer son action. Soumis à un interrogatoire, Denis et ses compagnons se déclarent chrétiens et sont mis à mort, décapités par le glaive du bourreau. Pour empêcher que leurs dépouilles ne soient jetées dans la Seine, une aristocrate romaine encore païenne, Catulla, décide de s’en emparer par la ruse et de les ensevelir dans un champ de sa propriété.
Selon la Passion la plus ancienne, écrite vers 500, Denis a été envoyé de Rome en Gaule comme évêque missionnaire par le pape saint Clément, successeur de l’apôtre Pierre, qui fut en fonction de 92 à 101.
Denis et ses compagnons furent si efficaces pour convertir les gens que les prêtres païens s’alarmèrent de la perte de leurs adeptes.
A leur instigation, le gouverneur romain arrêta les missionnaires.

Après un long emprisonnement, Denis et deux membres de son clergé furent exécutés par décapitation sur la plus haute colline de Paris (aujourd’hui Montmartre), qui était probablement un lieu saint druidique.
On pense généralement que le martyre de Denis et de ses compagnons a donné au site son nom actuel, dérivé du latin Mons Martyrium « La Montagne des Martyrs ».