HOMELIE EPIPHANIE

 

Depuis 15 jours, on a un petit enfant.

Un petit enfant dans un bled perdu, Bethléem. Entouré d’un couple, d’un jeune couple, discret. Tout ça ne va pas faire la une des journaux. En apparence rien d’extraordinaire. Il y a quand même un frémissement. Un frémissement… d’anges. Je ne sais pas frères et sœurs, si vous vous êtes trouvés un jour dans un frémissement d’anges.

Mais en tout cas c’est difficile à filmer et même à enregistrer… Donc, nous sommes à quelques semaines de la naissance d’un bébé. Même si nous, nous sommes dans le secret, dans le secret de la Révélation, il n’y a pas grand chose qui change. Il n’y a rien vraiment qui apparaît de différent, ces jours-là. D’ailleurs, Marie, et Joseph aussi certainement, méditent, méditent en leur cœur. Marie essaie de débrouiller le mystère de ce qui lui arrive. Ça veut dire qu’il n’y a rien de saisissable, d’absolument évident, en tout cas rien de grandiose et d’achevé. Aucun miracle vient bouleverser la nature des choses. Je veux dire aucun effet spécial, grandiose.

Dieu s’approche à pas feutrés. C’est la manière divine. C’est déjà une première règle de la manière de Dieu. On voudrait, frères et sœurs, que Dieu nous éblouisse pour adhérer à sa présence… lui faire confiance. C’est un peu comme quand on mange du chocolat ( c’est le moment pour cette comparaison…) :
On prend un morceau de chocolat. Et ça ne suffit jamais. On a besoin d’un deuxième puis de la tablette du chocolat, puis de la boîte de chocolats. Comme si notre palais, notre goût n’en avait jamais assez pour savourer le chocolat.

Eh bien.. Dieu, par sa grâce, ne veut pas se faire avaler comme du chocolat. Sa manière, c’est de nous donner un tout petit filet de grâce pour nous demander une réponse d’amour. Pure. Petite mais pure. Je dirais que le miracle qu’on désire en gros paquets de grâces, c’est pour les goulus, les grossiers. Les effets spéciaux, Dieu en est capable, mais il les donnera quand nous ne voudrons pas les avoir : au moment de l’Apocalypse. Il a montré qu’il en est capable dans la Transfiguration du Christ et par certains miracles de Jésus ( l’apaisement de la tempête, la réanimation de Lazare, la conversion de Marie- Madeleine, la Résurrection, la Pentecôte…)
Mais toutes ces grâces exceptionnelles sont suivies ou précédées de la Croix ou d’un chemin très long de fidélité.

La manière habituelle de Dieu c’est le petit filet d’eau pure de la source. D’abord on l’entend… il fait glouglou, très léger, sous les feuilles des arbustes. Et si ce glouglou nous intéresse, nous allons découvrir de nos yeux ce petit filet de source.

Tout commence par là. Et se poursuit dans l’intimité.

Les grandes, les immenses conversions, ont commencé par des petits glouglous. Que s’est-il passé la nuit de Noël ?
Non pas un glouglou. Mais un froufrou… Un froufrou de plumes d’anges, au milieu des champs, la nuit, à des gens très simples : des bergers.

 » Aller voir l’enfant… et vous, gens très simples, c’est à partir de vous, les premiers, que le message révélé va se répandre sur la terre, aux alentours du petit village de Bethléem. Vous l’aurez vu, cet enfant, vous saurez que c’est le Messie. Mais rien de plus… Vous saurez tout du mystère, sans rien comprendre du mystère.

C’est un peu comme si on se trouvait devant la formule e=mc2, la relation de relativité restreinte de Einstein qui permet de comprendre le mouvement de l’organisation de
l’univers et des planètes. C’est très bien. On a tout, on est admiratif, la formule géniale, on s’incline devant, et on se dit qu’on aimerait bien la comprendre pour mieux la savourer.
’L’énergie est égale à la masse multipliée par le carré de la vitesse de la lumière.’ Vous voyez le petit enfant, là, sur la paille, c’est celui qui va changer le monde, non seulement le changer mais le sauver. On a la formule et on voudrait entrer nous-mêmes dans le mouvement. Ça ce sont les bergers. Aujourd’hui, il y a une autre espèce de simples qui se présentent à la porte du logis de Marie et de Joseph.

Ceux-là, ils n’ont pas de peaux de moutons pour ce vêtir. Ils ont de longs manteaux tissés et peut-être brodés. Ils ont des montures plus nobles, des chameaux. Ils ont des présents, précieux, pour offrir. Ils ont les symboles et le panache. Mais en fait, ce sont des simples, dans le sens noble du terme. Et c’est là que tout se joue, frères et sœurs. Parce que ces mages, qui justement ne sont pas des rois, ont une autre science que celle des bergers, mais ce en quoi ils leurs ressemblent, c’est par leur simplicité et leur droiture de cœur. Ce sont des sages qui sont simples et qui savent écouter les signes des temps, les signes de la nature, le clin d’œil d’une étoile. En fait, dans leur nature pure, autant qu’il soit possible, ils sont à l’écoute d’une grâce qui est très similaire au message que les anges ont transmis aux bergers.

Et là, frères et sœurs, je me sens accablé. Pourquoi ?

Parce que les bergers, et les mages sont des gens qui ne sont pas pollués. Or notre monde est archi-pollué. Nous sommes archi-pollués, par nos richesses, mais bien plus encore par le bruit, les bruits du monde et des informations, les bruits des mensonges, des intérêts et des perversités, en avalanches.

Cela veut dire que les premières grâces de Dieu pour attirer notre désir vers la révélation tout entière du mystère du Christ, mystère de joie – ces premières grâces sont
recouvertes par nos impuretés. Combien d’enfants sont détournés de la pure lumière qui habite leur cœur, alors qu’ils ont des grâces surnaturelles qui murmurent la présence de Dieu en eux.?
Ils sont détournés par le bruit de leurs parents, de leurs professeurs, le bruit de leurs écrans ou de leur téléphone… Et la grâce de Dieu murmure…

Or, ce bruit, n’était pas du temps de Jésus. Il envahit jusqu’en nos salons et cuisines. Du temps de Jésus, il y avait autre chose. Il y avait les maladies. Il y avait aussi tordus, bien sûr. Nous n’avons pas à être jaloux !
Les tordus qui ont tout pour boire le bonheur dans de grandes coupes pétillantes, mais qui choisissent de casser le monde et le bonheur. Un grand exemple, c’est Hérode Le Grand. Il a 10 fois plus de capacité de bonheur que les mages. Hérode est juif, il a la Torah, il a la Parole de Dieu, il a les sages, il a les Scribes, il a les Prophètes. Hérode préfère les ténèbres. Il fut un monstre jusqu’à tuer ses enfants. Hérode ne nous étonne pas, parce qu’il est très contemporain en perversion narcissique et en paranoïa. Mais il ne m’intéresse pas. Je n’ai guère de sentiment sur le sort d’Hérode Le Grand. Il est mort d’une maladie horrible quelques mois après la naissance du Messie, après avoir fait une tentative de suicide, tellement il souffrait.

Je reviens plus tôt à toutes ces foules, de nos frères contemporains, et de nos sœurs, peut-être pas pervers, mais pollués. Et c’est cela qui m’accable.

Dieu est si délicat, si maternel avec ses enfants, Dieu est un génie de beauté et de bonté, de subtile relation et d’amitié. D’élégance. Et notre monde sombre dans la grossièreté. Dans le harcèlement du grossier. Les petits cailloux blancs que Dieu sème sur notre chemin pour nous conduire aux délices
d’une paix intérieure. De la vie éternelle… ( d’abord à la guérison de notre âme, ensuite à l’élévation de notre union à la divinité…)
Et bien tous ces premiers petits cailloux blancs le monde les salit pour qu’ils soient méconnaissables sur le chemin. On abîme l’innocence.

Les mages ne laissaient passer aucun des petits cailloux blancs que Dieu leur proposait. Parce qu’ils étaient des simples. Et même, chaque grain de sable avait un sens pour eux. Or, aux mages comme aux bergers, Dieu ne leur a offert que les prémices du mystère de la Rédemption. Comme Jean-Baptiste aussi, plus tard. Tous ces gens étaient des pauvres, qui ont été comblés par un cadeau de pauvre.

Et pour nous… nous sommes des riches, incroyablement riches de toute la Révélation des évangiles. Nous sommes riches de la vie du Christ, nous sommes riches d’une théologie lumineuse, nous sommes riches d’une Église qui est l’épouse du Christ… nous sommes riches de la présence sacramentelle de Jésus ressuscité… Tous les jours nous pouvons vivre l’union surnaturelle à celui qui est la vie, à la messe… C’est un truc de ouf !

Et les foules ne savent pas distinguer un petit caillou blanc de grâce qui pourrait les conduire au Ciel. Elles piétinent les perles… Et ça, c’est infinie tristesse. Si nous avions la pureté et la simplicité de regard, la droiture de cœur des mages et des
bergers, notre cœur exploserait de joie. Mais je ne peux pas rester sur cette tristesse. Oui la tristesse provient de notre monde tellement lourd. Mais Dieu sait prendre d’autres voies pour inonder nos cœurs de sa joie. Dieu s’est servi de chants mélodieux dans le silence d’une nuit d’hiver à Bethléem. Dieu passe maintenant les bruits et les murs, les harcèlements et toutes les pollutions de notre monde, à la manière des rayons gamma. Il traverse pour illuminer notre esprit et notre âme. Il se sert de rayons gamma pour aller caresser notre cœur de tendresse. C’est sûr que la poésie est moins évidente
Je pense que plus notre monde ira dans le bruit, plus Dieu passera dans de nouveaux silences. Plus son passage sera mystérieux pour venir féconder les puissances de vie en nous, les puissances de vie éternelle.

Nous ne sommes même plus capables de concevoir l’existence des mages. Il nous paraissent d’un autre monde, et effectivement ils sont d’un autre monde. Trop purs pour nos esprits blessés et perturbés. Mais Dieu passera. Dieu continue de passer.

Autre émerveillement.

Relisons la prophétie d’Isaïe :  » voici que les ténèbres couvrent la terre, et la nuit obscure couvre les peuples. (Tiens, ça nous dit quelque chose quand même……)
Mais sur toi se lève le Seigneur, sur toi sa gloire apparaît… Tu verras, tu seras radieuse, ton cœur frémira et se dilatera… » Pour les mages, le chemin fut de sable, d’Écriture Sainte, et d’une étoile. Pour nous, cette prophétie s’accomplit, au carré de la vitesse de la lumière, en rayons gamma, et miracle, du même silence de la grâce qui touche notre cœur. En chemin, notre monde a perdu sa poésie.

Hommes sérieux que nous sommes, n’est-ce pas…!

Mais Dieu n’a pas perdu de vue la béatitude qu’il nous promet. Il y aura toujours des âmes fraîches et pures, qui garderont un coin de simplicité, caché, pour communier à la divinité de l’Enfant de la crêche.

Des amateurs des glouglous et du froufrou des anges.

Rien n’est impossible à Dieu. Dieu est grand.

JOUR DE NOËL 2023

Qu’est-ce que provoque… qu’est-ce que suscite un enfant ?
Un petit enfant, un tout petit enfant…
Disons, un enfant qui ne sait pas encore parler ?
Justement dans les premiers mois, parce qu’il n’a pas conscience de lui-même, l’enfant réveille en nous… l’émerveillement.
Tout enfant.
Et puis les saints aussi, ceux qui ont retrouvé une âme d’enfant.
L’enfant par nature.
Le saint par grâce.
Et puis entre les deux, quelques exceptions.
Des gens simples.
Pauvres et simples. Les deux à la fois.
Eux aussi, ils réveillent un frémissement, un certain étonnement originel.
Les enfants et les saints sont comme des vitres transparentes, bien propres.
Dans un sens elles laissent passer la lumière sans la retenir.
Dans l’autre sens, elles laissent passer le regard jusqu’aux montagnes qui se dessinent à l’horizon.
J’ai oublié une autre catégorie de faiseurs d’émerveillement.
Est-ce que vous devinez ?
Facile…
Ce sont les anges.
L’ange étonne.
C’est presque son métier.
En tout cas, il est fait comme ça.
L’ange est fait pour étonner.
Parce qu’il est spontané, immédiat, transparent lui aussi à la lumière qui le traverse. Si c’est une lumière divine, c’est un ange bon.
Si c’est une lumière ténébreuse, il fait partie des mauvais copains.
Mais il étonne toujours.
Je reviens à l’enfant.
Et aux saints.
Et aux simples.
L’enfant, l’enfant au sein, et les hommes saints, les femmes saintes, réveillent tout au fond de nous le souvenir inconscient du monde originel.
Comme s’il restait une petite miette de notre cœur qui crie vers le paradis terrestre. Au-delà des siècles et du temps, un petit atome du cœur de Adam et Ève, avant le péché originel.
Avant qu’il existe des larmes pour pleurer.
Et c’est pour ça qu’un enfant petit, on le respecte, on l’approche avec délicatesse, comme un trésor, ou mieux, comme du sacré que l’on contemple et vénère.

Parce qu’il nous relie à un espace, pur, du paradis terrestre.
D’abord de notre enfance, mais plus loin encore…
Et le saint nous relie à l’espace pur du paradis céleste. Non pas derrière, mais au-delà de nous. A venir. Émergence émerveillée dans notre monde impur.
Alors, après avoir dit tout cela, on découvre qu’il y a une autre fenêtre… Et nous le savons aujourd’hui.
Cette fenêtre, c’est un enfant, un autre enfant, le seul enfant, pur.
Pur et saint.
C’est l’Emmanuel.
Dieu avec nous.
Le seul enfant absolument pur qui réveille en nous l’émerveillement des profondeurs les plus profondes de notre âme, du souvenir du paradis terrestre.
 » Tout a été fait par lui.
Et sans lui rien ne fût. »
Et rien autour de lui, à ce moment-là dans la mangeoire, ne vient supplanter ni même troubler l’émerveillement.
Aucune richesse, aucun bluff, aucun bruit.
De la paille, le souffle des animaux ( les animaux sont purs, ils sont tous purs)…
Mais il y a quand même quelque chose qui aurait pu détourner le regard des bergers de la vision de l’enfant.
C’est le visage de Marie.
Les bergers auraient pu tomber en extase devant le visage de Marie.
Mais non !
Simplement parce que le regard de Marie était pour son enfant. son sourire était pour son enfant.
Sa paix était pour son enfant.
Le visage de Marie était donné par son enfant, pour lui.
Le sourire de Marie était porté par la grâce de son enfant.
Et donc retournait à son enfant.
Décidément, il y a juste l’enfant.
Cet enfant, premier témoin parfait du paradis terrestre depuis tous les âges.
Mais aussi, cet enfant est le premier témoin de la vie éternelle.
Il est la Vie éternelle.
Il est à l’origine du paradis terrestre et, en même temps, la porte de la vie éternelle. Ceux qui tombaient dans cette étable, à Bethléem, étaient tentés par l’extase.
Et puis, il y a une autre circonstance. C’est que nous ne sommes pas des anges.

Or, les anges préparent le chemin des autres. C’est leur mission.
Oh bien sûr… c’est sous l’inspiration du Saint-Esprit, de Dieu lui-même.
Les anges ne font rien par eux-mêmes.
Ils reçoivent tout de Dieu.
Et Dieu leur a dit de préparer le chemin du Seigneur.
De préparer les cœurs.
Bien sûr… de Marie, de Joseph ! bien sûr… des bergers ! plus tard… des mages !
Et là, c’est une délicatesse de Dieu pour nous.
Si Dieu n’avait pas préparé la nouvelle de la venue de Jésus, nous serions restés ignorants.
Mais Dieu a voulu partager l’émerveillement.
Dieu a voulu que son salut pénètre le monde par un chemin de joie.
Et ça c’est divin..
Pour grandir, les hommes doivent faire des efforts, souvent douloureux.
Il faut aller à l’école, faire ses devoirs, persévérer, craindre les mauvaises notes,
Il faut entrer en apprentissages et faire des expériences souvent pénibles, pour devenir plus mature, plus solide..
Hé bien, Dieu a choisi d’introduire son chemin de salut par la joie.
Simplement en regardant un petit bébé.
Aucun effort obligé. Aucun devoir à faire.
Simplement ouvrir notre oreille à la voix des anges.
Et s’agenouiller devant une mangeoire transformée en berceau – je dirais ‘consacrée’ en berceau divin.
Se laisser transpercer notre cœur dur par la douceur de l’appel du Paradis
Et ça marche, puisque tous les durs de cœur et les païens et les athées ont fêté Noël cette nuit.
Et ceux qui ne l’ont pas fêté ont pleurer de ne pas le fêter.
Le Paradis derrière comme un rappel lancinant.
Le Paradis devant, celui du Ciel, comme un appel incontournable, presque obsédant. Et la joie qui coule de partout, parce que Dieu a voulu que tout soit joie, ce jour-là. Où cela ?
Dans le tout petit corps de Jésus dormant dans sa mangeoire.
Et dire que c’est le même rappel, le même appel, la même joie auxquels nous allons communier dans un moment sous l’apparence du Pain et du Vin consacrés….
Joie surabondante…..

NUIT DE NOEL 2023

 » Gloire à Dieu au plus haut des Cieux… »
Qu’est-ce que ça veut dire ?…
Quand on touche à la beauté, simplement quand on regarde la beauté, on est obligé d’y perdre des plumes.
Alors quand cette beauté est au plus haut des Cieux – au plus haut des Cieux, ça veut dire dans l’espace le plus pur de notre cœur, à l’origine de la pureté de notre cœur – là, on ne perd pas de plumes, on est plumé, on est tout nu, on est vierge. La beauté elle ne peut se saisir que par un regard vierge, une main vierge, une âme pure et saine, autrement dit ressuscitée.
Pourquoi Dieu a-t-il construit le monde ainsi ?
Je veux dire, de façon à ce que nous le comprenions vraiment, que lorsque nous aurons atteint la pureté de notre cœur, par grâce ?
Dans notre vie, les belles choses, on ne peut les saisir qu’après avoir renoncé à les posséder.
 » Gloire à Dieu au plus haut des Cieux… » de toute façon on ne le comprendra qu’après.
Il y a, pour chacun de nous, au fond de notre âme, le désir de se perdre dans un océan de délices, de Gloire.
Un appel mystérieux et inexprimable qui nous donne la note de ce que sera notre éternité.
Mais il y a eu un deuxième lieu de Gloire, délicieux, qui est aussi au plus haut des Cieux,
Un autre monde, oui…. C’est à la crèche !
Phénomène incroyable !
Cette Gloire qui est au plus haut des Cieux, Dieu s’est plu à la mettre sur la paille, sous le museau d’un bœuf, sous l’œil attentif, doux et têtu d’un âne.
Alors poursuivons notre lecture :
…  » et paix sur terre aux hommes… virgule…, que Dieu aime  »
Qu’est-ce que ça veut dire ?
Parce que, ça aussi c’est impossible de le trouver sur terre.
La paix entre les hommes !
Mais ce n’est pas ce qui est dit. Ce qui est dit : Paix aux hommes…
Autrement dit ce n’est pas une paix qui s’applique aux événements.
C’est une paix qui s’applique à l’intimité du cœur.
Enfin, pour être bref, c’est une paix qui se marie à la Gloire de Dieu au plus haut des Cieux.
Cette paix est aussi inaccessible que la Gloire de Dieu, si elle ne descend pas de l’Esprit Saint par une échelle qui vient du Ciel.
Chacun de nous connaît l’histoire de la belle au bois dormant.
La plus belle des filles, Princesse la plus douée, qui se pique sur la pointe d’un

fuseau, et puis … s’endort pendant 100 ans. C’était prévu par la mauvaise fée.
Non seulement elle mais tout son château, ses serviteurs et ses servantes, ses chiens et ses canards, et même le feu dans la cheminée… s’endorment…
100 ans pour qu’un jeune prince courageux trouve, au milieu de la forêt, un passage qui lui découvre le château.
Le château et la belle qui dort.
Il l’embrasse sur le front, je crois, et tout revit, et ils eurent des enfants et vécurent heureux.
Mais il y a mieux.
Encore plus beau que ce conte.
Il y a la crèche de Marie et de Joseph. Et de Jésus. A Bethléem.
Au moment où Jésus naît sous le museau du bœuf et celui de l’âne, le monde renaît. La différence avec le conte de la Belle au bois dormant, c’est qu’au moment du baiser du prince, tout le château ne va pas revivre d’un seul coup.
La différence, c’est que quand Jésus, Dieu lui-même – pas de Prince plus beau que lui : Prince de la Paix – quand Jésus apparaît dans l’étable de Bethléem, le monde va s’éveiller peu à peu, cœur après cœur.. jusqu’à la fin du monde..
On a besoin de quelqu’un pour nous réveiller.
On a besoin de quelqu’un qui nous a vu dormir et qui nous a aimé.
Hé bien, à chaque fois que quelqu’un va reconnaître Jésus, celui-là va se réveiller. À chaque fois que nous reconnaissons Jésus par une grâce nouvelle, notre cœur se réveille.
Nous sommes endormis dans notre monde, par le péché, et par la lourdeur de nos héritages, de nos peurs, de nos fragilités qui se ferment sur elles-mêmes, sur nous-mêmes.
Et nous avons besoin d’un baiser du bon Dieu sur le front, au profond de notre âme, pour nous réveiller à la lumière.
Mais Dieu ne veut pas réveiller le monde entier d’un seul coup.
Il veut que chacun de nous ouvre l’œil de son cœur.
Et le monde entier depuis 2000 ans se réveille.
À chaque âme qui se convertit, le monde se réveille, une nouvelle étoile scintille, une nouvelle pureté vient féconder l’Histoire du monde.
À chaque prière confiée à Dieu, qu’elle soit dite dans la paille, qu’elle soit dite au milieu d’un champ, qu’elle soit dite dans la nuit, dans le froid ou sous le plein soleil, une nouvelle beauté qui sommeillait rejoint la vie de la grâce divine.
Monte un peu plus haut dans la Gloire de Dieu.
Et le monde s’en réjouit.
Frères et sœurs, si vous avez l’impression que votre vie est endormie, pas depuis 100 ans mais quand même depuis trop longtemps, appelez donc le prince charmant, Jésus… il fera le nécessaire et vous redonnera du sel.
Mais il faut l’appeler sérieusement..

Un par un, Dieu veut que l’on se réveille.
Et il passe de châteaux en étables, de cœur abîmé en âmes affamées, au-delà des obscurités et des doutes, et, de ses lèvres divines, il frôle chaque âme et la réveille à sa vocation.
Tant que Dieu n’est pas passé, nous restons en sommeil, nous ne vivons pas notre capacité de joie et de bonheur.
On peut se croire dans un château, on peut se croire entouré de serviteurs ou d’amis, tant que l’on n’a pas reconnu le regard de Jésus qui nous aime ( et j’ajouterais, juste derrière lui, la beauté de Marie) tant que ne s’est pas allumé en notre cœur le feu d’amour que Dieu dépose par une grâce mystérieuse, très fine, très discrète, nous dormons et notre monde dort autour de nous.
Et il dort souvent dans des conditions misérables.
Alors nous comprenons enfin :
 » paix sur terre aux hommes, … virgule… que Dieu aime… » C’est la paix de celui qui se réveille au baiser de Dieu. Homme après homme.
Femme après femme.
Enfant après enfant.
Cœur après cœur.
Et puis ensuite….
Il faut passer de réveil en réveils, de grâce en grâces, jusqu’au plus haut des Cieux.
Jusqu’au plus profond de notre âme.
Jusqu’au sommet de l’intimité avec Dieu;
qui s’est trouvé dans la crèche;
et qui se trouvera dans l’Église triomphante à la fin des temps. Rendez-vous à ce festin.

Quatrième Dimanche de l’avent 2023

Juste avant cette fête de la Nativité ( ce soir)
Je voudrais reprendre un texte sur lequel il y a bien des années j’ai médité pour prier le ‘Je vous salue Marie’.
Je vais abréger ces 7 ou 8 pages que Père Jérôme, fervent du chapelet, m’avait données. ‘Sa manière’… d’amarrer sa prière à celle de la très Sainte Vierge.
Voici un petit résumé de son écrit :
« JE VOUS SALUE, MARIE. »
Lorsque nous prions seul, arrêtons-nous après ces premiers mots.
Car il faut que Celle à qui nous nous adressons ait le temps d’être prévenue:
« quelqu’un désire vous parler… » Avant qu’elle le sache, inutile de continuer.
Or, il faut un certain temps pour qu’elle soit prévenue, même si celui qui s’en charge est, aujourd’hui encore, l’Ange de la première salutation.
Donc, arrêtons-nous, que l’Ange ait le temps d’aller la chercher au plus haut du Ciel et de lui dire: « Quelqu’un, sur terre, recommence la toute belle salutation; venez, Reine, daignez montrer que vous écoutez, ce sera plus poli. »
Laissons donc, à Celle que nous voulons saluer, le temps de se disposer à nous rendre la politesse..
D’autre part, et ceci nous est dicté par une longue pratique, ce petit arrêt nous permettra de nous recueillir dès le début de chaque « Je vous salue, Marie », avant de continuer par l’énumération trop dense des privilèges reçus par cet être exceptionnel.
Les mots de la prière coulent vite, trop vite. Il faut donc les retenir dans le calme.
C’est pourquoi, faisons un arrêt après: « Je vous salue, Marie », un arrêt attentif et souple. Pensons que pour chaque « Je vous salue, Marie », nous sommes deux qui devons comprendre chaque mot: Elle et nous.
Peut-être l’ange lui-même, après avoir dit: « Je vous salue, Marie », eut-il un instant de saisissement et de silence ? Au minimum, nous pouvons le supposer intelligent:
Il a donc respecté les virgules. Ne faisons pas moins bien que lui.
« PLEINE DE GRÂCE ».
Cette prière toute naïve, faite pour les simples, voici qu’elle commence par un beau mystère !
Plusieurs d’entre nous ont reçu quelques petites grâces d’union avec Dieu.
Grâces non négligeables, et même plus désirables que tout avantage matériel.
Ces grâces, disons qu’elles nous font comme une provision d’un quart de litre d’eau fraîche, pour nous aider à cheminer vers Dieu, sans que nous risquions de tomber durant la sécheresse du désert.
Et voyez à quel point déjà cette petite provision nous fortifie et nous rassure !
Mais Elle ! Toutes les eaux pures et toutes les sources lui ont été données, alors que – comble de libéralité – elle ne devait même pas connaître la sécheresse du désert.
Et maintenant, au Ciel, elle jouit encore de cette abondance.

« LE SEIGNEUR EST AVEC VOUS. »
(…) L’ange pouvait-il dire plus clairement que, dans Nazareth, vous étiez déjà, patiente et sûre, une âme de prière ?
Il dit: « Le Seigneur est avec vous », et la réciproque va de soi, vous êtes avec le Seigneur. A genoux devant votre image, ne trouve-t-on pas le silence et la solitude?
Si parfois j’ai peur de m’ennuyer, je me dis que je m’ennuierais bien davantage ailleurs. Parfois je crois vous donner mon temps en pure perte; en réalité je le sauvegarde. Comment, en effet, mieux l’employer?- et je reçois en surplus apaisement et confiance.
« VOUS ETES BENIE ENTRE TOUTES LES FEMMES ».
Avec ces mots, nous quittons la salutation apportée par l’ange, pour passer au compliment prononcé par Élisabeth (Luc 1, 28-42).
Est-ce la raison pour laquelle ces paroles me paraissent moins hautes?
Comment ne pas sentir un changement de niveau? Pour les sauver, ces paroles, disons qu’elles prolongent le compliment précédent: « Le Seigneur est avec vous ».
Elles précisent que le Seigneur est avec vous, Marie, non pas, bien sûr, pour surveillance et sévérité, mais par dilection et par choix; c’est en cela que Marie est bénie.
« ET JESUS, LE FRUIT DE VOTRE SEIN, EST BENI ».
Ce qui accapare le coeur, l’attention, les soins de toute femme, c’est évidemment son enfant. Celui-ci peut aussi devenir l’objet autour duquel elle se replie, inattentive à tout le reste, et donc indifférente. Et la raison de cette indifférence paraît si profondément naturelle qu’on ne s’en choque pas.
Mais c’est tout le contraire ici, dans le cas de la Mère de Jésus: voici que sa maternité sera l’origine de sa relation inconditionnelle avec chacun de nous.
Parce que son Fils est lui-même le Frère et le Sauveur de tous les humains.
Maternité qui dilate le cœur de cette mère, ni jalouse ni exclusive, parce que c’est en conformité avec la volonté toute puissante de son Fils qu’elle s’étend à tous.
Je sais donc que la Très Sainte Vierge Marie ne dira jamais: « Je me dois à lui, d’abord. Ensuite, quand je le pourrai, je m’occuperai de toi ». Elle dira tout au contraire: « Je ne crains rien pour lui; donc toi d’abord, et aussi longtemps que tu auras besoin de moi ».
Les deux parties se disent avec lenteur. Car à quoi bon se presser?
A quoi bon finir, sinon pour recommencer? Quand on prie, tout va bien, donc laissons durer.
Faisons durer. Peu importe le nombre de « Je vous salue, Marie » que je dis;
ce qui compte, c’est le temps durant lequel, pour dire un ou plusieurs « Je vous salue, Marie », nous sommes retenus là, le regard tourné vers le Ciel.
« SAINTE MARIE, MERE DE DIEU ».
La demande commence de façon câline et insinuante.
Sans ce privilège de « Mère de Dieu », l’ange n’aurait pas volé vers Nazareth;
et il n’y aurait pas eu de salutation, ni celle de l’Ange, ni celle des chrétiens.
« Mère de Dieu ». (…) Je me délecte allègrement à penser à ceux qui jugent le « Je vous salue,

Marie » comme dévotion infantile ou prière pour vieilles bonnes femmes !
Pourquoi ne pas avouer que, lorsque certaines paroles ont un trop grand poids, on n’aime pas les dire ?
« Mère de Dieu »: Je sais qu’en répétant ces mots, j’engage toute ma foi, je me compromets comme catholique ferme, j’adhère aux affirmations naïves ou audacieuses du « Credo », affirmations que certains voudraient passer sous silence. Je sais qu’en voulant aimer et servir Marie, « Mère de Dieu », je brave, de notre religion actuelle, les réticences et la misère.
« PRIEZ POUR NOUS, PAUVRES PECHEURS ».
Mère de Dieu, et Mère des hommes, vous êtes sainte, vous êtes toute sainte. Or, que demander à une sainte, à la créature la plus élevée en sainteté sinon de joindre les mains et de prier pour nous?
On ne demande pas à n’importe qui: « Priez pour nous ». On ne le demande pas non plus à la légère, car, même pour les saints, la prière peut être encore un effort pénible et dramatique; alors, comment requérir d’eux cet effort ?
Votre prière, qui consiste en une simple adoration de la volonté de Dieu, a plus de précision que nos demandes les plus détaillées et votre simple acquiescement a plus d’efficacité que nos arguments. Ainsi, vous nous obtenez le mieux et le meilleur, lequel est toujours le plan arrêté par la bienveillante volonté de Dieu.
« MAINTENANT… ».
Après ce mot, arrêtons-nous, comme nous l’avons fait au début du « Je vous salue Marie ». Arrêtons-nous: puisque la Mère de Dieu se met à prier pour nous, laissons-lui prendre la relève. Puisque, pour obéir au désir que nous venons d’exprimer, elle se tourne vers Dieu en notre faveur, laissons-lui le temps de parler à Dieu.
Ne rappelons pas trop vite vers nous son attention.
Ne sentez-vous pas que durant ce moment où vous vous taisez, où c’est Elle qui prie, vous êtes protégé? Je viens d’écrire « protégé ». Oui, pensons aux passages protégés qu’il y a sur la route: chaque fois que, au bout d’un « Je vous salue, Marie », nous avons dit « Priez… maintenant », c’est comme l’ouverture d’un passage pour les piétons: alors, vite, avançons, pendant qu’Elle prie maintenant, avançons vite vers l’autre bord, vers l’Éternel. Il n’y a plus de danger sur la chaussée durant ce « maintenant » pendant lequel la Mère de Dieu prie pour nous!
« ET A L’HEURE DE NOTRE MORT ».
Durant ma vie entière vous m’avez tenu par la main, ô ma Mère. Se pourrait-il qu’à cette heure-là, je sente vos doigts se dénouer et votre main me lâcher? Certes non! Si votre main souveraine quittait ma main, ce serait certainement pour saisir un pan de votre manteau et m’en couvrir. Mère de mon long cheminement et Mère à mon instant suprême, enveloppez-moi dans la retombée de votre manteau durant ce court moment, après lequel, sûr d’avoir passé la porte je me dégagerai soudain, pour vous faire entendre mon rire, le rire de l’enfant, qui rit, qui rit, parce que, par les soins de sa Mère, il a tout réussi.

TROISIEME DIMANCHE DE L’AVENT 2023

Béthanie, au-delà du Jourdain…
Un lieu qui n’est pas encore vraiment identifié.
Toujours ces imprécisions, qui nous entretiennent dans un certain mystère et que désire Dieu…
Mais qui signifie que l’œuvre de Dieu dépasse les cadres.
Et qui signifie aussi que Dieu, si clair, si limpide, aime passer par des causes imparfaites, fragiles, qui comportent elles-mêmes un certain mystère, une certaine opacité.
Dieu qui habite les cœurs, veut se donner tout entier dans des événements qui sont limités, par les personnes pauvres et pécheresses.
Dans une histoire qui contient tellement d’obscurité pour notre raison.
Dieu veut passer par l’Église.
Il veut prendre le chemin des voix du désert.
Il n’y a rien à voir, il y a si peu à entendre, il y a tellement à deviner… Et c’est ici que la grâce de Dieu opère en profondeur.
Dieu pourrait tellement faire tout seul… avec des manifestations tellement plus lumineuses et précises.
Mais il veut Marie
Il veut Joseph
Il veut Jean baptiste Il voudra les apôtres Pierre et les autres. Il veut l’Église
Il nous veut, nous, là, personnellement.
Pour nous aimer.
Et pour que nous l’aimions d’un pauvre amour. Et même d’un amour boiteux.
Pourquoi ?
Parce que Dieu a inscrit dans la Création que tout est signe de sa présence.
Et les signes les plus directs, ceux qui sont l’autoroute de la grâce, ce sont les signes pauvres. Des signes qui sont tellement des signes pauvres qu’on ne les voit même plus comme des signes.
Avec, par excellence, les signes spéciaux de l’Église :
Les hommes.
Et les sacrements.
Ce sont les signes qui sont les plus sûrs, avec le moins d’illusion.

Imaginez-vous que vous sortiez d’une grande ville.
Vous êtes dans les labyrinthes de la banlieue.
Si vous n’avez pas de GPS, ou si vous n’avez pas de boussole, vous ne vous en sortirez jamais si vous ne suivez pas les panneaux.
Ou si vous ne demandez pas votre chemin à quelqu’un.
Je me rappelle m’être perdu comme cela dans la banlieue du Caire, ville gigantesque entre toute, où il fallait faire autant attention aux chèvres qui traversaient qu’aux camions qui roulaient à contre sens.
Je voulais me diriger vers le désert.
Les panneaux en arabe ne m’inspiraient rien.
Et j’ai donc demandé mon chemin aux piétons qui se trouvaient sur le bas côté.
Ils me répondaient tous d’un air rassurant :
 » dar el Salaam » ? tout droit. »
À force d’aller tout droit, il a bien fallu que l’on revienne sur nos pas.
C’est à force de demander que l’on trouve, je dirais presque de gré ou de force. Et bien, dans la vie de foi, c’est ainsi que la grâce nous est donnée. Tout droit… ! Et il faut aller jusqu’au bout…
Et il est facile de distinguer deux vitesses de religion. Deux itinéraires. En fait deux familles de vie intérieure.
Le premier itinéraire, c’est le chemin des piétons.
Je l’appellerais aussi «la famille utile»
C’est le chemin où l’on trouve son compte.
Cela peut-être très subtil, c’est aussi le chemin où se réfugient les indécis et les menteurs.
Ceux qui cueillent les vérités de l’Eglise pour leur avantage.
Qui font les gestes de la religion pour être reconnus, respectés, honorés.
Qui suivent la morale de la religion pour avoir bonne conscience.
Ou qui vivent la foi et ses mystères pour être mis au moins sur un piédestal.
Oui, Dieu fait couler sa grâce, mais à petits filets, avec patience. Il attend.
Il rectifie avec des petites touches pour inviter l’âme à l’abandon.
Très vite cette religion peut devenir pharisienne ou persécutrice pour se protéger.
Et puis il y a une religion des cavaliers. Autre famille dont le désir n’est pas sur soi et ses intérêts mais orienté vers l’autre (l’Autre)
Désir d’union avec Dieu.
C’est la religion du tout amour pour l’amour.
La religion du sacrifice.
La religion de la foi obscure.
Et cette religion c’est l’adhésion à la présence de Dieu dans tous ces signes. Mais… En pauvre.
En petits pas et en désert, en marche de famine.

En marche de famine et en vitesse de cavaliers.
Il existe un signe qui fait le partage entre les piétons et les cavaliers.. C’est que les cavaliers reçoivent de l’Église la sève de leur vie spirituelle. Et ils boivent à grands traits de l’eau vive.
Ils sont inutiles et le savent.
Mais ils réjouissent le cœur de Dieu.
Et c’est tout.
Et Jean Baptiste c’est un cavalier monté à cru. Rien pour lui.
Tout pour son Seigneur.
Qu’est ce qui change entre les deux familles spirituelles ?
Rien ! puisqu’elles font les mêmes choses et qu’elles sont fatiguées toutes les deux, qu’elles ont à peu près les mêmes réussites et les mêmes échecs.
Mais dans la première on râle, on donne des conseils quand même, on vit entre excitation et d’apathie. On protège… enfin on essaie de protéger son espace. Dans la seconde, discrètement, il y a une écoute.
Il y a ouverture d’esprit.
Et surtout le signe habituellement…. C’est que les petits chacals ne sont pas loin. Souvent, les œuvres sont confisquées, et le silence recouvre la nature environnante.
C’est là que la comparaison avec la formule 1 n’est pas ajustée…
Bref, il y a une onction et une harmonie, même dans la douleur.
C’est la famille de l’audace et du désir qui s’oublie et qui seul comble.
Le retour sur soi est l’ennemi.
Règne du non-savoir, de la nuit, de la perte de soi et du troupeau ;
d’où émane les délices de l’amour.
Mais cette famille n’a pas de fondations humaines, de chair et de sang, comme dit saint Jean.
Pour vivre de joie parfaite, il faut permettre à la grâce divine de pénétrer les notre cœur dans ses angoisses et jusqu’aux racines de notre jugement pour que Dieu les purifie et les apaise de sa tendresse.
Jésus n’est pas né et n’est pas mort pour de la demie mesure.