Mercredi des Cendres

ceux-là ont reçu leur récompense’…
Qui ? : ceux qui se font voir.
En fait, Jésus nous fait un petit traité de l’intimité.
Il nous dit que le cœur de l’affaire, le cœur de notre religion, il ne se trouve pas dans les journaux, il ne se trouve pas dans la visibilité, il ne se trouve pas dans les écrans et le nombre de ‘like’, bref qui ne se trouve pas dans l’apparence.
Mais il va plus loin.
Il dit que tout cela, c’est dommageable pour notre relation avec Dieu.
Petit traité de la religion personnelle et de la relation intime avec notre Sauveur.
‘Ton Père te le rendra en secret’.
Quel est quel est le cœur d’un mouvement de charité ?
C’est que l’objet de mon amour devient plus important que moi.
Cela veut dire que je m’oublie.
Je ne vois plus moi mais je vois lui.
Or, et cela n’est pas possible sans la grâce de Dieu.
Qu’est-ce qui prouve la grâce de Dieu ?
C’est précisément quand quelqu’un ne se regarde plus.
Or qu’est-ce que vous faites en ce moment frères et sœurs ?
Vous êtes peut-être en train de vous demander si vous vous regardez !…
Et c’est raté !
Parce que justement si on se demande si on se regarde c’est qu’on est en train de se regarder…!
Et vous avez déjà votre récompense.
Et Dieu ne regarde que celui qui n’est pas en train de se regarder.
C’est-à-dire celui qui ne se demande pas s’il est en train de se regarder.
Mais Jésus va plus loin.
Car il dit que se faire regarder, c’est déjà se regarder.
Il y a deux angles de vue pour se faire regarder.
Il y a celui qui se fait regarder dans sa faute.
Et celui-ci Jésus le félicite.
 » Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour….
Oui, je connais mon péché,
ma faute est toujours devant moi.
Contre toi, et toi seul, j’ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait. »
Parce que celui qui est sincère dans l’aveu de sa faute, il désire plus que tout ne pas se regarder.
Il n’y arrive pas.
Mais au moins il est gêné de lui-même.
Et il appelle l’Autre.
L’autre c’est-à-dire Celui qui l’aime.
Il appelle la libération.
Bien sûr, il se regarde.
Mais il a cependant le désir de ne plus se regarder.
‘ Je suis trop moche.
Alors Seigneur, je te laisse regarder mon cœur pour le guérir.
Je te laisse regarder mon cœur pour que tu l’aimes.
Mais moi je ne me supporte plus. ‘
C’est le commencement d’une prière pure.
Le commencement…
Se laisser aimer pour que la grâce divine me permette d’aimer en vérité.
‘ laissez-vous réconcilier avec Dieu ‘

Vous voyez il y a un ordre dans la libération de soi-même.
Il y a un itinéraire obligé.
Sauf pour la Sainte Vierge.
Dieu lui a réservé un petit itinéraire d’oubli de soi beaucoup plus court, beaucoup plus lumineux.
Mais pour nous, tout commence à partir du moment où nous ne pouvons plus nous regarder.
Regardons le fils prodigue.
Son retour au père commence au moment où il rentre en lui-même et se dit dans son cœur : ‘ ce n’est plus possible’
Alors il pense à son père.
Et c’est un acte en secret d’intimité.
C’est le moment clé de la parabole.
Il a enfin trouvé le mouvement d’oubli de soi.
‘ il rentra en lui-même’
S’oublier, c’est rentré en soi-même pour découvrir un amour plus grand que nous.
Dans le secret…
La rencontre avec Dieu se fait dans le secret.
Et non seulement dans le secret des autres, bien sûr…
Mais dans le secret de notre cœur.
Cela commence toujours par se savoir aimé.
Ce savoir aimé est l’acte libérateur de toute notre vie.
Et il ne se fait que dans le secret.
Car le regard de Dieu, le regard de Jésus ne s’arrête que dans les profondeurs intimes de notre cœur que nous ne connaissons pas.
C’est justement parce que nous ne les connaissons pas que nous sommes libérés.
Et c’est exactement à cet endroit intime de notre cœur, là où notre désir nous échappe, que commence notre réponse d’amour.
 » ton père qui te voit dans le secret t’aime » .
Et comment te rend t-il le cri de ta prière ?
Il te le rend en te donnant la capacité d’aimer.
De t’aimer et d’aimer.
C’est-à-dire qu’il féconde ton désir secret en te permettant de t’oublier.

Et tant qu’il n’y a pas eu ce cri de détresse, notre jeûne, nos aumônes, notre prière, restent grossiers.
Il y a quelque chose de grossier à vouloir faire du kitsch.
C’est pas toujours méchant, mais c’est grossier avec une pointe de ridicule.
D’ailleurs Jésus n’est pas très sévère avec ceux qui font du kitsch.
Il dit simplement :
‘Ils ont leur récompense’
Et puis on passe…
En fait le plus grave dans l’affaire, c’est que Jésus passe, Dieu passe… plus loin.
Tu passes pour atteindre le secret de notre cœur.
Oui, on le voit passer.
Il y a un petit quelque chose de Dieu que l’on saisit.
Et Dieu passe.
Et on se dit : il est passé, il est plus loin.
C’est le sens du Carême.
Le Carême est une période plus favorable pour aller chercher Dieu plus loin.
Le bien-aimé est passé.
Il a laissé une trace.
Et il est plus loin.
Maintenant nous connaissons son itinéraire.
Le temps du Carême c’est de prendre cet itinéraire :
L’itinéraire de l’intimité.
Alors je vous le redis, par une prière, si les lectures d’aujourd’hui n’ont pas été assez explicite explicites.
 » Seigneur, viens toucher mon cœur à l’endroit où il est blessé et que je ne veux pas regarder, et que je ne veux pas que les autres regardent.
Alors je découvrirai ton regard d’amour.
Et quand je ferai cette découverte, que tu m’aimes là où je ne veux pas me regarder, je ne me regarderai plus, je ne m’intéresserai même plus au regard des autres, parce que je te regarderai.
Et je serai libéré par ton amour.
Où ?
Dans le secret, Père….
Dans mon secret.
Dans ton secret.

Comme pénitence frères et sœurs ,
Vous relierez le psaume 50.
 » Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu.

Rends-moi la joie d’être sauvé ;
que l’esprit généreux me soutienne.
Seigneur, ouvre mes lèvres,
et ma bouche annoncera ta louange. »