IMMACULEE CONCEPTION 2023

 » où es-tu donc, Adam ? »
L’homme répondit :
 » j’ai entendu ta voix dans le jardin, j’ai pris peur parce que je suis nu, et je me suis caché « .
Je me suis caché… J’ai pris peur…
On est là au cœur, plutôt dans le nœud le plus profond de l’homme et de la femme qui rejoint sa psychologie, ses passions, son corps et son âme, qui rejoint aussi la racine de la morale, de sa responsabilité et de ce qui lui échappe du mystère de sa nature abîmée.
Pourquoi se cacher ?
Parce qu’il y a une peur.
Une double peur, en fait.
La peur de son corps.
Nu. Dévoilé.
Et la peur de celui qui rejoint le corps et le cœur. La première peur est légitime.
L’homme frémit de se reconnaître fragile.
Mais elle est légitime uniquement après la faute.
La deuxième peur, elle est totalement illégitime.
Elle renverse la vie de l’homme dans la mort de l’homme.
Pourquoi craindre Celui qui donne toute bonté ?
Parce que l’homme est devenu aveugle.
Ou plutôt il est devenu celui qui se regarde.
Il est devenu celui qui juge d’après lui-même, d’après sa fragilité.
Et d’après l’élément déclencheur de sa conscience déchirée : sa faute.
Le jugement de l’homme part de lui-même, d’un terrain défoncé, après le péché originel.
C’est incroyable comme ce texte de la Genèse est riche de la beauté et de la laideur de l’homme.
Incroyable sa finesse.. sa profondeur..
Incroyable sa vérité sur le mensonge.
L’homme… ridicule. Devenu ridicule.
La perle de Dieu, de la création de Dieu, cassée et souillée. L’homme qui se cache de son Créateur derrière un arbre. Et en fin de compte l’homme qui se cache de sa vérité.

L’homme n’est plus capable de porter sa vérité, ni dans son corps ni dans son âme.

Je suis nu…
Et alors ?
Ça veut dire que l’homme ne peut plus se regarder lui-même. Il a peur de la beauté de son corps.
Parce que son âme n’est plus belle.
La vitre de son âme est devenue déformante.
Elle est devenue miroir déformant.
Et dans ce cas-là pour ne pas s’autodétruire, quand on se trouve trop laid dans son miroir déformant, il y a la solution de tourner le miroir sur l’autre.
C’est la faute de l’autre.
Pour l’homme de la femme pour la femme du serpent.
Quant au serpent, lui, il assume…. C’est lui qui a commencé !
On pourrait se dire :
Mais c’est la naissance de la pudeur.
Et la pudeur, c’est une qualité…
C’est une qualité en effet qui permet la survie dans le mensonge.
La pudeur et le dernier rempart de lutte pour la vérité.
Au-delà de la pudeur, dans l’impudicité, dans la pornographie, dans le corps exposé sans limite et considéré comme matière à jouissance, il y a le naufrage dans le mensonge.
La noyade du corps et de l’âme.
Le rêve mensongé des nudistes et des prostituées. Et des dépravés toutes catégories confondues.
Si l’on veut nier la beauté de la Création, et la bonté du Créateur, on en arrive inévitablement à une impudicité.
Car le corps nu ne s’accepte que dans l’amour.
S’il n’y a pas l’amour il y a une sorte de vengeance contre le corps en l’exposant. Non seulement l’exposant mais en retournant l’adoration du Créateur en idolâtrie de la chair. Vengeance contre le Créateur.
Les impudiques sont des idolâtres de la chair.
Des inconscients aussi de la pureté sublime à laquelle notre âme est appelée.
Bref, la solution à la peur peut virer à la lâcheté de la dégénérescence. L’impudique est un lâche qui choisit la déchéance plutôt que la lutte qui lui apparaît sans issue.
Notre monde penche en cette période de l’Histoire vers la déchéance, signe de lâcheté, de découragement devant la lutte fondamentale pour la vie et pour la beauté. C’est tellement clair devant les revendications de la culture de mort.

Quand on ne peut plus lutter contre l’adversaire.
Quand on ne veut plus lutter contre l’adversaire, on se donne à lui, corps et âme, pour la mort.
Suprême lâcheté…
Adam, au moins, se cache derrière l’arbre.
Ridicule, mais c’est un geste de protection.
La femme se cache derrière le serpent.
Ridicule, mais encore elle réagit, et elle dit vrai.
Elle reconnaît s’être trompée. Ou disons avoir été trompée ! Caïn tuera son frère, parce que celui-ci lui fait honte.
Parce que son frère lui montre son insuffisance. Mais encore, il réagit, en donnant la mort.
Notre monde, lui, maintenant, rampe avec le serpent.
Il n’accuse pas le serpent, il collabore avec lui.
Et suprême dégénérescence, il accuse celui qui est Vérité contre celui qui est mensonge.
On marche sur la tête.
Ou plutôt on ne marche plus du tout parce qu’on a plus de tête. Et on rampe.
Adam pose la pudeur au milieu du trouble et du mensonge.
 » Comment cela se fera t-il, puisque je ne connais pas d’homme ? » Marie pose la pudeur au milieu de la chasteté et de la pureté.
 » ne crains pas, Marie « ….
L’ange n’évoque pas à Marie la crainte d’un châtiment. Bien sûr L’ange veut rassurer Marie de la crainte de sa fragilité.
C’est le Don de crainte.
Il ne s’agit plus de péché ou de la honte.
Il s’agit tout simplement de la crainte que Eve aurait dû avoir ‘ avant ‘ de saisir le fruit.
Ève n’a pas eu la crainte de sa fragilité… avant.
Après, c’était trop tard.
Nous sommes tous, ‘ après ‘.
Une seule pas été et reste, ‘ avant ‘.
Marie est toujours restée ‘ avant ‘..
Avant la faute.
Dans toutes ses interventions dans l’évangile, Marie reste ‘ avant ‘.
Elle ne saisit pas, elle accueille le jugement de Dieu.
Elle suggère… comme à Cana.
Elle expose sa crainte… comme quand elle retrouve Jésus au Temple.

Elle accompagne… jusqu’à la Croix.
Toujours fragile.
Mais toujours soutenue dans la force de l’Esprit Saint.
On a peur du mal quand on se retourne sur soi.
Lorsque l’amour nous détache de nous-mêmes, il bannit la crainte.
Il bannit la crainte de l’autre et il bannit la crainte de soi, parce qu’il ne regarde que celui qui donne.
Évidemment, il ne s’agit pas alors de se tromper sur celui qui donne.
Quand Marie accueille l’ange et qu’elle entend :
 » Comblée de grâce  »
Elle ne se retourne pas sur elle.
Sinon elle n’aurait pas été bouleversée, elle aurait été flattée et elle aurait été toute contente.
Or Marie est bouleversée.
Parce que Marie sait que :  » comblée de grâce », c’est la promesse d’un projet. D’un projet divin.
Elle se demande quelle est la signification de ce projet.
C’est clairement dit.
Aucun retournement sur elle-même.
Et lorsqu’elle entend l’exposé de ce projet :
 » comment cela va-t-il se faire ?  »
Ce n’est toujours pas un retournement sur elle-même.
Elle cherche tout simplement à réaliser le mieux possible ce qui lui est demandé. Et tout ce que proposera Dieu la trouvera disposée.
L’Immaculée Conception, c’est ‘avant’ …. de se retourner sur soi. C’est ‘avant’… la pudeur d’après la faute.
Marie a la pudeur de la chasteté d’avant la faute.
Sublime approche de Dieu d’une personne renouvelée dans la virginité.
Pour Marie, la virginité n’est pas à retrouver, comme pour toute jeune fille depuis Eve.
Pour Marie, elle est à déployer…
C’est un ange qui approche la Vierge Marie.
Un ange ne risque pas de provoquer chez elle un mouvement d’amour propre ou de passion.
On n’a pas de passion pour un Ange.
Et on n’a pas à avoir de pudeur devant un ange parce que le désir d’un ange c’est le message de Dieu pour nous. Totalement pur.
Dieu a épargné la Vierge Marie de toute confusion entre l’exercice des passions et sa maternité.
La maternité de Marie est pure de tout mélange, souvent difficile, des passions, des sentiments, de l’amour propre, des réactions du corps.

Immaculée Conception.
Marie ne s’est jamais regardée.
… Ni avant sa maternité, pendant la rencontre avec l’ange.
Maternité virginale.
… Ni pour la venue de Jésus en ce monde.
En fait, jamais !
Marie est Vierge, à chaque seconde du temps de sa vie.
Vierge de corps et d’âme.
Cela veut dire – car il ne peut pas en être autrement – qu’elle était dans un élan d’amour sans faille, toujours plus intense, d’âme et de corps.
Jusqu’à son Assomption.
Pendant toute sa vie elle s’est donnée, à l’Esprit Saint ;
Elle a accueilli l’Esprit Saint qui se trouvait dans son fils. Dans le Fils de Dieu. Et à la fin de sa vie, Dieu a accueilli ce don.
Simplement, pendant sa vie parmi nous, l’Esprit Saint a pris Marie sous son ombre.
Et elle ne quitta jamais son ombre.
À la fin de sa vie, parmi nous, rien ne changea pour Marie.
Simplement de l’ombre de l’Esprit Saint qui la protégeait de sa fragilité, elle est passée à la lumière de l’Esprit Saint,
dans un éternel Fiat émerveillé.