Quatrième DIMANCHE – B – 2024

Chers frères et sœurs,
Si vous avez écouté attentivement les trois textes que nous venons de lire, – on peut ajouter aussi le psaume -, vous devez avoir eu un frémissement.
On est à des frontières.
On dirait presque qu’on s’approche du cœur du réacteur avec les risques que l’on encourt.
Par exemple :
Moïse parle au peuple qui ne veut plus entendre la voix du Seigneur mon Dieu.
« je ne veux plus voir cette grande flamme, je ne veux pas mourir’! »
C’est quand même très fort.
Surtout que ça se termine par un avertissement sévère : ‘si un prophète parle au nom d’autres dieux, il mourra’…
Ça rigole pas. Il veut mieux faire attention à nos paroles de prophéties…
Et saint Paul :
‘ l’homme ou la femme mariée, se trouve divisé. Mieux vaut rester vierge’ … Dont acte…
Quant à Jésus :  » ils furent tous frappés de stupeur »
C’est vrai que se confronter au démon crée toujours un peu d’émotions. C’est fort aussi.
Mais pourquoi notre religion, notre foi, mène-t-elle au bord de la stupeur de l’homme, de la sensibilité ?
Je vois deux raisons.
La première c’est que notre foi est une croissance dans la vérité.
Et que la vérité touche aux jointures de nos âmes.
Et ça secoue toujours quand on entre dans la vérité de notre âme. Il n’y a pas plus courageux qu’un homme de foi.
Ou une femme de foi, qui vit sa foi, bien sûr.
Et puis la deuxième raison c’est que cette vérité s’engage jusqu’aux frontières du surnaturel.
Et donc il y a une crainte inévitable, parce que le surnaturel, la grâce de Dieu, surtout quand elle est pure et vraie, est tellement simple qu’elle nous étourdit de sa beauté. Plus haut que le soleil… Mais dans notre âme.
Dans toute la Bible, s’approcher de Dieu est un risque.
Qu’il est terrible de s’approcher du Dieu vivant.
Parce que notre bonheur nous le cueillons, il nous est proposé à partir d’une vie

qui nous dépasse.
Et que tout ce qui nous dépasse suscite une certaine crainte, jusqu’à ce que nous donnions notre cœur en confiance.
Et c’est le mouvement de notre vie entière :
Ouvrir les zones résistantes de notre cœur dans la confiance d’un amour qui nous est donné. Pas toujours en douceur.
C’est la tâche la plus noble d’un homme ou d’une femme :
Accepter, avec discernement bien sûr, de s’ouvrir au risque de l’amour.
Et quand cet amour il est de Dieu, nous ressemblons à des petits papillons qui s’approchent d’une flamme grande.
Tant que nous n’avons pas compris que cette flamme, grande, nous fait mourir pour trouver la vraie vie, que la bonté de Dieu est plus grande que notre abandon, il restera dans notre pratique de religion une certaine raideur, comme un rétrécissement de la vie éternelle, à nos pauvres systèmes psychologiques ou politiques.
C’est pour cela qu’il y a tant d’hommes et de femmes qui préfèrent rester dans un petit cercle restreint, un cercle d’ambitions limitées, parce qu’il est plus rassurant de rester dans notre cocon plutôt que d’admettre que quelqu’un nous aime pour nous faire grandir et avancer.
C’est triste mais c’est un réflexe pour se rassurer.
Il y a des quantités de cas pratiques qui peuvent illustrer ce resserrement sur soi-même.
Par exemple, on va se suffire des opinions picorées sur Internet, plutôt que d’accepter le jugement définitif et majestueux de l’Église sur tel ou tel sujet. Ce serait trop simple l’Église.
Et en plus, l’Eglise nous invite aux limites de nous-même.
C’est là qu’on peut entrer dans la joie, avec l’aide de la grâce de Dieu.
Alors on en reste aux opinions d’un pauvre blogueur qui tâche d’être influençant de lui-même.
C’est étonnant cette incapacité, en nous, à porter le bien qui nous fait du bien. Il y a comme un réflexe qui réagit contre la paix de notre cœur.
Si nous approchons du silence de l’âme – c’est une joie tellement douce de goûter au silence intérieur, pourtant – hé bien, on se retourne pour se souiller, se polluer dans un de nos défauts habituels.
Il faut être courageux pour risquer le mystère et persévérer dans le mystère du silence de Dieu.
On prend une bonne résolution et on n’arrive pas à la soutenir dans la longueur.
Et Saint Paul… pourquoi conseiller à quelqu’un de rester vierge… pour les affaires du Seigneur..?

Cela ne réduit-il pas notre liberté ?
Rester vierge.
Ne pas utiliser son corps pour le plaisir, ou pour l’enfant.
Se soumettre à la frustration, si on est normal…
C’est contre nature !
L’argument de Saint-Paul c’est que le corps – je veux dire toutes les composantes de notre corps : psychologiques, somatiques, nos désirs et notre compréhension, se simplifient chez une personne qui se consacre au Seigneur, libérée des désirs du conjoint.
On peut aimer la complication, mais Dieu n’est pas compliqué.
Dieu est intense dans la plus pure simplicité.
La simplicité se trouve dans la virginité lorsqu’elle est vécue en vérité.
Non seulement vécue mais aimer en vérité.
Contrairement à ce que l’on croit, la multiplicité n’ajoute pas de piment à la vie, mais elle fait décroître l’intensité.
La simplicité de la grâce divine est un aliment bio qui nous fait grandir. Et nous libère.
Et celui qui n’est pas marié, celle qui est vierge, entre dans l’intensité de la simplicité.
Évidemment, notre monde ultra compliqué va tout faire pour nous séduire par le compliqué.
Il va tout rendre compliqué pour nous noyer dans les émotions et les problèmes. Il ne connaît que cela.
C’est tellement facile de multiplier les problèmes pour compliquer la vie de quelqu’un.
Une fois que quelqu’un est séduit par le compliqué il perd le goût de la simplicité. Considérez quelqu’un qui regarde plusieurs heures des films aux émotions violentes, qui enflamment la sensibilité.
Quels que soient les procédés.
Ce quelqu’un sera incapable de prier.
Parce que l’excitation est addictive.
Or, l’Eglise est tout l’inverse. Elle nous ouvre un chemin de simplicité et de force. Et je crois qu’un chrétien doit garder une certaine dose de naïveté.
Non pas une naïveté niaise, mais la recherche d’une naïveté, préservée, seul chemin, de jouir de la pureté de la grâce de Dieu.
Ceux qui le goûtent comprennent.
Regardez la sainte Vierge. A-t-elle blogué sur le web?
Bon… elle a trouvé la solution. Elle s’est mariée et elle est restée vierge. Mais l’Eglise n’accepte pas cela.
Parce qu’il n’y a que dans le cas de Jésus qu’une femme peut être mère et rester vierge .

Mais en tout cas, si on prie la sainte Vierge, c’est d’abord de sa simplicité qu’on devrait demander .
Mère très pure.
Mère très chaste.
Mère très pauvre…. priez pour nous
Mère de la persévérance.
Mère qui n’a pas connu le compliqué.
Et qui n’a pas craint la puissante flamme de Dieu.